Читаем La Famille du Vourdalak полностью

« Le lendemain j’appris que le Danube, qui coupait le grand chemin à un quart de lieue du village, avait commencé à charrier des glaçons, ce qui arrive toujours dans ces contrées vers la fin de l’automne et au commencement du printemps. Le passage était intercepté pour quelques jours, et je ne pouvais songer à mon départ. D’ailleurs, quand même je l’aurais pu, la curiosité, jointe à un attrait plus puissant, m’eût retenu. Plus je voyais Sdenka et plus je me sentais porté à l’aimer. Je ne suis pas de ceux, mesdames, qui croient aux passions subites et irrésistibles dont les romans nous offrent des exemples ; mais je pense qu’il est des cas où l’amour se développe plus rapidement que de coutume. La beauté originale de Sdenka, cette ressemblance singulière avec la duchesse de Gramont que j’avais fuie à Paris et que je retrouvais ici, dans un costume pittoresque, parlant un langage étranger et harmonieux, ce trait caractéristique dans la figure pour lequel, en France, j’avais vingt fois voulu me faire tuer, tout cela, joint à la singularité de ma situation et aux mystères qui m’entouraient, devait contribuer à faire mûrir en moi un sentiment qui, dans d’autres circonstances, ne se serait manifesté peut-être que d’une manière vague et passagère.

« Dans le courant de la journée j’entendis Sdenka s’entretenir avec son frère cadet.

« – Que penses-tu de tout cela ? disait-elle, est-ce que toi aussi tu soupçonnes notre père ?

« – Je n’ose le soupçonner, répondit Pierre, d’autant moins que l’enfant dit qu’il ne lui a pas fait de mal. Et quant à sa disparition, tu sais qu’il n’a jamais rendu compte de ses absences.

« – Je le sais, dit Sdenka, mais alors il faut le sauver, car tu connais Georges...

« – Oui, oui, je le connais. Lui parler serait inutile, mais nous cacherons le pieu, et il n’ira pas en chercher un autre, car de ce côté des montagnes il n’y a pas un seul tremble !

« – Oui, cachons le pieu, mais n’en parlons pas aux enfants, car ils pourraient en jaser devant Georges !

« – Nous nous en garderons bien, dit Pierre. Et ils se séparèrent.

« La nuit vint sans que nous eussions rien appris sur le vieux Gorcha. J’étais comme la veille étendu sur mon lit et la lune donnait en plein dans ma chambre. Quand le sommeil commença à brouiller mes idées, je sentis, comme par instinct, l’approche du vieillard. J’ouvris les yeux et je vis sa figure livide collée contre ma fenêtre.

« Cette fois je voulus me lever, mais cela me fut impossible. Il me semblait que tous mes membres étaient paralysés. Après m’avoir bien regardé, le vieux s’éloigna. Je l’entendis faire le tour de la maison et frapper doucement à la fenêtre de la chambre où couchaient Georges et sa femme. L’enfant se retourna dans son lit et gémit en rêve. Il se passa quelques minutes de silence, puis j’entendis encore frapper à la fenêtre. Alors l’enfant gémit de nouveau et se réveilla...

« – Est-ce toi, grand-papa ? dit-il.

« – C’est moi, répondit une voix sourde, et je t’apporte ton petit yatagan.

« – Mais je n’ose sortir, papa me l’a défendu !

« – Tu n’as pas besoin de sortir, ouvre-moi seulement la fenêtre et viens m’embrasser !

« L’enfant se leva et je l’entendis ouvrir la fenêtre. Alors, rappelant à moi toute mon énergie, je sautai à bas de mon lit et courus frapper à la cloison. En une minute Georges fut debout. Je l’entendis jurer, sa femme poussa un grand cri, bientôt toute la maison était rassemblée autour de l’enfant inanimé. Gorcha avait disparu comme la veille. À force de soins nous parvînmes à faire reprendre connaissance à l’enfant, mais il était bien faible et respirait avec peine. Le pauvre petit ignorait la cause de son évanouissement. Sa mère et Sdenka l’attribuèrent à la frayeur d’avoir été surpris causant avec son grand-père. Moi, je ne disais rien. Cependant, l’enfant s’étant calmé, tout le monde excepté Georges se recoucha.

« Vers l’aube du jour je l’entendis réveiller sa femme, on se parla à voix basse. Sdenka se joignit à eux et je l’entendis sangloter, ainsi que sa belle-sœur.

« L’enfant était mort.

« Je passe sous silence le désespoir de la famille. Personne pourtant n’en attribuait la cause au vieux Gorcha. Du moins, on n’en parlait pas ouvertement.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Агрессия
Агрессия

Конрад Лоренц (1903-1989) — выдающийся австрийский учёный, лауреат Нобелевской премии, один из основоположников этологии, науки о поведении животных.В данной книге автор прослеживает очень интересные аналогии в поведении различных видов позвоночных и вида Homo sapiens, именно поэтому книга публикуется в серии «Библиотека зарубежной психологии».Утверждая, что агрессивность является врождённым, инстинктивно обусловленным свойством всех высших животных — и доказывая это на множестве убедительных примеров, — автор подводит к выводу;«Есть веские основания считать внутривидовую агрессию наиболее серьёзной опасностью, какая грозит человечеству в современных условиях культурноисторического и технического развития.»На русском языке публиковались книги К. Лоренца: «Кольцо царя Соломона», «Человек находит друга», «Год серого гуся».

Вячеслав Владимирович Шалыгин , Конрад Захариас Лоренц , Конрад Лоренц , Маргарита Епатко

Фантастика / Научная литература / Самиздат, сетевая литература / Ужасы / Ужасы и мистика / Прочая научная литература / Образование и наука
13 монстров
13 монстров

Монстров не существует!Это известно каждому, но это – ложь. Они есть. Чтобы это понять, кому-то достаточно просто заглянуть под кровать. Кому-то – посмотреть в зеркало. Монстров не существует?Но ведь монстра можно встретить когда угодно и где угодно. Монстр – это серая фигура в потоках ливня. Это твари, завывающие в тусклых пещерах. Это нечто, обитающее в тоннелях метро, сибирской тайге и в соседней подворотне.Монстры – чудовища из иного, потустороннего мира. Те, что прячутся под обложкой этой книги. Те, после знакомства с которыми вам останется лишь шептать, сбиваясь на плачь и стоны, в попытке убедить себя в том, что:Монстров не существует… Монстров не существует… Монстров не существует…

Александр Александрович Матюхин , Елена Витальевна Щетинина , Максим Ахмадович Кабир , Николай Леонидович Иванов , Шимун Врочек

Ужасы