Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Et puis, chacune des choses oubliées ou inaperçues redevenait visible à ses yeux ou présente à son souvenir. Monte-Cristo savait tout, puisqu’il avait acheté la fille d’Ali-Pacha, or, sachant tout, il avait conseillé à Danglars d’écrire à Janina. Cette réponse connue, il avait accédé au désir manifesté par Albert d’être présenté à Haydée; une fois devant elle, il avait laissé l’entretien tomber sur la mort d’Ali, ne s’opposant pas au récit d’Haydée (mais ayant sans doute donné à la jeune fille dans les quelques mots romaïques qu’il avait prononcés des instructions qui n’avaient point permis à Morcerf de reconnaître son père); d’ailleurs n’avait-il pas prié Morcerf de ne pas prononcer le nom de son père devant Haydée? Enfin il avait mené Albert en Normandie au moment où il savait que le grand éclat devait se faire. Il n’y avait pas à en douter, tout cela était un calcul, et, sans aucun doute, Monte-Cristo s’entendait avec les ennemis de son père.

Albert prit Beauchamp dans un coin et lui communiqua toutes ses idées.

«Vous avez raison, dit celui-ci; M. Danglars n’est, dans ce qui est arrivé, que pour la partie brutale et matérielle; c’est à M. de Monte-Cristo que vous devez demander une explication.»

Albert se retourna.

«Monsieur, dit-il à Danglars, vous comprenez que je ne prends pas encore de vous un congé définitif; il me reste à savoir si vos inculpations sont justes, et je vais de ce pas m’en assurer chez M. le comte de Monte-Cristo.»

Et, saluant le banquier, il sortit avec Beauchamp sans paraître autrement s’occuper de Cavalcanti.

Danglars les reconduisit jusqu’à la porte, et, à la porte, renouvela à Albert l’assurance qu’aucun motif de haine personnel ne l’animait contre M. le comte de Morcerf.

LXXXVIII. L’insulte

À la porte du banquier, Beauchamp arrêta Morcerf.

«Écoutez, lui dit-il, tout à l’heure je vous ai dit, chez M. Danglars, que c’était à M. de Monte-Cristo que vous deviez demander une explication?

– Oui, et nous allons chez lui.

– Un instant, Morcerf; avant d’aller chez le comte, réfléchissez.

– À quoi voulez-vous que je réfléchisse?

– À la gravité de la démarche.

– Est-elle plus grave que d’aller chez M. Danglars?

– Oui; M. Danglars était un homme d’argent, et vous le savez, les hommes d’argent savent trop le capital qu’ils risquent pour se battre facilement. L’autre au contraire, est un gentilhomme, en apparence du moins; mais ne craignez-vous pas, sous le gentilhomme, de rencontrer le bravo?

– Je ne crains qu’une chose, c’est de trouver un homme qui ne se batte pas.

– Oh! soyez tranquille, dit Beauchamp, celui-là se battra. J’ai même peur d’une chose, c’est qu’il ne se batte trop bien; prenez garde!

– Ami, dit Morcerf avec un beau sourire, c’est ce que je demande; et ce qui peut m’arriver de plus heureux, c’est d’être tué pour mon père: cela nous sauvera tous.

– Votre mère en mourra!

– Pauvre mère! dit Albert en passant la main sur ses yeux, je le sais bien; mais mieux vaut qu’elle meure de cela que de mourir de honte.

– Vous êtes bien décidé, Albert?

– Oui.

– Allez donc! Mais croyez-vous que nous le trouvions?

– Il devait revenir quelques heures après moi, et certainement il sera revenu.»

Ils montèrent, et se firent conduire avenue des Champs-Élysées, n°30.

Beauchamp voulait descendre seul, mais Albert lui fit observer que cette affaire, sortant des règles ordinaires, lui permettait de s’écarter de l’étiquette du duel.

Le jeune homme agissait dans tout ceci pour une cause si sainte, que Beauchamp n’avait autre chose à faire qu’à se prêter à toutes ses volontés: il céda donc à Morcerf et se contenta de le suivre.

Albert ne fit qu’un bond de la loge du concierge au perron. Ce fut Baptistin qui le reçut.

Le comte venait d’arriver effectivement, mais il était au bain, et avait défendu de recevoir qui que ce fût au monde.

«Mais, après le bain? demanda Morcerf.

– Monsieur dînera.

– Et après le dîner?

– Monsieur dormira une heure.

– Ensuite?

– Ensuite il ira à l’Opéra.

– Vous en êtes sûr? demanda Albert.

– Parfaitement sûr; monsieur a commandé ses chevaux pour huit heures précises.

– Fort bien, répliqua Albert; voilà tout ce que je voulais savoir.»

Puis, se retournant vers Beauchamp:

«Si vous avez quelque chose à faire, Beauchamp, faites-le tout de suite; si vous avez rendez-vous ce soir, remettez-le à demain. Vous comprenez que je compte sur vous pour aller à l’Opéra. Si vous le pouvez, amenez-moi Château-Renaud.»

Beauchamp profita de la permission et quitta Albert après lui avoir promis de le venir prendre à huit heures moins un quart.

Rentré chez lui, Albert prévint Franz, Debray et Morrel du désir qu’il avait de les voir le soir même à l’Opéra.

Puis il alla visiter sa mère, qui, depuis les événements de la veille, avait fait défendre sa porte et gardait la chambre. Il la trouva au lit, écrasée par la douleur de cette humiliation publique.

La vue d’Albert produisit sur Mercédès l’effet qu’on en pouvait attendre; elle serra la main de son fils et éclata en sanglots. Cependant ces larmes la soulagèrent.

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