Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome I полностью

– Des menaces! s’écria le geôlier en faisant un pas en arrière et en se mettant sur la défensive; décidément la tête vous tourne. L’abbé a commencé comme vous, et dans trois jours vous serez fou à lier, comme lui; heureusement que l’on a des cachots au château d’If.»

Dantès prit l’escabeau, et il le fit tournoyer autour de sa tête.

«C’est bien! c’est bien! dit le geôlier; eh bien! puisque vous le voulez absolument, on va prévenir le gouverneur.

– À la bonne heure!» dit Dantès en reposant son escabeau sur le sol et en s’asseyant dessus, la tête basse et les yeux hagards, comme s’il devenait réellement insensé.

Le geôlier sortit, et, un instant après, rentra avec quatre soldats et un caporal.

«Par ordre du gouverneur, dit-il, descendez le prisonnier un étage au-dessous de celui-ci.

– Au cachot, alors? dit le caporal.

– Au cachot. Il faut mettre les fous avec les fous.»

Les quatre soldats s’emparèrent de Dantès qui tomba dans une espèce d’atonie et les suivit sans résistance.

On lui fit descendre quinze marches, et on ouvrit la porte d’un cachot dans lequel il entra en murmurant:

«Il a raison, il faut mettre les fous avec les fous.»

La porte se referma, et Dantès alla devant lui, les mains étendues jusqu’à ce qu’il sentît le mur; alors il s’assit dans un angle et resta immobile, tandis que ses yeux, s’habituant peu à peu à l’obscurité, commençaient à distinguer les objets.

Le geôlier avait raison, il s’en fallait de bien peu que Dantès ne fût fou.

<p>IX. Le soir des fiançailles</p>

Villefort, comme nous l’avons dit, avait repris le chemin de la place du Grand-Cours, et en rentrant dans la maison de Mme de Saint-Méran, il trouva les convives qu’il avait laissés à table passés au salon en prenant le café…

Renée l’attendait avec une impatience qui était partagée par tout le reste de la société. Aussi fut-il accueilli par une exclamation générale:

«Eh bien, trancheur de têtes, soutien de l’État, Brutus royaliste! s’écria l’un, qu’y a-t-il? voyons!

– Eh bien, sommes-nous menacés d’un nouveau régime de la Terreur? demanda l’autre.

– L’ogre de Corse serait-il sorti de sa caverne? demanda un troisième.

– Madame la marquise, dit Villefort s’approchant de sa future belle-mère, je viens vous prier de m’excuser si je suis forcé de vous quitter ainsi… Monsieur le marquis, pourrais-je avoir l’honneur de vous dire deux mots en particulier?

– Ah! mais c’est donc réellement grave? demanda la marquise, en remarquant le nuage qui obscurcissait le front de Villefort.

– Si grave que je suis forcé de prendre congé de vous pour quelques jours; ainsi, continua-t-il en se tournant vers Renée, voyez s’il faut que la chose soit grave.

– Vous partez, monsieur? s’écria Renée, incapable de cacher l’émotion que lui causait cette nouvelle inattendue.

– Hélas! oui, mademoiselle, répondit Villefort: il le faut.

– Et où allez-vous donc? demanda la marquise.

– C’est le secret de la justice, madame; cependant si quelqu’un d’ici a des commissions pour Paris, j’ai un de mes amis qui partira ce soir et qui s’en chargera avec plaisir.»

Tout le monde se regarda.

«Vous m’avez demandé un moment d’entretien? dit le marquis.

– Oui, passons dans votre cabinet, s’il vous plaît.»

Le marquis prit le bras de Villefort et sortit avec lui.

«Eh bien, demanda celui-ci en arrivant dans son cabinet, que se passe-t-il donc? parlez.

– Des choses que je crois de la plus haute gravité, et qui nécessitent mon départ à l’instant même pour Paris. Maintenant, marquis, excusez l’indiscrète brutalité de la question, avez-vous des rentes sur l’État?

– Toute ma fortune est en inscriptions; six à sept cent mille francs à peu près.

– Eh bien, vendez, marquis, vendez, ou vous êtes ruiné.

– Mais, comment voulez-vous que je vende d’ici?

– Vous avez un agent de change, n’est-ce pas?

– Oui.

– Donnez-moi une lettre pour lui, et qu’il vende sans perdre une minute, sans perdre une seconde; peut-être même arriverai-je trop tard.

– Diable! dit le marquis, ne perdons pas de temps.»

Et il se mit à table et écrivit une lettre à son agent de change, dans laquelle il lui ordonnait de vendre à tout prix.

«Maintenant que j’ai cette lettre, dit Villefort en la serrant soigneusement dans son portefeuille, il m’en faut une autre.

– Pour qui?

– Pour le roi.

– Pour le roi?

– Oui.

– Mais je n’ose prendre sur moi d’écrire ainsi à Sa Majesté.

– Aussi, n’est-ce point à vous que je la demande, mais je vous charge de la demander à M. de Salvieux. Il faut qu’il me donne une lettre à l’aide de laquelle je puisse pénétrer près de Sa Majesté, sans être soumis à toutes les formalités de demande d’audience, qui peuvent me faire perdre un temps précieux.

– Mais n’avez-vous pas le garde des Sceaux, qui a ses grandes entrées aux Tuileries, et par l’intermédiaire duquel vous pouvez jour et nuit parvenir jusqu’au roi?

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