Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome III полностью

L’enfant, quoique toujours pâle, rouvrit aussitôt les yeux.

À cette vue, la joie de la mère fut presque un délire.

«Où suis-je? s’écria-t-elle, et à qui dois-je tant de bonheur après une si cruelle épreuve?

– Vous êtes, madame, répondit Monte-Cristo, chez l’homme le plus heureux d’avoir pu vous épargner un chagrin.

– Oh! maudite curiosité! dit la dame. Tout Paris parlait de ces magnifiques chevaux de Mme Danglars, et j’ai eu la folie de vouloir les essayer.

– Comment! s’écria le comte avec une surprise admirablement jouée, ces chevaux sont ceux de la baronne?

– Oui, monsieur, la connaissez-vous?

– Mme Danglars?… j’ai cet honneur, et ma joie est double de vous voir sauvée du péril que ces chevaux vous ont fait courir; car ce péril, c’est à moi que vous eussiez pu l’attribuer: j’avais acheté hier ces chevaux au baron; mais la baronne a paru tellement les regretter, que je les lui ai renvoyés hier en la priant de les accepter de ma main.

– Mais alors vous êtes donc le comte de Monte-Cristo dont Hermine m’a tant parlé hier?

– Oui, madame, fit le comte.

– Moi, monsieur, je suis Mme Héloïse de Villefort.»

Le comte salua en homme devant lequel on prononce un nom parfaitement inconnu.

«Oh! que M. de Villefort sera reconnaissant! reprit Héloise; car enfin il vous devra notre vie à tous deux: vous lui avez rendu sa femme et son fils. Assurément, sans votre généreux serviteur, ce cher enfant et moi, nous étions tués.

– Hélas! madame! je frémis encore du péril que vous avez couru.

– Oh! j’espère que vous me permettrez de récompenser dignement le dévouement de cet homme.

– Madame, répondit Monte-Cristo, ne me gâtez pas Ali, je vous prie, ni par des louanges, ni par des récompenses: ce sont des habitudes que je ne veux pas qu’il prenne. Ali est mon esclave; en vous sauvant la vie il me sert, et c’est son devoir de me servir.

– Mais il a risqué sa vie, dit Mme de Villefort, à qui ce ton de maître imposait singulièrement.

– J’ai sauvé cette vie, madame, répondit Monte-Cristo, par conséquent elle m’appartient.»

Mme de Villefort se tut: peut-être réfléchissait-elle à cet homme qui, du premier abord, faisait une si profonde impression sur les esprits.

Pendant cet instant de silence, le comte put considérer à son aise l’enfant que sa mère couvrait de baisers. Il était petit, grêle, blanc de peau comme les enfants roux, et cependant une forêt de cheveux noirs, rebelles à toute frisure, couvrait son front bombé, et, tombant sur ses épaules en encadrant son visage, redoublait la vivacité de ses yeux pleins de malice sournoise et de juvénile méchanceté; sa bouche, à peine redevenue vermeille, était fine de lèvres et large d’ouverture; les traits de cet enfant de huit ans annonçaient déjà douze ans au moins. Son premier mouvement fut de se débarrasser par une brusque secousse des bras de sa mère, et d’aller ouvrir le coffret d’où le comte avait tiré le flacon d’élixir; puis aussitôt, sans en demander la permission à personne, et en enfant habitué à satisfaire tous ses caprices, il se mit à déboucher les fioles.

«Ne touchez pas à cela, mon ami, dit vivement le comte, quelques-unes de ces liqueurs sont dangereuses, non seulement à boire, mais même à respirer.»

Mme de Villefort pâlit et arrêta le bras de son fils qu’elle ramena vers elle; mais, sa crainte calmée, elle jeta aussitôt sur le coffret un court mais expressif regard que le comte saisit au passage.

En ce moment Ali entra.

Mme de Villefort fit un mouvement de joie, et ramena l’enfant plus près d’elle encore:

«Édouard, dit-elle, vois-tu ce bon serviteur: il a été bien courageux, car il a exposé sa vie pour arrêter les chevaux qui nous emportaient et la voiture qui allait se briser. Remercie-le donc, car probablement sans lui, à cette heure, serions-nous morts tous les deux.»

L’enfant allongea les lèvres et tourna dédaigneusement la tête.

«Il est trop laid», dit-il.

Le comte sourit comme si l’enfant venait de remplir une de ses espérances; quant à Mme de Villefort, elle gourmanda son fils avec une modération qui n’eût, certes, pas été du goût de Jean-Jacques Rousseau si le petit Édouard se fût appelé Émile.

«Vois-tu, dit en arabe le comte à Ali, cette dame prie son fils de te remercier pour la vie que tu leur as sauvée à tous deux, et l’enfant répond que tu es trop laid.»

Ali détourna un instant sa tête intelligente et regarda l’enfant sans expression apparente; mais un simple frémissement de sa narine apprit à Monte-Cristo que l’Arabe venait d’être blessé au cœur.

«Monsieur, demanda Mme de Villefort en se levant pour se retirer, est-ce votre demeure habituelle que cette maison?

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