Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome II полностью

Le laquais qui avait amené Gilbert attendait sa sortie. Il le conduisit dans une petite salle à manger attenante à l’antichambre où il avait été introduit. Zamore était à table.

Gilbert alla s’asseoir près de lui, mais on ne put le forcer à manger.

Trois heures sonnèrent; madame du Barry partit pour Paris. Chon, qui devait la rejoindre plus tard, donna ses instructions pour qu’on apprivoisât son ours. Force entremets sucrés s’il faisait bon visage; force menaces, suivies d’une heure de cachot, s’il continuait de se rebeller.

À quatre heures, on apporta dans la chambre de Gilbert le costume complet du médecin malgré lui: bonnet pointu, perruque, justaucorps noir, robe de même couleur. On y avait joint la collerette, la baguette et le gros livre.

Le laquais, porteur de toute cette défroque, lui montra l’un après l’autre chacun de ces objets; Gilbert ne témoigna aucune intention de résister.

M, Grange entra derrière le laquais, et lui apprit comment on devait mettre les différentes pièces du costume; Gilbert écouta patiemment toute la démonstration de M. Grange.

– Je croyais, dit seulement Gilbert, que les médecins portaient autrefois une écritoire et un petit rouleau de papier.

– Ma foi! il a raison, dit M. Grange; cherchez-lui une longue écritoire, qu’il se pendra à la ceinture.

– Avec plume et papier, cria Gilbert. Je tiens à ce que le costume soit complet.

Le laquais s’élança pour exécuter l’ordre donné. Il était chargé en même temps de prévenir mademoiselle Chon de l’étonnante bonne volonté de Gilbert.

Mademoiselle Chon fut si ravie, qu’elle donna au messager une petite bourse contenant huit écus, et destinée à être attachée avec l’encrier à la ceinture de ce médecin modèle.

– Merci, dit Gilbert, à qui l’on apporta le tout. Maintenant, veut-on me laisser seul, afin que je m’habille?

– Alors, dépêchez-vous, dit M. Grange, afin que mademoiselle puisse vous voir avant son départ pour Paris.

– Une demi-heure, dit Gilbert, je ne demande qu’une demi-heure.

– Trois quarts d’heure, s’il le faut, monsieur le docteur, dit l’intendant en fermant la porte de Gilbert aussi soigneusement que si c’eût été celle de sa caisse.

Gilbert s’approcha de cette porte sur la pointe du pied, écouta pour s’assurer que les pas s’éloignaient, puis il se glissa jusqu’à la fenêtre, qui donnait sur des terrasses situées à dix-huit pieds au-dessous. Ces terrasses, couvertes d’un sable fin, étaient bordées de grands arbres dont les feuillages venaient ombrager les balcons.

Gilbert déchira sa longue robe en trois morceaux qu’il attacha bout à bout, déposa sur la table le chapeau, près du chapeau la bourse, et écrivit:

«Madame,

«Le premier des biens est la liberté. Le plus saint des devoirs de l’homme est de la conserver. Vous me violentez, je m’affranchis.

«Gilbert.»

Gilbert plia la lettre, la mit à l’adresse de mademoiselle Chon, attacha ses douze pieds de serge aux barreaux de la fenêtre, entre lesquels il glissa comme une couleuvre, sauta sur la terrasse, au risque de sa vie, quand il fut au bout de la corde, et alors, quoiqu’un peu étourdi du saut qu’il venait de faire, il courut aux arbres, se cramponna aux branches, glissa sous le feuillage comme un écureuil, arriva au sol, et à toutes jambes disparut dans la direction des bois de Ville-d’Avray.

Lorsqu’au bout d’une demi-heure on revint pour le chercher, il était déjà loin de toute atteinte.

<p id="_Toc103004985">Chapitre XLII Le vieillard</p>

Gilbert n’avait pas voulu prendre les routes de peur d’être poursuivi; il avait gagné, de bois en bois, une espèce de forêt dans laquelle il s’arrêta enfin. Il avait dû faire une lieue et demie à peu près en trois quarts d’heure.

Le fugitif regarda tout autour de lui: il était bien seul. Cette solitude le rassura. Il essaya de se rapprocher de la route qui devait, d’après son calcul, conduire à Paris.

Mais des chevaux qu’il aperçut sortant du village de Roquencourt, menés par des livrées orange, l’effrayèrent tellement, qu’il fut guéri de la tentation d’affronter les grandes routes et se rejeta dans les bois.

– Demeurons à l’ombre de ces châtaigniers, se dit Gilbert; si l’on me cherche quelque part, ce sera sur le grand chemin. Ce soir, d’arbre en arbre, de carrefour en carrefour, je me faufilerai vers Paris. On dit que Paris est grand; je suis petit, on m’y perdra.

L’idée lui parut d’autant meilleure que le temps était beau, le bois ombreux, le sol moussu. Les rayons d’un soleil âpre et intermittent qui commençait à disparaître derrière les coteaux de Marly avaient séché les herbes et tiré de la terre ces doux parfums printaniers qui participent à la fois de la fleur et de la plante.

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