«Qu’est-ce qui a donc empêché les machines de sauver
La 37e expédition astrale avait pour but le système planétaire d’une étoile d’Ophiuchus, dont la seule planète habitée — Zirda — conversait depuis longtemps avec la Terre et les autres mondes par le Grand Anneau. Or, elle s’était tue soudain. Aucune communication depuis plus de soixantedix ans. Le devoir de la Terre, la plus proche voisine de Zirda parmi les planètes de l’Anneau, était de connaître la cause de ce silence. C’est pourquoi le vaisseau avait embarqué beaucoup d’appareils et plusieurs savants éminents, dont le système nerveux s’était révélé, après de nombreuses épreuves, capable de supporter des années de réclusion dans l’astronef. Les réserves de carburant — l’an’améson, matière aux liens mésoniques détruits, douée d’une vitesse d’écoulement égale à celle de la lumière — étaient réduites au minimum, non à cause du poids de l’anaméson, mais vu l’énorme volume des réservoirs. On comptait se réapprovisionner sur Zirda. Au cas où il serait arrivé quelque chose de grave à la planète,
Niza, qui avait l’oreille fine, perçut un changement de ton dans le réglage du champ de gravitation artificielle. Les disques de trois appareils de droite clignotèrent par àcoups, la sonde électronique du bord droit se brancha. Une forme anguleuse et brillante apparut sur l’écran éclairé. Elle fonçait, tel un obus, droit sur la
Le plus impressionnant était le soleil sanglant qui rougeoyait dans le champ visuel des écrans réflecteurs, aux derniers mois de la quatrième année de voyage. La quatrième pour les passagers de l’astronef qui filait à une vitesse de 56 de l’unité absolue: la vitesse de la lumière. Mais sur Terre il s’était déjà écoulé près de sept années dites indépendantes.
Des filtres superposés aux écrans pour préserver l’œil humain amortissaient l’intensité des rayons astraux autant que le faisait l’atmosphère terrestre, avec ses couches protectrices d’ozone et de vapeur d’eau. La clarté violette, fantastique, indescriptible des astres aux températures excessivement élevées, semblait azurée ou blanche, les étoiles maussades, d’un rosé grisâtre, devenaient jaune d’or, comme notre Soleil. Et, au contraire, celles qui brillaient d’un éclat rouge vif, prenaient une nuance pourprée, dans laquelle l’observateur terrestre est habitué à voir les étoiles de classe spectrale5 M5. La planète se trouvait bien plus près de son soleil que la Terre du sien. A mesure qu’on se rapprochait de Zirda, son astre devenait un disque rouge de plus en plus large, qui émettait des masses de radiations thermiques.
Deux mois avant le voyage, la
L’astronef continuait ses appels, alors qu’il restait trente millions de kilomètres jusqu’ià la planète et que la vitesse formidable de la
Niza lançait les appels en amplifiant la puissance d’émission et projetant les rayons en éventail.
Ils aperçurent enfin le point minuscule du satellite. Le vaisseau se mit à décrire une orbite autour de la planète, se rapprochant d’elle peu à peu, en spirale, et réglant sa vitesse sur celle du satellite. Bientôt l’astronef et le satellite semblèrent reliés par un câble invisible et le vaisseau surplomba la petite planète au cours rapide. Les stéréotélescopes électroniques du vaisseau fouillaient la surface du globe. Un spectacle inoubliable s’offrit soudain aux yeux de l’équipage.