Читаем La dame de Montsalvy полностью

Catherine frissonna, le dos parcouru par un désagréable filet de sueur glacée. Si la Providence ne lui avait pas. permis de reconnaître le faux valet, trois cadavres joncheraient à cette minute le sol de la prison : le sien et celui de ses deux compagnons... Le Damoiseau et ceux qu'il employait devaient être pressés car leur poison était d'une effrayante rapidité. Et le plan était diabolique ! Eût-il réussi que le malheureux Roussay, même passé de vie à trépas, eût été accusé d'avoir supprimé le royal prisonnier. Et comme on le savait serviteur dévoué de son maître, la responsabilité de cette mort fût retombée aussitôt sur le duc de Bourgogne. Il y avait là de quoi rallumer entre France et Bourgogne une guerre qu'aucun traité n'aurait achevée...

Les yeux soudain humides, elle regarda sans rien dire le jeune roi.

Toujours agenouillé, il tenait dans ses bras le cadavre de son chien et, le visage enfoui dans la fourrure de son cou, il sanglotait à présent, à gros sanglots déchirants d'enfant désespéré. De temps en temps il balbutiait le nom de l'animal, comme s'il espérait contre toute évidence qu'il allait, à la voix de son maître, s'éveiller de l'éternel sommeil. Elle aurait voulu l'aider, le consoler mais elle n'osait même pas poser sa main sur ces larges épaules soudain rétrécies.

Le retour de Jacques de Roussay l'arracha à sa contemplation. D'un coup d'œil, le capitaine embrassa la scène, vit le Roi prostré, le chien mort et Catherine debout, silencieuse contre le manteau de la cheminée. Quand leurs regards se rencontrèrent, la jeune femme vit que son ami avait brusquement pâli. De toute évidence, il venait, comme elle, d'imaginer brusquement ce qui aurait dû, normalement, se passer.

— Ah !... fit-il seulement. Puis, au bout d'un instant : Ainsi, vous aviez raison...

— L'homme ? Vous l'avez retrouvé ?

Il hocha la tête négativement avec une sorte de

rage.

— C'est à croire qu'il s'est enfoncé dans un mur, ou bien que, dissous dans le brouillard du soir, il est parti par une fenêtre, personne ne l'a vu revenir aux cuisines.

— Il sera sorti par la porte de la basse-cour. Sait-on qui il était ?

— Non. Le maître queux m'a dit qu'il n'était là que depuis trois jours, en remplacement d'un marmiton absent, un certain Verjus qui s'est blessé en tranchant une oie...

— Et ce Verjus est, naturellement, le cousin de Jacquot de la Mer, le cabaretier-sergent-ribaud et indicateur.

— Je crois... oui !

— Eh bien ! mon ami, vous savez ce qu'il vous reste à faire, j'imagine ? Fouiller la taverne de ce truand avéré qui se moque de la loi depuis trop longtemps...

— Mais qui lui rend parfois de bien appréciables services ! Non, ne vous fâchez pas, ajouta Roussay précipitamment, j'ai envoyé là-bas un sergent et dix archers avec l'un des cuisiniers, afin de fouiller la maison et de me ramener les suspects. Mais cela m'étonnerait que l'on trouve quelque chose...

— Moi aussi, riposta Catherine vertement. Jacquot est bien trop rusé. Le cousin a dû se blesser volontairement et comme il ne saurait être tenu responsable de son remplaçant, ces bandits vont protester de leur innocence. Quant à fouiller la maison, chez Jacquot on ne trouve jamais que des buveurs, des joueurs et des filles ! Ceux qu'il cache vraiment hantent rarement la salle de son cabaret.

Elle n'ajouta pas la fin de sa pensée qui était de déception. L'énergie de Roussay semblait s'être affaiblie, elle aussi, dans l'inactivité. Celui qu'elle avait connu jadis eût été lui-même fouiller la taverne, en serait revenu avec deux ou trois suspects dûment enchaînés qu'il aurait jetés sans autre forme de procès au tourmenteur pour tenter d'en tirer quelque chose. Décidément, l'absence trop longue du maître ne valait rien à Dijon qui semblait se désintéresser de ses affaires les plus importantes et dont la devise majeure avait tout l'air d'être à présent:

«Surtout, pas d'histoires !... » Pourtant, qu'il arrivât quoi que ce soit au précieux prisonnier et Roussay, de toute évidence, le paierait de sa vie.

Mais peut-être n'avait-il plus tellement envie de vivre puisqu'il s'ennuyait tant ?...

Refusant de creuser davantage la question, elle alla s'agenouiller auprès de René qui n'avait pas bougé. Sans le bruit de ses sanglots, on aurait pu croire que sa vie, à lui aussi, venait de s'arrêter.

— Sire, dit-elle doucement, ne pleurez plus ! Vous vous faites du mal...

Il releva un visage tellement ravagé par les larmes, un regard si douloureux, qu'elle se sentit fondre de pitié.

— Vous ne pouvez pas savoir ! C'était mon ami, mon compagnon de toujours !... Je l'avais élevé. Il ne me quittait jamais et quand j'ai été pris, à la bataille de Bulgnéville, on m'a permis de le garder parce que... parce que... oh ! je crois qu'il m'aidait à vivre. Que vais-je devenir à présent, sans lui ?...

— Vous ne serez plus longtemps captif ! Je ne sais ce que vous dit la Reine, votre mère, mais je sais bien qu'en France chacun fait tous ses efforts pour obtenir votre libération...

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