Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Non, mon ami. Je ne suis plus du tout la dame de Brazey. Ma vie est loin, au cœur des montagnes d'Auvergne, et je ne suis là que pour deux jours. Et puis, monseigneur Philippe ne me connaît plus j'imagine...

— Monseigneur Philippe ne connaît plus rien du temps de la jeunesse ! mâchonna le faux moine entre ses dents. Vous dites qu'il ne vous connaît plus mais il ne connaît pas davantage sa ville capitale. Il vit en Flandres, loin de nous, et Dijon, si vivante et si fastueuse jadis, devient lentement une bourgade. En vous apercevant, j'ai cru que le bon temps allait enfin revenir mais voilà qu'il n'en est rien. Notre seule raison est de servir de prison à un roi à présent...

t. Voir II suffit d'un amour, tome I.

Frappée par ce reproche du truand qui rejoignait celui de Roussay, Catherine prit une pièce d'or dans son aumônière et la glissa dans la main sale.

— Que savez-vous du roi captif, Jehan ? Que dit-on de lui par la ville ?

— On.ne sait rien... ou si peu ! On dit qu'il est mieux gardé que le trésor de la Sainte-Chapelle, voilà tout !

Jehan se tut soudain. Sous le capuchon poussiéreux, son œil se fit attentif. Un instant il considéra la jeune femme dont le regard soutint le sien.

— Il vous intéresse ? souffla-t-il. Pourquoi ?

Catherine n'hésita qu'à peine. Elle savait depuis

longtemps qu'elle pouvais faire confiance à cet homme, si noire que fût son âme.

— Je suis dame de la reine Yolande, sa mère, et elle m'envoie pour le voir car elle est en peine de lui. Vous qui savez tout, Jehan, dites-moi au moins s'il est toujours vivant ?

— Oh ! pour être vivant, il l'est, ricana Jehan, et s'il lui arrive malheur, ce ne sera pas la faute de messire de Roussay qui le garde et le garde bien car il vaut cher, très cher à ce que l'on dit. Notre duc Philippe compte en tirer une rançon... royale. N'empêche qu'il pourrait bien un de ces jours lui arriver maie mort.

— Que voulez-vous dire ? souffla Catherine.

Jehan des Écus ne répondit pas tout de suite. Un

groupe de trois commères bien en chair portant robes à gros plis, guimpes de toile fine et missels en beau cuir s'avançait d'un pas martial et le faux moine reprit sa voix geignarde et sa supplication mais elles passèrent sans même s'apercevoir de sa présence. Furieux, il cracha sur le sol qu'elles avaient foulé, revint à Catherine.

— Qu'il y a d'étranges hôtes, depuis trois ou quatre jours, dans la taverne de Jaquot de la Mer...

— Il existe toujours aussi, celui-là ?

Renseigner de temps en temps les espions du vicomte-mayeur, cela aide à vivre. Jacquot n'est plus si maigre et, pour lui, une affaire où il y a de l'or à gagner est toujours bonne à prendre.

— Que savez-vous de ces hôtes si étranges ?

— Qu'ils ont justement l'argent facile, qu'ils tiennent avec Jaquot des conciliabules où, d'après une fille qui me veut du bien, le nom de la tour Neuve revient souvent... et que Jaquot a un cousin qui travaille aux cuisines du palais.

— Combien sont-ils ?

— Trois. Et il y en a un qui doit être né de l'autre côté des Pyrénées... Maintenant, il vaudrait mieux vous en aller, dame Catherine. Ça va être l'heure du Salut et mes pratiques pourraient s'étonner d'une si longue conversation. Où habitez-vous ?

— Chez dame Morel-Sauvegrain...

— La nourrice de l'Héritier ? Parfait... Je vous ferai savoir ce que je pourrai apprendre. Dieu vous garde, belle dame !

— Vous aussi... mon frère !

Au-dessus de la tête de Catherine, les cloches se mirent en branle chassant des gargouilles un vol blanc de pigeons. Des gens s'approchaient en effet de l'église, par groupes ou isolés et le marguillier vint ouvrir les portes plus largement. La jeune femme s'éloigna, poursuivie par la voix de Jehan qui avait repris sa psalmodie pleurarde, comme pour un encouragement. La rencontre de cet ami oublié était providentielle car elle apportait des renseignements précieux. Les hôtes mystérieux de la louche taverne qu'elle connaissait trop bien ne pouvaient être que les hommes de Villa-Andrado et du Damoiseau dont le gros de la troupe devait camper quelque part aux alentours de la ville. Et le fait qu'ils aient déjà des intelligences à Dijon était plus inquiétant...

Pressant le pas, Catherine longea le pourpris de la duchesse, non sans jeter un regard plein d'appréhension à la tour Neuve dont la masse carrée s'érigeait puissamment au-dessus des arbres dorés par l'automne, dominée cependant par l'élancement fluide de la Sainte-Chapelle dont la flèche, ceinturée d'or, pointait haut dans le ciel pâlissant. Elle contourna la masse muette de la tour, gagna l'entrée du palais où veillaient, armés jusqu'aux dents, casque en tête et pertuisane au poing, les soldats de la garde ducale.

Il lui fallut parlementer assez longuement pour obtenir que l'un des hommes d'armes consentît à aller prévenir Jacques. Encore ne lui permit-on pas de franchir le corps de garde. De toute évidence Jehan des Ecus avait raison : palais et prisonnier étaient bien gardés !

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