Читаем La dame de Montsalvy полностью

Il ne fut que très peu de temps absent et revint accompagné de deux femmes en robes noires et cornettes blanches qui portaient un brancard.

1 Il n'a pas changé.

Toujours empaquetée dans son froc de moine, toujours gémissante et secouée de spasmes convulsifs, Catherine y fut couchée mais quand Gauthier et Bérenger voulurent s'atteler aux mancherons de la civière, la plus grande des deux femmes s'y opposa.

— C'est à nous de nous occuper d'elle, dit-elle calmement. Nous vous ferons savoir de ses nouvelles.

— Dieu bénisse votre charité, dame Béatrice, dit le père Cyprien, et veuille que vous n'ayez pas sujet de la regretter.

— Nous sommes pauvres et gagnons notre pain comme le plus humble manœuvrier de la ville. Qui donc pourrait nous vouloir du mal

? Aucun des ennemis de cette pauvre femme, en admettant qu'on la sache chez nous, n'oserait franchir notre seuil avec des intentions malveillantes. Je vous souhaite une bonne nuit, mes frères !

Le vantail de bois se referma. Pour la première fois depuis des mois, Gauthier et Bérenger se trouvaient séparés de Catherine et en éprouvaient une souffrance. Un moment ils restèrent là, plantés devant cette porte qu'il leur était interdit de franchir, les yeux lourds de larmes.

— Si elle allait mourir... balbutia le page. Si nous ne devions plus la revoir jamais ?...

Saint-Rémy eut un petit rire qui sonna faux mais passa affectueusement son bras autour des épaules du jeune garçon.

— Ce que j'aime chez vous c'est votre optimisme ! Vous êtes tous comme ça en Auvergne ? Il est vrai que l'admirable Arnaud de Montsalvy qui est auvergnat lui aussi ne saurait prétendre au titre de roi des joyeux lurons !

— Vous connaissez messire Arnaud ?

— J'ai cet honneur pour l'avoir vu combattre deux fois : une fois à Azincourt et une autre fois à Arras en champ clos ! Un rude jouteur, un grand guerrier... et le plus abominable caractère que je connaisse !

— Qu'il crève ! gronda Gauthier entre ses dents.

Si dame Catherine en est réduite à risquer sa vie presque chaque jour c'est bien à lui et à lui seul qu'elle le doit...

Puis, pour passer sa colère, il se remit à tirer furieusement sur les avirons pour regagner le couvent des Augustins.

Catherine n'avait rien vu, rien entendu de tout ce qui s'était passé depuis qu'on l'avait tirée de l'eau. Le peu de conscience qui lui était revenue s'était vite engloutie dans la mer de souffrance qui avec une incroyable brutalité prenait possession de son corps.

La chute avait endolori tous ses muscles et chacune des contractions que le processus de délivrance lui imposait la tordait comme sur un grill chauffé au rouge. Son ventre déchiré n'était qu'une douleur aiguë irradiée à l'infini.

Qu'on la transportât, qu'on la déshabillât, qu'on la nettoyât du sang qui la maculait, qu'on l'installât dans un lit ne changeait rien à sa torture. Elle n'entendait plus, elle ne pensait plus, elle ne raisonnait plus. Elle n'était qu'une masse de souffrance, un animal écartelé. Ce qu'elle endurait était si cruel que le bourreau avec sa hache lui fût peut-être apparu comme l'ange de la délivrance.

Parfois, à travers les larmes qui brouillaient sa vue, elle percevait une forme noire et blanche qui passait et repassait, s'arrêtait parfois aussi. Elle sentait alors quelque chose de frais qui, sur son visage, remplaçait un instant la brûlure des larmes, ainsi qu'une senteur d'herbe par-dessus l'odeur fade du sang. De temps à autre quand la douleur un moment faisait trêve, elle plongeait dans un sommeil de bête harassée.

Mais la rémission était courte et, après quelques secondes, lui semblait-il, le bon sommeil disparaissait chassé par les crocs du fauve qui rongeait ses entrailles.

Cela dura des heures, des heures d'enfer dont la malheureuse pensait, ne jamais voir la fin. Au fond de son esprit exténué une seule pensée parvenait encore à percer : elle était morte et, à cause de son sacrilège, elle était condamnée aux éternels tourments. N'aperçut-elle pas, surgissant des ténèbres, un démon barbu dont les yeux de feu s'abritaient sous des broussailles noires et qui lui tendait le poing ?...

De toutes ses forces elle voulut le repousser, l'empêcher d'ajouter encore à son supplice mais ses bras furent soudain paralysés tandis qu'une voix grave grondait.

— Il faut en finir. Elle doit boire cela sinon nous n'arriverons jamais à la délivrer et elle risque de trépasser dans l'heure.

Les démons - ils étaient au moins trois à présent, - se rapprochèrent. L'un lui serra les bras, l'autre lui pinça le nez et le troisième très certainement voulut lui enfoncer dans le gosier une poire d'angoisse pour faire cesser ses cris désespérés... Mais il n'y eut pas de bâillon, pas de poire cruelle... rien qu'un liquide doux-amer qui coula jusqu'au fond de sa gorge. Et puis il n'y eut plus rien, rien qu'une énorme vague noire qui l'emporta au fond du néant...

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