Читаем La Nebuleuse d'Andromede полностью

Au dernier siècle de l’EMD, surnommé le siècle de la Scission, les hommes avaient fini par comprendre que tous leurs malheurs provenaient d’un régime social datant des époques barbares, et que la force et l’avenir de l’humanité étaient dans le travail, dans les efforts conjugués de millions d’hommes libérés de l’oppression, dans la science et la réorganisation scientifique de la vie. On avait compris les lois essentielles de l’évolution sociale, le cours dialectiquement contradictoire de l’histoire, la nécessité d’une discipline stricte, d’autant plus importante que la population de la planète devenait plus nombreuse.

La lutte entre les idées anciennes et nouvelles s’intensifia au siècle de la Scission et aboutit au partage du monde en deux camps. La découverte des premières formes d’énergie atomique et l’obstination des partisans de l’ancien régime faillirent provoquer une terrible catastrophe.

Mais le régime nouveau devait forcément remporter la victoire, qui fut cependant retardée par les difficultés d’éducation. La réorganisation du monde suivant les principes communistes était impossible sans la suppression de la misère, de la famine et d’un labeur épuisant. Et pour transformer l’économie, il fallait une gestion très complexe de la production et de la répartition, qu’on ne pouvait assurer qu’en développant la conscience sociale de chaque individu.

Le communisme ne s’étendit pas d’emblée à tous les peuples, à tous les Etats. L’extirpation de la haine et surtout des mensonges accumulés par la propagande hostile, au cours de la lutte idéologique, exigea des efforts immenses. Nombre d’erreurs furent commises dans l’évolution des nouveaux rapports humains. Il y eut des révoltes soulevées par des éléments arriérés qui, par ignorance, espéraient trouver dans la résurrection du passé la solution des problèmes qui se posaient à l’humanité.

Mais le régime nouveau se propageait inéluctablement sur la Terre, et les races les plus différentes constituèrent une seule famille unie et sage.

Tel fut le début de l’EU, Ere de l’Unification, comprenant les siècles de l’Union des Pays, des Langues Hétérogènes, de la Lutte pour l’Energie et la Langue Commune.

L’évolution sociale allait en s’accélérant, chaque époque passait plus vite que la précédente. Le pouvoir de l’homme sur la nature progressait à pas de géant. Les anciens utopistes rêvaient d’un monde graduellement affranchi du travail. Les écrivains prédisaient qu’une besogne de deux à trois heures par jour donnerait à l’homme le moyen de se livrer le reste du temps à une oisiveté béate.

Ces fictions provenaient du dégoût pour le labeur pénible et coercitif d’autrefois.

Mais bientôt les hommes réalisèrent que le travail c’était le bonheur, de même que la lutte incessante avec la nature, les obstacles à surmonter, la contribution incessante au développement de la science et de l’économie. Le travail à plein rendement, mais un travail créatgur, correspondant aux aptitudes et aux goûts innés, multiforme et diversifié de temps à autre — voilà ce qu’il fallait à l’homme. Le développement de la cybernétique, science de l’autorégulation, une instruction poussée, une haute intellectualité, une bonne éducation physique de chaque individu permirent aux gens de changer de spécialité, d’apprendre rapidement d’autres professions et de varier à l’infini leur activité laborieuse en y trouvant de plus en plus de satisfaction. La science, dans son expansion croissante, embrassa toute la vie humaine, et la joie de percer les mystères de la nature devint accessible à une multitude de personnes. L’art assuma un rôle de premier ordre dans l’éducation sociale. Ce fut l’avènement de l’ETG, l’Ere du Travail Général, la plus magnifique de l’histoire de l’humanité, comprenant les siècles de la Simplification des choses, de la Réorganisation, de la Première Abondance et du Cosmos.

La condensation de l’électricité, qui aboutit à la création d’accumulateurs de grande capacité et de moteurs électriques de dimensions réduites, révolutionna la technique des temps modernes. On avait réussi antérieurement, au moyen de semiconducteurs, à tisser des réseaux complexes de courants de basse tension et à construire des automates. La technique amenée à la finesse et à la précision de la joaillerie asservit les puissances de grandeur cosmique.

Mais la nécessité de satisfaire chacun au maximum fit simplifier considérablement la vie domestique. L’homme cessa d’être l’esclave des objets, et l’élaboration de standards détaillés permit de créer n’importe quels articles et mécanismes avec un nombre minime d’éléments, de même que les multiples espèces d’organismes vivants sont constituées par des cellules peu variées, la cellule par les albumines, les albumines par les protéides, etc. Le gaspillage de la nourriture était jadis si fantastique, qu’on put économiser dessus sans nuire à la santé d’une population accrue de plusieurs milliards d’habitants.

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