Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Cela m’est parfaitement indifférent, monsieur, dit le comte de Monte-Cristo; il était donc inutile de venir me déranger au spectacle pour si peu de chose. En France, on se bat à l’épée ou au pistolet, aux colonies, on prend la carabine, en Arabie, on a le poignard. Dites à votre client que, quoique insulté pour être excentrique jusqu’au bout, je lui laisse le choix des armes, et que j’accepterai tout sans discussion, sans conteste; tout, entendez-vous bien? tout, même le combat par voie du sort, ce qui est toujours stupide. Mais moi, c’est autre chose: je suis sûr de gagner.

– Sûr de gagner! répéta Beauchamp en regardant le comte d’un œil effaré.

– Eh! certainement, dit Monte-Cristo en haussant légèrement les épaules. Sans cela je ne me battrais pas avec M. de Morcerf. Je le tuerai, il le faut, cela sera. Seulement, par un mot ce soir chez moi, indiquez-moi l’arme et l’heure; je n’aime pas à me faire attendre.

– Au pistolet, à huit heures du matin au bois de Vincennes, dit Beauchamp, décontenancé, ne sachant pas s’il avait affaire à un fanfaron outrecuidant ou à un être surnaturel.

– C’est bien, monsieur, dit Monte-Cristo. Maintenant que tout est réglé, laissez-moi entendre le spectacle, je vous prie, et dites à votre ami Albert de ne pas revenir ce soir: il se ferait tort avec toutes ses brutalités de mauvais goût. Qu’il rentre et qu’il dorme.»

Beauchamp sortit tout étonné.

«Maintenant, dit Monte-Cristo en se retournant vers Morrel, je compte sur vous, n’est-ce pas?

– Certainement, dit Morrel, et vous pouvez disposer de moi, comte; cependant…

– Quoi?

– Il serait important, comte, que je connusse la véritable cause…

– C’est-à-dire, que vous me refusez?

– Non pas.

– La véritable cause, Morrel? dit le comte; ce jeune homme lui-même marche en aveugle et ne la connaît pas. La véritable cause, elle n’est connue que de moi et de Dieu; mais je vous donne ma parole d’honneur, Morrel, que Dieu, qui la connaît, sera pour nous.

– Cela suffit, comte, dit Morrel. Quel est votre second témoin?

– Je ne connais personne à Paris à qui je veuille faire cet honneur, que vous, Morrel, et votre beau-frère Emmanuel. Croyez-vous qu’Emmanuel veuille me rendre ce service?

– Je vous réponds de lui comme de moi, comte.

– Bien! c’est tout ce qu’il me faut. Demain, à sept heures du matin chez moi, n’est-ce pas?

– Nous y serons.

– Chut! voici la toile qui se lève, écoutons. J’ai l’habitude de ne pas perdre une note de cet opéra; c’est une si adorable musique que celle de Guillaume Tell!»

LXXXIX. La nuit

M. de Monte-Cristo attendit, selon son habitude, que Duprez eût chanté son fameux Suivez-moi! et alors seulement il se leva et sortit.

À la porte, Morrel le quitta en renouvelant la promesse d’être chez lui, avec Emmanuel, le lendemain matin à sept heures précises. Puis il monta dans son coupé, toujours calme et souriant. Cinq minutes après il était chez lui. Seulement il eût fallu ne pas connaître le comte pour se laisser tromper à l’expression avec laquelle il dit en entrant à Ali:

«Ali, mes pistolets à crosse d’ivoire!»

Ali apporta la boîte à son maître, et celui-ci se mit à examiner ces armes avec une sollicitude bien naturelle à un homme qui va confier sa vie à un peu de fer et de plomb. C’étaient des pistolets particuliers que Monte-Cristo avait fait faire pour tirer à la cible dans ses appartements. Une capsule suffisait pour chasser la balle, et de la chambre à côté on n’aurait pas pu se douter que le comte, comme on dit en termes de tir, était occupé à s’entretenir la main.

Il en était à emboîter l’arme dans sa main, et à chercher le point de mire sur une petite plaque de tôle qui lui servait de cible, lorsque la porte de son cabinet s’ouvrit et que Baptistin entra.

Mais, avant même qu’il eût ouvert la bouche, le comte aperçut dans la porte, demeurée ouverte, une femme voilée, debout, dans la pénombre de la pièce voisine, et qui avait suivi Baptistin.

Elle avait aperçu le comte le pistolet à la main, elle voyait deux épées sur une table, elle s’élança.

Baptistin consultait son maître du regard. Le comte fit un signe, Baptistin sortit, et referma la porte derrière lui.

«Qui êtes-vous, madame?» dit le comte à la femme voilée.

L’inconnue jeta un regard autour d’elle pour s’assurer qu’elle était bien seule, puis s’inclinant comme si elle eût voulu s’agenouiller, et joignant les mains avec accent du désespoir:

«Edmond, dit-elle, vous ne tuerez pas mon fils!»

Le comte fit un pas en arrière, jeta un faible cri et laissa tomber l’arme qu’il tenait.

«Quel nom avez-vous prononcé, là, madame de Morcerf? dit-il.

– Le vôtre! s’écria-t-elle en rejetant son voile, le vôtre que seule, peut-être, je n’ai pas oublié. Edmond, ce n’est pas Mme de Morcerf qui vient à vous, c’est Mercédès.

– Mercédès est morte, madame, dit Monte-Cristo, et je ne connais plus personne de ce nom.

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