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Alexandre Dumas

Le Collier de la Reine

Tome II

(Les Mémoires d'un médecin)

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Chapitre 1

Jeanne protégée

Maîtresse d’un pareil secret, riche d’un pareil avenir, étayée de deux appuis si considérables, Jeanne se sentit forte à lever le monde. Elle se donna quinze jours de délai pour commencer de mordre pleinement à la grappe savoureuse que la fortune suspendait au-dessus de son front.

Paraître à la cour non plus comme une solliciteuse, non plus comme la pauvre mendiante retirée par madame de Boulainvilliers, mais comme une descendante des Valois, riche de cent mille livres de rente, avoir un mari duc et pair, s’appeler la favorite de la reine, et, par ce temps d’intrigues et d’orages, gouverner l’état en gouvernant le roi par Marie-Antoinette, voilà tout simplement le panorama qui se déroula devant l’inépuisable imagination de la comtesse de La Motte.

Le jour venu, elle ne fit qu’un bond jusqu’à Versailles. Elle n’avait pas de lettre d’audience; mais sa foi en sa fortune était devenue telle que Jeanne ne doutait plus de voir fléchir l’étiquette devant son désir.

Et elle avait raison.

Tous ces officieux de cour, si fort empressés de deviner les goûts du maître, avaient remarqué déjà combien Marie-Antoinette prenait de plaisir dans la société de la jolie comtesse.

C’en fut assez pour qu’à son arrivée un huissier intelligent, jaloux de se faire bien venir, allât se placer sur le passage de la reine qui venait de la chapelle, et là, comme par hasard, prononçât devant le gentilhomme de service ces mots:

– Monsieur, comment faire pour madame la comtesse de La Motte-Valois, qui n’a pas de lettre d’audience?

La reine causait bas avec madame de Lamballe. Le nom de Jeanne, adroitement lancé par cet homme, l’arrêta dans sa conversation.

Elle se retourna.

– Ne dit-on pas, demanda-t-elle, qu’il y a là madame de La Motte-Valois?

– Je crois que oui, Votre Majesté, répliqua le gentilhomme.

– Qui dit cela?

– Cet huissier, madame.

L’huissier s’inclina modestement.

– Je recevrai madame de La Motte-Valois, fit la reine qui continua sa route.

Puis en se retirant:

– Vous la conduirez dans le cabinet des bains, dit-elle.

Et elle passa.

Jeanne, à qui cet homme raconta simplement ce qu’il venait de faire, porta tout de suite la main à sa bourse, mais l’huissier l’arrêta par un sourire.

– Madame la comtesse, veuillez, je vous prie, dit-il, accumuler cette dette; vous pourrez bientôt me la payer avec de meilleurs intérêts.

Jeanne remit l’argent dans sa poche.

– Vous avez raison, mon ami, merci.

Pourquoi, se dit-elle, ne protégerais-je pas un huissier qui m’a protégée? J’en fais autant pour un cardinal.

Jeanne se trouva bientôt en présence de sa souveraine.

Marie-Antoinette était sérieuse, peu disposée en apparence, peut-être même par cela qu’elle avait trop favorisé la comtesse avec une réception inespérée.

Au fond, pensa l’amie de monsieur de Rohan, la reine se figure que je vais encore mendier… Avant que j’aie prononcé vingt mots, elle se sera déridée ou m’aura fait jeter à la porte.

– Madame, dit la reine, je n’ai pas encore trouvé l’occasion de parler au roi.

– Ah! madame, Votre Majesté n’a été que trop bonne déjà pour moi, et je n’attends rien de plus. Je venais…

– Pourquoi venez-vous? dit la reine habile à saisir les transitions. Vous n’aviez pas demandé audience. Il y a urgence peut-être… pour vous?

– Urgence… oui, madame; mais pour moi… non.

– Pour moi, alors… Voyons, parlez, comtesse.

Et la reine conduisit Jeanne dans la salle des bains, où ses femmes l’attendaient.

La comtesse, voyant autour de la reine tout ce monde, ne commençait pas la conversation.

La reine, une fois au bain, renvoya ses femmes.

– Madame, dit Jeanne, Votre Majesté me voit bien embarrassée.

– Comment cela? Je vous le disais bien.

– Votre Majesté sait, je crois le lui avoir dit, toute la grâce que met monsieur le cardinal de Rohan à m’obliger?

La reine fronça le sourcil.

– Je ne sais, dit-elle.

– Je croyais…

– N’importe… dites.

– Eh bien! madame, Son Éminence me fit l’honneur avant-hier de me rendre visite.

– Ah!

– C’était pour une bonne œuvre que je préside.

– Très bien, comtesse, très bien. Je donnerai aussi… à votre bonne œuvre.

– Votre Majesté se méprend. J’ai eu l’honneur de lui dire que je ne demandais rien. Monsieur le cardinal, selon sa coutume, me parla de la bonté de la reine, de sa grâce inépuisable.

– Et demanda que je protégeasse ses protégés?

– D’abord! Oui, Votre Majesté.

– Je le ferai, non pour monsieur le cardinal, mais pour les malheureux que j’accueille toujours bien, de quelque part qu’ils viennent. Seulement, dites à Son Éminence que je suis fort gênée.

– Hélas! madame, voilà bien ce que je lui dis, et de là vient l’embarras que je signalais à la reine.

– Ah! ah!

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