Читаем La Famille du Vourdalak полностью

« En disant cela, Sdenka était si belle que la vague terreur qui m’agitait commença à céder au désir de rester auprès d’elle. Un mélange de crainte et de volupté impossible à décrire remplissait tout mon être. À mesure que je faiblissais, Sdenka devenait plus tendre, si bien que je me décidai à céder, tout en me promettant de me tenir sur mes gardes. Cependant, comme je l’ai dit tout à l’heure, je n’ai jamais été sage qu’à demi, et quand Sdenka, remarquant ma réserve, me proposa de chasser le froid de la nuit par quelques verres d’un vin généreux qu’elle me dit tenir du bon ermite, j’acceptai sa proposition avec un empressement qui la fit sourire. Le vin produisit son effet. Dès le second verre, la mauvaise impression qu’avait faite sur moi la circonstance de la croix et des images s’effaça complètement ; Sdenka dans le désordre de sa toilette, avec ses beaux cheveux à demi tressés, avec ses joyaux éclairés par la lune, me parut irrésistible. Je ne me contins plus et je la pressai dans mes bras.

« Alors, mesdames, eut lieu une de ces mystérieuses révélations que je ne saurai jamais expliquer, mais à l’existence desquelles l’expérience m’a forcé de croire, quoique jusque-là j’aie été peu porté à les admettre.

« La force avec laquelle j’enlaçai mes bras autour de Sdenka fit entrer dans ma poitrine une des pointes de la croix que vous venez de voir et que la duchesse de Gramont m’avait donnée à mon départ. La douleur aiguë que j’en éprouvai fut pour moi comme un rayon de lumière qui me traversa de part en part. Je regardai Sdenka et je vis que ses traits, quoique toujours beaux, étaient contractés par la mort, que ses yeux ne voyaient pas et que son sourire était une convulsion imprimée par l’agonie sur la figure d’un cadavre. En même temps, je sentis dans la chambre cette odeur nauséabonde que répandent d’ordinaire les caveaux mal fermés. L’affreuse vérité se dressa devant moi dans toute sa laideur, et je me souvins trop tard des avertissements de l’ermite. Je compris combien ma position était précaire et je sentis que tout dépendait de mon courage et de mon sang-froid. Je me détournai de Sdenka pour lui cacher l’horreur que mes traits devaient exprimer. Mes regards, alors, tombèrent sur la fenêtre et je vis l’infâme Gorcha, appuyé sur un pieu ensanglanté et fixant sur moi des yeux de hyène. L’autre fenêtre était occupée par la pâle figure de Georges, qui dans ce moment avait avec son père une ressemblance effrayante. Tous deux semblaient épier mes mouvements et je ne doutai pas qu’ils s’élanceraient sur moi à la moindre tentative de fuite. Je n’eus donc pas l’air de les apercevoir, mais faisant un violent effort sur moi-même, je continuai, oui, mesdames, je continuai à prodiguer à Sdenka les mêmes caresses que je me plaisais à lui faire avant ma terrible découverte. Pendant ce temps, je songeais avec angoisse au moyen de m’échapper. Je remarquai que Gorcha et Georges échangeaient avec Sdenka des regards d’intelligence et qu’ils commençaient à s’impatienter. J’entendis aussi au-dehors une voix de femme et des cris d’enfants, mais si affreux qu’on aurait pu les prendre pour des hurlements de chats sauvages.

« – Voici qu’il est temps de plier bagage, me dis-je, et le plus tôt sera le mieux !

« M’adressant alors à Sdenka, je lui dis à voix haute et de manière à être entendu de ses hideux parents :

« – Je suis bien fatigué, mon enfant, je voudrais me coucher et dormir quelques heures, mais il faut d’abord que j’aille voir si mon cheval a mangé sa provende. Je vous prie de ne pas vous en aller et d’attendre mon retour.

« J’appliquai alors mes lèvres sur ses lèvres froides et décolorées et je sortis. Je trouvai mon cheval couvert d’écume et se débattant sous le hangar. Il n’avait pas touché à l’avoine, mais le hennissement qu’il poussa en me voyant venir me donna la chair de poule, car je craignis qu’il ne trahît mes intentions. Cependant les vampires, qui avaient probablement entendu ma conversation avec Sdenka, ne pensèrent point à prendre l’alarme. Je m’assurai alors que la porte cochère était ouverte, et, m’élançant en selle, j’enfonçai mes éperons dans les flancs de mon cheval.

« J’eus le temps d’apercevoir, en sortant de la porte, que la troupe rassemblée auprès de la maison, et dont la plupart des individus avaient le visage collé contre les vitres, était très nombreuse. Je crois que ma brusque sortie les interdit d’abord, car pendant quelque temps je ne distinguai, dans le silence de la nuit, rien que le galop uniforme de mon cheval. Je croyais déjà pouvoir me féliciter de ma ruse, quand tout d’un coup j’entendis derrière moi un bruit semblable à un ouragan éclatant dans les montagnes. Mille voix confuses criaient, hurlaient et semblaient se disputer entre elles. Puis toutes se turent, comme d’un commun accord, et j’entendis un piétinement précipité comme si une troupe de fantassins s’approchait au pas de course.

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