Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

« – Messieurs, dit-il, et vous, monsieur le comte, vous ne seriez point fâchés, je présume, d’entendre un témoin très important, à ce qu’il assure, et qui vient de se produire de lui-même; ce témoin, nous n’en doutons pas, après tout ce que nous a dit le comte, est appelé à prouver la parfaite innocence de notre collègue. Voici la lettre que je viens de recevoir à cet égard; désirez-vous qu’elle vous soit lue, ou décidez-vous qu’il sera passé outre, et qu’on ne s’arrêtera point à cet incident?»

«M. de Morcerf pâlit et crispa ses mains sur les papiers qu’il tenait, et qui crièrent entre ses doigts.

«La réponse de la commission fut pour la lecture: quant au comte, il était pensif et n’avait point d’opinion à émettre.

«Le président lut en conséquence la lettre suivante:

«Monsieur le président,

«Je puis fournir à la commission d’enquête, chargée d’examiner la conduite en Épire et en Macédoine de M. le lieutenant-général comte de Morcerf, les renseignements les plus positifs.

«Le président fit une courte pause.

«Le comte de Morcerf pâlit; le président interrogea les auditeurs du regard.

« – Continuez!» s’écria-t-on de tous côtés.

«Le président reprit:

«J’étais sur les lieux à la mort d’Ali-Pacha; j’assistai à ses derniers moments; je sais ce que devinrent Vasiliki et Haydée; je me tiens à la disposition de la commission, et réclame même l’honneur de me faire entendre. Je serai dans le vestibule de la Chambre au moment où l’on vous remettra ce billet.

« – Et quel est ce témoin, ou plutôt cet ennemi? demanda le comte d’une voix dans laquelle il était facile de remarquer une profonde altération.

« – Nous allons le savoir, monsieur, répondit le président. La commission est-elle d’avis d’entendre ce témoin?

« – Oui, oui, dirent en même temps toutes les voix.

«On rappela l’huissier.

« – Huissier, demanda le président, y a-t-il quelqu’un qui attende dans le vestibule?

« – Oui, monsieur le président.

« – Qui est-ce que ce quelqu’un?

« – Une femme accompagnée d’un serviteur.

Chacun se regarda.

« – Faites entrer cette femme, dit le président.

«Cinq minutes après, l’huissier reparut; tous les yeux étaient fixés sur la porte, et moi-même, dit Beauchamp, je partageais l’attente et l’anxiété générales.

«Derrière l’huissier marchait une femme enveloppée d’un grand voile qui la cachait tout entière. On devinait bien, aux formes que trahissait ce voile et aux parfums qui s’en exhalaient, la présence d’une femme jeune et élégante, mais voilà tout.

«Le président pria l’inconnue d’écarter son voile et l’on put voir alors que cette femme était vêtue à la grecque; en outre, elle était d’une suprême beauté.

– Ah! dit Morcerf, c’était elle.

– Comment, elle?

– Oui, Haydée.

– Qui vous l’a dit?

– Hélas! je le devine. Mais continuez, Beauchamp, je vous prie. Vous voyez que je suis calme et fort. Et cependant nous devons approcher du dénouement.

– M. de Morcerf, continua Beauchamp, regardait cette femme avec une surprise mêlée d’effroi. Pour lui, c’était la vie ou la mort qui allait sortir de cette bouche charmante; pour tous les autres, c’était une aventure si étrange et si pleine de curiosité, que le salut ou la perte de M. de Morcerf n’entrait déjà plus dans cet événement que comme un élément secondaire.

«Le président offrit de la main un siège à la jeune femme; mais elle fit signe de la tête qu’elle resterait debout. Quant au comte, il était retombé sur son fauteuil, et il était évident que ses jambes refusaient de le porter.

« – Madame, dit le président, vous avez écrit à la commission pour lui donner des renseignements sur l’affaire de Janina, et vous avez avancé que vous aviez été témoin oculaire des événements.

« – Je le fus en effet», répondit l’inconnue avec une voix pleine d’une tristesse charmante, et empreinte de cette sonorité particulière aux voix orientales.

« – Cependant, reprit le président, permettez-moi de vous dire que vous étiez bien jeune alors.

« – J’avais quatre ans; mais comme les événements avaient pour moi une suprême importance, pas un détail n’est sorti de mon esprit, pas une particularité n’a échappé à ma mémoire.

« – Mais quelle importance avaient donc pour vous ces événements, et qui êtes-vous pour que cette grande catastrophe ait produit sur vous une si profonde impression?

« – Il s’agissait de la vie ou de la mort de mon père répondit la jeune fille, et je m’appelle Haydée, fille d’Ali-Tebelin, pacha de Janina, et de Vasiliki, sa femme bien-aimée.»

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