Читаем Catherine Il suffit d'un amour Tome 1 полностью

Et puis, un jour de l'automne 1414, un colporteur passa. Il venait du Nord et s'était arrêté un moment chez Mathieu pour vendre des aiguilles aux femmes. Il s'était assis pour se rafraîchir et il avait raconté comment Caboche et quelques-uns des siens s'étaient réfugiés à Bapaume. Malheureusement pour eux, la ville avait été assiégée peu après par les Armagnacs. Tombé aux mains de ses ennemis, Simon l'Écorcheur avait été pendu haut et court avec ses lieutenants. Le colporteur n'avait pas compris pourquoi à la fin de ce tragique récit une grande fille blonde et pâle qui l'écoutait avec avidité s'était mise à rire... oh ! mais à rire comme jamais il n'avait entendu rire personne !

De ce jour, Loyse avait changé. Elle avait accepté de se vêtir convenablement, encore que tout de noir, comme une veuve, et si elle avait continué à porter son cilice, elle n'avait plus parlé d'entrer en réclusoir. Le vendredi suivant, elle avait jeûné toute la journée puis elle s'en était allée seule à Notre-Dame où elle avait longuement prié devant la Vierge Noire avant de demander à un prêtre de l'entendre en confession. Puis elle avait repris une vie normale, à cela près que cette vie n'était guère qu'une longue suite de pénitences et de macérations.

— Elle entrera en quelque moutier bientôt, disait Sara en hochant la tête. Elle reprendra son ancienne idée.

Mais non, Loyse ne souhaitait plus entrer au couvent parce qu'elle avait perdu la virginité qu'elle voulait offrir au Seigneur. Elle avait retrouvé le chemin de l'Église mais ne se jugeait plus digne de vivre auprès des filles vouées tout à Dieu. Seulement, ce mépris d'elle-même, Loyse l'avait étendu à toute l'humanité et, dans le voisinage, on admirait autant sa vertu et sa piété austère que l'on redoutait son caractère revêche.

Tandis que Loyse achevait ses oraisons et que Catherine bayait un peu aux corneilles, le regard distrait de la jeune fille accrocha soudain une longue forme masculine placée non loin d'elle, sur le même banc et qui, debout, bras croisés sur la poitrine, semblait prier avec quelque hauteur. La tête très droite, les yeux fixés à l'autel étincelant, l'homme donnait l'impression de parler d'égal à égal avec Dieu. Aucune humilité dans son attitude mais plutôt une nuance de défi. Catherine s'étonna de le voir là, à cette heure matinale d'un jour de semaine.

Messire Garin de Brazey, grand argentier de Bourgogne, gardien des joyaux de la couronne ducale et portant, de plus, le titre d'écuyer de Monseigneur Philippe, titre purement honorifique mais qui anoblissait ce grand bourgeois, était l'un des hommes les plus riches de Dijon et, comme tel, ne fréquentait l'église que le dimanche et aux jours de fêtes, et toujours avec une certaine pompe.

Catherine le connaissait de vue, pour l'avoir croisé plusieurs fois dans les rues ou pour l'avoir aperçu clans la boutique de l'oncle Mathieu quand il venait choisir des étoffes. C'était un homme d'une quarantaine d'années, grand, mince, mais solidement bâti. Son visage, nettement dessiné, avait le profil d'une médaille antique et eût été beau sans le déplaisant pli d'ironie qui relevait d'un côté les lèvres à peine tracées. La bouche barrait la figure glabre, bien rasée, comme un coup de sabre. Le grand chaperon de velours noir, piqué d'un magnifique bijou d'or représentant saint Georges et dont un pan s'enroulait autour du cou, cachait les cheveux et faisait une ombre noire sur ce visage pâle. Il trouvait un contrepoint sinistre dans le bandeau masquant l'œil gauche de messire Garin. Un œil qui n'avait pas servi longtemps car le gardien des joyaux l'avait perdu à seize ans, à la bataille de Nicopolis, au cours de la folle croisade contre les Turcs où il avait accompagné Jean- sans-Peur, alors comte de Nevers.

Le jeune écuyer avait été captif avec son seigneur et de là était partis sa fortune et son anoblissement, pour le dévouement donné à ce moment pénible.

Pour les femmes de Dijon, Garin de Brazey était une énigme car il restait obstinément célibataire, n'en regardait jamais aucune malgré les avances nombreuses que l'on ne lui ménageait pas. Riche, point laid, bien en cour et passant pour spirituel, il n'était guère de famille bourgeoise ou de petite noblesse qui ne l'eussent accueilli bien volontiers. Mais il ne semblait rien voir des sourires prodigués, vivait seul dans son magnifique hôtel du bourg, au milieu de nombreux domestiques et de précieuses collections.

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