Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

«Madame, avait-il écrit, un homme sans espoir et sans soutien s’éloigne de vous avec le regret d’avoir si peu fait pour Votre Majesté future. Cet homme s’en va dans les tempêtes et les orages de la mer, tandis que vous restez dans les périls et les tourments du gouvernement. Jeune, belle, adorée, entourée d’amis respectueux et de serviteurs idolâtres, vous oublierez celui que votre royale main avait daigné soulever au-dessus de la foule; moi je ne vous oublierai jamais; moi, je vais aller dans un nouveau monde étudier les moyens de vous servir plus efficacement sur votre trône. Je vous lègue ma sœur, pauvre fleur abandonnée, qui n’aura plus d’autre soleil que votre regard. Daignez parfois l’abaisser jusqu’à elle, et, au sein de votre joie, de votre toute-puissance, dans le concert des vœux unanimes, comptez, je vous en conjure, la bénédiction d’un exilé que vous n’entendrez pas, et qui, peut être, ne vous verra plus.»

À la fin de cette lecture, le cœur de Philippe se serra: le bruit mélancolique du vaisseau gémissant, l’éclat des vagues qui venaient se briser en jaillissant contre le hublot, composaient un ensemble qui eût attristé des imaginations plus riantes.

La nuit se passa longue et douloureuse pour le jeune homme. Une visite que lui rendit au matin le capitaine ne le remit pas dans une situation d’esprit plus satisfaisante. Cet officier lui déclara que la plupart des passagers craignaient la mer et demeuraient dans leur chambre, que la traversée promettait d’être courte mais pénible, à cause de la violence du vent.

Philippe prit dès lors l’habitude de dîner avec le capitaine, de se faire servir à déjeuner dans sa chambre, et, ne se sentant pas lui-même très endurci contre les incommodités de la mer, il prit l’habitude de passer quelques heures sur le tillac, couché dans son grand manteau d’officier. Le reste du temps, il l’employait à se faire un plan de conduite pour l’avenir et à soutenir son esprit par de solides lectures. Quelquefois il rencontrait les passagers ses compagnons. C’étaient deux dames qui allaient recueillir un héritage dans le nord de l’Amérique, et quatre hommes, dont l’un, déjà vieux, avait deux fils avec lui. Tels étaient les passagers des premières chambres. De l’autre côté, Philippe aperçut une fois quelques hommes de tournure et de mise plus communes; il ne trouva rien là qui occupât son attention.

À mesure que l’habitude diminuait les souffrances, Philippe reprenait de la sérénité comme le ciel. Quelques beaux jours, purs et exempts d’orages, annoncèrent aux passagers l’approche des latitudes tempérées. Alors on demeura plus longtemps sur le pont; alors, même pendant la nuit, Philippe, qui s’était fait une loi de ne communiquer avec personne, et qui avait caché, même au capitaine, son nom, pour n’avoir de conversation sur aucun sujet qu’il redoutait d’aborder, Philippe entendait, de sa chambre, des pas au-dessus de sa tête; il entendait même la voix du capitaine se promenant sans doute avec quelque passager. C’était une raison pour lui de ne pas monter. Il ouvrait alors son hublot pour aspirer un peu de fraîcheur, et attendait le lendemain.

Une seule fois, la nuit, n’entendant ni colloques ni promenades, il monta sur le pont. La nuit était tiède, le ciel couvert, et derrière le vaisseau, dans le sillage, on voyait sourdre, du milieu des tourbillons, des milliers de grains phosphorescents. Cette nuit avait paru, sans doute, trop noire et trop orageuse aux passagers, car Philippe n’en vit aucun sur la dunette. Seulement, à l’avant, sur la proue, penché sur le mât de beaupré, dormait ou rêvait une figure noire, que Philippe distingua péniblement dans l’ombre, quelque passager de la seconde chambre, sans doute, quelque pauvre exilé qui regardait en avant, désirant le port de l’Amérique, tandis que Philippe regrettait le port de France.

Philippe regarda longtemps ce voyageur immobile dans sa contemplation; puis le froid du matin le saisit; il se préparait à rentrer dans sa cabine… Cependant, le passager de l’avant observait aussi le ciel qui commençait à blanchir. Philippe entendit le capitaine s’approcher, il se retourna.

– Vous prenez le frais, capitaine? dit-il.

– Monsieur, je me lève.

– Vous avez été devancé par vos passagers, comme vous voyez.

– Par vous; mais les officiers sont matineux comme les marins.

– Oh! non seulement par moi…, dit Philippe. Voyez, là-bas, cet homme qui rêve si profondément; c’est un de vos passagers aussi, n’est-ce pas?

Le capitaine regarda et parut surpris.

– Qui est cet homme? demanda Philippe.

– Un… marchand, dit le capitaine avec embarras.

– Qui court après la fortune? murmura Philippe. Ce brick va trop lentement pour lui.

Le capitaine, au lieu de répondre, alla tout à l’avant trouver ce passager, auquel il dit quelques mots, et Philippe le vit disparaître dans l’entrepont.

– Vous avez troublé son rêve, dit Philippe au capitaine quand ce dernier l’eut rejoint; il ne me gênait pas, pourtant.

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