Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Je souhaitais rencontrer la duchesse Elisabeth pour apprendre d'elle quelque chose... et pour lui enseigner d'autres choses ! répondit la jeune femme en s'efforçant à un ton léger, presque mondain, qui lui parut sonner assez faux.

Van Eyck d'ailleurs ne se dérida pas.

— Vous ne seriez pas, encore une fois, à la recherche de votre infernal époux, par hasard ?

— Qu'est-ce qui peut vous faire croire cela ?

— Vos yeux rouges ! Vous avez pleuré... et pleuré récemment.

Lorsque je vous ai connue vous ne pleuriez jamais ! Il est vrai que le seigneur Arnaud ne vous avait pas encore fait l'immense honneur de vous prendre pour épouse !

— Je sais que vous ne l'aimez pas, soupira Catherine, mais ne le chargez pas de tous les péchés de l'univers. Il n'est pas seul à posséder le pouvoir de me faire pleurer. D'ailleurs je sais parfaitement où il est : chez nous, à Montsalvy, et je m'apprêtais à partir, dès aujourd'hui, pour le rejoindre...

Elle parlait vite, avec ce qu'elle espérait être une profonde conviction, une vraie chaleur. Mais, pendant ce temps, Gauthier, qui était entré dans la chambre sur les talons du peintre, avait remarqué la dague demeurée sur les carreaux de grès, il avait vu la lettre disposée bien en évidence contre le chandelier de fer et, comme elle lui était adressée, il l'avait prise, lue... et ce qu'il lut le bouleversa à tel point qu'oubliant toute retenue il poussa le cri de colère qui fit retourner subitement les deux autres.

— Vous alliez faire ça ?... En dépit de ce que vous m'aviez promis, de ce que j'avais juré, vous alliez faire ça ?... Messire, s'écria-t-il en se précipitant sur Van Eyck et en lui fourrant la lettre entre les mains, je vous fais juge ! Tenez ! Lisez cette lettre que l'on me laissait !...

Ensuite demandez à votre amie de quelle manière elle entendait accomplir ce départ dont elle vous parle si bénignement.

— Gauthier ! gronda Catherine. Rendez-moi cette lettre sur l'heure

! Comment osez-vous ?

— Et vous ? Comment osez-vous ? fit-il sans même prendre la peine de retenir les larmes qui d'un seul coup, inondaient sa figure bouleversée. Cette lettre m'était adressée, n'est-ce pas ? Je l'ai lue !

Quoi de plus naturel ? Mais pourquoi ? pourquoi ?

— Puisque vous avez lu, vous le savez !

— Je n'arrive pas à y croire !... Cela ne mérite pas votre mort C'est idiot, idiot de vouloir...

Et, se laissant tomber sur le pied du lit, le pauvre garçon se mit à sangloter sans retenue, la tête dans ses deux mains cependant que Van Eyck, la lettre rapidement parcourue, relevait sur Catherine des yeux agrandis d'incrédulité.

— Ce n'est pas vrai ? articula-t-il enfin. Vous n'alliez pas ?...

Elle baissa la tête, honteuse à présent de ce mouvement de désespoir qui la déconsidérait aux yeux d'un vieil ami et à ceux de son écuyer.

— Je n'ai plus d'autre solution, dit-elle enfin. Si vous n'étiez pas arrivé ce serait fini. Mais vous êtes arrivé !

— Je ne cesserai jamais d'en remercier Dieu ! fit Van Eyck gravement puis, se tournant vers Gauthier qui, peu coutumier des longues prostrations, s'essuyait les yeux aux revers de sa manche : Et puisque, de toute évidence, le Seigneur m'a envoyé ici tout exprès, je dois trouver les moyens de vous aider. Si vous me racontiez au juste toute l'histoire, mon garçon ? Pendant ce temps votre maîtresse s'habillerait car cette chambre est sans feu, ses pieds sont nus, elle n'a qu'une mince chemise sur elle et doit mourir de froid. Nous allons descendre boire un pot de vin chaud et commander un repas. Mais vous me promettez, Catherine, de ne pas recommencer votre stupide tentative ? D'ailleurs j'emporte cette arme.

— C'est inutile, Jean ! Vous avez ma parole. Dans un moment je vous rejoindrai. Mais, au fait, pourquoi donc êtes-vous ici, vous-même ? J'ai peine à croire que ce soit sur un ordre exprès de Dieu pour me tirer d'affaire...

Van Eyck sourit et reprit l'épaisse houppelande doublée de martre qu'il avait posée sur la table en entrant.

— Disons que Ses voies sont impénétrables ! Je suis ici pour annoncer à la duchesse qu'elle n'aura pas l'argent qu'elle ne cesse d'emprunter au duc Philippe. Et aussi pour la sermonner en son nom.

C'est un gouffre, d'argent que cette femme, un vrai panier percé... Elle est couverte de dettes et si cela continue l'unique solution qui lui restera...

— ... sera de vendre son duché à monseigneur le duc de Bourgogne, n'est-ce pas ? Allons ! il est bien toujours le même, fit Catherine avec un demi-sourire. Et vous aussi, Jean, qui vous chargez sans cesse de ses mauvaises commissions.

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