Читаем Dragons d'une aube de printemps полностью

Soudain, Bakaris comprit. Le plan de Kitiara commença à lui apparaître.

— Ainsi, on va m’échanger contre Tanis, dit-il en regardant Laurana avec attention.

Elle ne broncha pas. Il aurait aussi bien pu parler de quelqu’un d’autre que de l’homme dont Kitiara le disait amoureuse. Il récidiva pour éprouver sa théorie.

— Tanis n’est pas vraiment prisonnier, à moins que ce soit de l’amour. Kitiara a dû s’en lasser. Le pauvre ! Il me manquera. Lui et moi, nous avons beaucoup en commun…

La réaction ne tarda pas. Il vit les mâchoires de Laurana se serrer et ses épaules trembler sous sa cape. Elle se tourna et sortit de la cellule. Il avait touché juste. Il se servirait de cette information pour prendre sa revanche. Poussé par le nain, il franchit le seuil de la cellule.

Le soleil n’était pas encore levé mais une lueur annonçait l’aube. La ville était encore plongée dans un profond sommeil. Les sentinelles bâillaient ou ronflaient. Les quatre silhouettes encapuchonnées arrivèrent sans encombre devant une petite porte, sur le chemin de ronde.

— Elle mène à un escalier de ce côté du mur, et on descendra de l’autre côté par un second escalier, dit Tass, fouillant dans ses poches à la recherche de son passe-partout.

— Comment le sais-tu ? murmura Flint, nerveux.

— Je suis venu à Kalaman quand j’étais petit, avec mes parents. Nous passions par ici, répondit-il en glissant un fil de fer dans la serrure.

— Pourquoi pas par la porte principale, ç’aurait été trop simple ? maugréa Flint.

— Dépêchez-vous ! ordonna Laurana, qui s’impatientait.

— Nous aurions pu emprunter la porte principale, répondit Tass en introduisant le fil de fer dans le trou. Ah ! voilà, fit-il, le remettant soigneusement dans sa poche. Où en étais-je ? s’exclama-t-il en ouvrant la porte. Oui, nous aurions pu passer par la grande entrée, mais les kenders n’étaient pas admis dans la ville.

— Ça n’a pas empêché tes parents d’y venir ! grogna Flint en le suivant dans l’escalier.

Le nain gardait l’œil sur Bakaris, qui, lui semblait-il, se conduisait un peu trop bien. Laurana était fermée comme une huître, n’ouvrant la bouche que pour donner des ordres.

— Oui, bien sûr, babillait Tass avec entrain. Ils ont toujours considéré que cette interdiction de séjour était une erreur. Pourquoi devrions-nous être sur la même liste que les gobelins ? Quelqu’un a dû inscrire les kenders par accident. Mais mes parents pensaient qu’il n’était pas poli de discutailler, alors nous entrâmes par la petite porte… Voilà, nous y sommes ! Normalement, ce n’est pas verrouillé. Attention, il y a un garde. Attendons qu’il soit passé.

En bas de l’escalier, ils se retrouvèrent de l’autre côté des remparts.

Il n’y avait personne. Pas le moindre signe de vie. Flint sentit une vague appréhension le gagner. Et si Kitiara disait la vérité ? Si Tanis était vraiment avec elle ? Et s’il était mourant ?

Il s’efforça de penser à autre chose, puis se prit à souhaiter que ce rendez-vous soit un piège ! Mais il fut tiré de ses sombres pensées par une voix qui semblait si proche qu’il en fut terrorisé.

— C’est toi, Bakaris ?

— C’est moi. Content de te revoir, Gakhan.

Tremblant, Flint se tourna vers le mur, d’où émergea une lourde silhouette enveloppée de bandages et couverte d’une cape. Il se souvint de la description que Tass avait faite du draconien.

— Ont-ils d’autres armes que cette hache de guerre ? demanda Gakhan.

— Non, répondit sèchement Laurana.

— Fouille-les, ordonna le draconien.

— Tu as ma parole d’honneur, s’écria Laurana. Je suis princesse du Qualinesti…

Bakaris s’avança vers elle.

— Les elfes ont leur propre code de l’honneur, ricana-t-il, du moins c’est ce que tu m’as dit la nuit où tu m’as décoché cette maudite flèche.

Laurana rougit mais ne répondit rien.

Bakaris leva son bras droit à l’aide de sa main gauche, et le laissa retomber.

— Tu as ruiné ma carrière et détruit ma vie.

— J’ai dit que je n’ai pas d’armes.

— Tu peux me fouiller, si tu veux, fit Tass, s’interposant entre Bakaris et Laurana. Voilà !

Il vida le contenu de ses poches aux pieds de l’officier.

— Saleté ! fit Bakaris en lui donnant une gifle.

— Flint ! cria Laurana pour retenir le nain, rouge de colère.

— Je suis désolé, vraiment ! dit Tass en ramassant ses objets.

— Si vous traînez encore, il sera inutile d’appeler les gardes. Ils pourront nous voir au grand jour.

— La femme elfe a raison, Bakaris, dit Gakhan. Prends la hache de guerre et filons d’ici.

Bakaris jeta un coup d’œil haineux à Laurana puis arracha la hache des mains de Flint.

— À quoi bon ? Le vieux est incapable de faire quoi que ce soit, de toute façon…, murmura-t-il.

— Avance, ordonna Gakhan à Laurana. Nous allons jusqu’à ce bouquet d’arbres. Reste à couvert et n’essaye pas d’alerter les gardes. Je suis magicien, et mes sorts sont mortels. La Reine des Ténèbres m’a recommandé de te ramener saine et sauve, « général ». Je n’ai pas reçu d’instructions concernant tes amis.

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