Je ne veux pas quitter Paris sans t’avoir donn'e signe de vie. Paris m’a fait quelque bien… Il m’a momentan'ement distrait et 'etourdi. Et puis ce qui m’a fait aussi beaucoup de bien, c’est la cessation de Nice. Je m’en veux de l’antipathie, de la rancune que j’ai gard'ees `a cette pauvre localit'e, si brillante d’ailleurs — et qui, je le sens, h'elas, autrefois et dans d’autres conditions, m’aurait souri `a moi, comme `a tant d’autres… mais les longues heures de t^ete-`a-t^ete que j’ai pass'ees, et dont Dieu seul conna^it toute l’amertume, je l’ai si bien satur'ee de moi-m^eme que je l’ai comme empoisonn'ee. — L’Italie a jou'e un singulier r^ole dans ma vie… Deux fois elle est venue `a moi comme une vision fun`ebre, au lendemain des deux plus grandes douleurs qu’il m’ait 'et'e donn'e d’'eprouver…* Il y a des pays o`u l’on porte le deuil en couleurs 'eclatantes. Il para^it que je suis de ces pays-l`a… Mais laissons cela, sortons de mon triste moi, car je sens qu’il me rend odieux… Dans cette m^eme Nice, pourtant, si antipathique, de combien d’affections n’ai-je pas 'et'e entour'e…
C’est donc d'ecid'ement le 22 du mois prochain que vous aussi, vous quittez Nice. La certitude de cette date me soulage… Combien Marseille, Lyon, toutes ces villes par o`u vous repasserez vous para^itront belles, combien l’entrevue m^eme vous para^itra int'eressante. — Eh bien, ici, `a Paris, je ne sais pourquoi on n’a pas ce sentiment de s'eparation, d’'eloignement, d’expatriation, que j’'eprouvais `a Nice… Il est vrai qu’`a Paris le
J’ai vu ici beaucoup de monde, entr’autres des personnes attach'ees `a la Cour d’ici, les
T. T.
Париж. Среда. 29 марта 1865