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La femme de chambre le regardait stupidement, le prenant à témoin d'un événement qui lui paraissait inconcevable. Kallenberg fit trois pas vers le lit, contempla le visage d'Irène qui avait la couleur de la cire, lui posa la main sur le front. En bas, le téléphone sonna. Alain dut décrocher car le bruit se tut presque instantanément. Jeanine éclata en sanglots, se leva et sortit de la pièce. Elle croisa Alain qui montait l'escalier…

« J'ai eu le docteur… Il va arriver…

— Trop tard… c'est trop tard… »

Les larmes l'étouffèrent. Une heure plus tard, le docteur Salbacos faisait son entrée dans le salon.

« Où est-elle? »

Jeanine sanglotait toujours, soutenue par deux cuisinières et un majordome. Elle secoua la tête d'un air égaré, ne put pas dire ce qu'elle voulait dire mais s'engagea dans l'escalier et lui ouvrit la marche. Salbacos comprit qu'il n'aurait aucune intervention à faire. Sans même serrer la main de Kallenberg, il se pencha sur le corps d'Irène, lui souleva une paupière, tâta son pouls et renonça à coller son oreille contre sa poitrine : tout ce qu'il pouvait dire, à vue de nez, c'est que cette femme était morte depuis deux heures au moins.

« Comment est-ce arrivé? »

Barbe-Bleue désigna simplement la boîte de pilules vide. « Barbituriques? » demanda Salbacos.

Barbe-Bleue hocha la tête affirmativement.

« Il y en avait beaucoup dans la boîte?

— Elle en prenait à longueur de journée.

— Vous n'avez pas essayé de la faire vomir?

— Vous savez… Cela s'est passé si vite… Pourquoi s'est-elle suicidée?… Pourquoi?…

— Monsieur Kallenberg… Vous voyez ces traces, là, sur le visage? Ce sont des traces de coups. Qui a trouvé Mme Kallenberg inanimée?

— Jeanine, sa femme de chambre.

— Votre épouse a-t-elle eu une altercation avant sa mort? Avec quiconque? »

Kallenberg eut l'air sidéré :

« Vous voulez parler des gifles? Mais c'est moi! D'ailleurs, Jeanine et Alain vous le diront… J'ai essayé de la ranimer… »

Jeanine et Alain hochèrent la tête avec vigueur. Alain précisa :

« Dès l'instant où Jeanine a trouvé madame, monsieur a fait l'impossible pour la ranimer.

— C'est vrai, approuva Jeanine. Tout!

— Puis-je téléphoner, monsieur Kallenberg?

— Alain, conduisez le docteur dans le salon. »

Pendant que Salbacos faisait son appel, un hélicoptère atterrit non loin de la maison. Par la fenêtre dont il écarta un coin de rideau, Barbe-Bleue vit avec soulagement qu'il s'agissait du professeur Kiralles. Kiralles était l'un de ses plus vieux amis; il avait même participé au financement de sa clinique.

« Cher ami!… Il paraît que j'arrive trop tard!

— Hélas!… »

A son tour, Kiralles examina Irène superficiellement, vit les traces mais ne fit aucun commentaire. Il prit entre les doigts la boîte vide de pilules et eut une expression navrée :

« Pauvre Irène… Elle n'a pas dû pouvoir surmonter sa dépression.

— Elle était dans tous ses états. Nos enfants venaient de repartir pour Londres.

— Professeur… salua le docteur Salbacos qui venait d'entrer dans la pièce.

— Comme c'est triste!… » répondit Kiralles en jetant un coup d'œil dans la direction d'Irène. Et à Kallenberg :

« Mon pauvre ami… Comme je vous plains… Malheureusement, chacun de nous est impuissant devant le suicide. »

Salbacos leva un sourcil.

« Professeur, avez-vous vu les traces de coups sur le visage de Mme Kallenberg?

— Je vous ai déjà dit que je l'avais giflée pour la ranimer!… intervint Barbe-Bleue… Mes domestiques vous l'ont dit aussi!…

— Cher confrère, lança Kiralles avec une certaine ironie, les barbituriques pardonnent moins qu'une paire de claques. Si vous voulez bien me suivre, nous allons rédiger le certificat de décès et signer le permis d'inhumer.

— Très bien, professeur. Je vous suis. »

« Pourquoi ne m'épouses-tu pas?

— On dirait que j'en veux à ton argent.

— Quel argent? Pour m'empêcher de vivre avec toi, papa m'a coupé les vivres!

— Oui mais, tu hériteras un jour. Les gens sont dégueulasses, tu sais…

— On s'en fout des gens! On vit pour nous, non?

— Je suis trop vieux pour toi.

— Arrête ton cinéma Raph! J'ai encore trouvé deux lettres de minettes amoureuses au courrier de ce matin!

— Au courrier?

— Enfin, dans tes poches…

— Pourquoi fouilles-tu dans mes poches?

— Tu m'avais demandé ton briquet…

— Bien fait pour moi. La prochaine fois, je me carrerai une boîte d'allumettes dans le nombril.

— Raph…

— Oui, Maria…

— Pourquoi n'essaies-tu pas… avec mon père?

— Il me dirait que tu pourrais être ma fille!

— Et alors? Toutes les femmes qu'il a eues lui-même auraient pu être ses filles! Même maman!

— C'est différent. Il était riche, lui! Moi, pas.

— Raph, je t'en prie, tente notre chance, demande-lui ma main!

— Pour quoi faire? On n'est pas bien comme ça? On s'est passé de son autorisation jusqu'ici!

— Je voudrais faire ma vie avec toi, Raph…

— C'est précisément ce que tu fais!

— Pas comme ça, non!… Officiellement!

— Tu t'imagines que notre liaison n'est pas « officiellement » connue de tout le monde?

— Je voudrais un enfant de toi, Raph…

— Mais tout de suite, madame! Déshabillez-vous!

— Non, Raph, c'est très sérieux! »

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