Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Qu'avez-vous besoin de la Garde ? protesta Gauthier indigné.

Ne sommes-nous donc plus capables de vous faire respecter ?

— Normalement, oui, encore que les dimensions de cet homme aient de quoi donner à réfléchir. Mais pour ce que je veux faire, quelques hommes d'armes seront plus convaincants.

— Et que veux-tu donc faire ? demanda Loyse inquiète.

— Voir notre oncle, de gré ou de force et, sur la mémoire de notre mère, je te jure que je ne quitterai pas cette maison sans y être parvenue !...

L'intérieur de la boutique était sombre et, en arrivant du dehors, Catherine, tout d'abord, ne vit rien mais retrouva l'odeur de drap neuf et de cire chaude qu'elle avait toujours connue. Puis ses yeux s'habituèrent, retrouvèrent le dessin des armoires murales à pentures de fer où l'on rangeait les tissus les plus précieux...

Une voix onctueuse surgit des profondeurs obscures de la boutique, du réduit où tant de fois Catherine penchée sur les gros livres reliés de parchemin, avait tenu les comptes de son oncle...

— Que puis-je présenter à Madame ? Me voilà toute à son service et j'ose affirmer que nulle part dans la ville, elle ne trouvera meilleur assortiment de draps d'Espagne, de Flandres ou de Champagne, de soies d'Orient...

La propriétaire de la voix qui venait d'apparaître derrière le grand comptoir ciré où demeuraient quelques pièces de tissus était une femme de taille moyenne qui pouvait avoir le même âge que Catherine elle-même. Brune de peau avec des yeux d'une curieuse couleur verdâtre, elle portait avec assurance une coiffe de fine toile garnie de dentelles qui contenait mal une masse de cheveux noirs. Sa taille était assez fine mais sa gorge opulente tendait insolemment le beau velours de sa robe, d'un gris-vert assorti à ses yeux, sur lequel cliquetaient des chaînes d'or. Un tablier de même toile que la coiffe protégeait cette toilette de bourgeoise opulente que Catherine, les yeux soudains rétrécis, détailla en l'estimant avec la sûreté d'un connaisseur.

Si cette femme était la maîtresse de l'oncle Mathieu, elle lui coûtait cher. Mais il fallait reconnaître qu'elle était assez belle et qu'en tout état de cause elle avait tout ce qu'il fallait pour faire naître chez un vieillard les idées folles du démon de midi. En même temps Catherine était envahie d'une curieuse impression : celle d'avoir déjà vu cette femme quelque part. Mais où et dans quelles circonstances ?...

L'impression étant trop vague et le souvenir trop ténu, sa voix froide coupa court à l'énumération des richesses de la maison.

— Vous êtes Amandine La Verne ?...

Les épais sourcils noirs de la femme se relevèrent tandis que le sourire commercial s'effaçait de sa bouche.

— Je... oui, c'est moi mais je ne...

Je suis la comtesse de Montsalvy et je viens voir mon oncle Mathieu !

dit Catherine tranquillement. Conduisez-moi vers lui !... » Puis comme l'autre la regardait sans mot dire en se détournant légèrement vers Loyse qui venait de faire son apparition elle ajouta : « La révérende mère abbesse que vous venez de vous permettre de jeter dehors est ma sœur. Je tiens à vous faire savoir que vous aurez beaucoup plus de mal à vous débarrasser de moi !

Bouche bée, Amandine contemplait l'élégante silhouette .de cette visiteuse inattendue, à la fois surprise et irritée secrètement de la trouver si belle dans ce simple costume de voyage de beau drap couleur prune. Comme toute la Bourgogne, elle connaissait l'histoire de cette femme que l'amour du Duc avait rendue quasi légendaire mais qui, disparue depuis longtemps, avait fini par perdre toute réalité en dépit des descriptions larmoyantes qu'en faisait ce vieil âne de Mathieu Gautherin. Et voilà qu'elle surgissait à présent, cette Catherine de Montsalvy avec sa beauté intacte, son pur visage cerné par les plis légers d'un grand voile vert amande et ses grands yeux couleur de violette froidement plantés dans les siens qui ne pouvaient s'empêcher de se détourner !...

— Mathieu ? Il n'est pas là, articula-t-elle enfin sans le moindre empressement.

Après quoi, éprouvant sans doute le besoin d'un secours, elle appela

:

— Philibert ! Viens un peu par ici !...

— Voilà, voilà !...

La silhouette de l'homme qui avait eu maille à partir avec Loyse s'encadra si bien dans la porte du réduit qu'elle la boucha complètement. Si l'on cherchait bien, il présentait avec sa sœur une très vague ressemblance, encore qu'il fût plus jeune et que l'expression de sournoise douceur de l'une fût remplacée chez l'autre par les stigmates sans nuances d'une brutalité primitive. Son rôle dans la maison devait être celui du molosse chargé de faire respecter les volontés de la maîtresse et d'éloigner les curieux.

— Qu'est-ce que c'est, Mandine ? T'as encore besoin de moi, grogna-t-il en se curant les dents avec une plume d'oie.

— Ils veulent voir le père Mathieu ! fit sa sœur en désignant du menton les quatre visiteurs.

— Encore ? C'est quoi ? Une maladie ?... » Puis, brusquement, il découvrit Loyse et prit feu : « Qu'est-ce que vous venez faire ici, vous

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