Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Une lumière courait de temps en temps comme éperdue, et passait devant trois fenêtres du premier étage. Ces trois fenêtres étaient celles de l’appartement de Mme de Saint-Méran.

Une autre lumière restait immobile derrière des rideaux rouges. Ces rideaux étaient ceux de la chambre à coucher de Mme de Villefort.

Morrel devina tout cela. Tant de fois, pour suivre Valentine en pensée à toute heure du jour, tant de fois, disons-nous, il s’était fait faire le plan de cette maison, que, sans l’avoir vue, il la connaissait.

Le jeune homme fut encore plus épouvanté de cette obscurité et de ce silence qu’il ne l’avait été de l’absence de Valentine.

Éperdu, fou de douleur, décidé à tout braver pour revoir Valentine et s’assurer du malheur qu’il pressentait, quel qu’il fût, Morrel gagna la lisière du massif, et s’apprêtait à traverser le plus rapidement possible le parterre, complètement découvert, quand un son de voix encore assez éloigné, mais que le vent lui apportait, parvint jusqu’à lui.

À ce bruit, il fit un pas en arrière, déjà à moitié sorti du feuillage, il s’y enfonça complètement et demeura immobile et muet, enfoui dans son obscurité.

Sa résolution était prise: si c’était Valentine seule, il l’avertirait par un mot au passage; si Valentine était accompagnée, il la verrait au moins et s’assurerait qu’il ne lui était arrivé aucun malheur; si c’étaient des étrangers, il saisirait quelques mots de leur conversation et arriverait à comprendre ce mystère, incompréhensible jusque-là.

La lune alors sortit du nuage qui la cachait, et, sur la porte du perron, Morrel vit apparaître Villefort, suivi d’un homme vêtu de noir. Ils descendirent les marches et s’avancèrent vers le massif. Ils n’avaient pas fait quatre pas que, dans cet homme vêtu de noir, Morrel avait reconnu le docteur d’Avrigny.

Le jeune homme, en les voyant venir à lui, recula machinalement devant eux jusqu’à ce qu’il rencontrât le tronc d’un sycomore qui faisait le centre du massif; là il fut forcé de s’arrêter.

Bientôt le sable cessa de crier sous les pas des deux promeneurs.

«Ah! cher docteur, dit le procureur du roi, voici le Ciel qui se déclare décidément contre ma maison. Quelle horrible mort! quel coup de foudre! N’essayez pas de me consoler; hélas! la plaie est trop vive et trop profonde! Morte, morte!»

Une sueur froide glaça le front du jeune homme et fit claquer ses dents. Qui donc était mort dans cette maison que Villefort lui-même disait maudite?

«Mon cher monsieur de Villefort, répondit le médecin avec un accent qui redoubla la terreur du jeune homme, je ne vous ai point amené ici pour vous consoler, tout au contraire.

– Que voulez-vous dire? demanda le procureur du roi, effrayé.

– Je veux dire que, derrière le malheur qui vient de vous arriver, il en est un autre plus grand encore peut-être.

– Oh! mon Dieu! murmura Villefort en joignant les mains, qu’allez-vous me dire encore?

– Sommes-nous bien seuls, mon ami?

– Oh! oui, bien seuls. Mais que signifient toutes ces précautions?

– Elles signifient que j’ai une confidence terrible à vous faire, dit le docteur: asseyons-nous.»

Villefort tomba plutôt qu’il ne s’assit sur un banc. Le docteur resta debout devant lui, une main posée sur son épaule. Morrel, glacé d’effroi, tenait d’une main son front, de l’autre comprimait son cœur, dont il craignait qu’on entendît les battements.

«Morte, morte!» répétait-il dans sa pensée avec la voix de son cœur.

Et lui-même se sentait mourir.

«Parlez, docteur, j’écoute, dit Villefort; frappez, je suis préparé à tout.

– Mme de Saint-Méran était bien âgée sans doute, mais elle jouissait d’une santé excellente.»

Morrel respira pour la première fois depuis dix minutes.

«Le chagrin l’a tuée, dit Villefort, oui, le chagrin, docteur! Cette habitude de vivre depuis quarante ans près du marquis!…

– Ce n’est pas le chagrin, mon cher Villefort, dit le docteur. Le chagrin peut tuer, quoique les cas soient rares, mais il ne tue pas en un jour, mais il ne tue pas en une heure, mais il ne tue pas en dix minutes.»

Villefort ne répondit rien; seulement il leva la tête qu’il avait tenue baissée jusque-là, et regarda le docteur avec des yeux effarés.

«Vous êtes resté là pendant l’agonie? demanda M. d’Avrigny.

– Sans doute, répondit le procureur du roi; vous m’avez dit tout bas de ne pas m’éloigner.

– Avez-vous remarqué les symptômes du mal auquel Mme de Saint-Méran a succombé?

Перейти на страницу:

Похожие книги

Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй
Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй

«Шедевры юмора. 100 лучших юмористических историй» — это очень веселая книга, содержащая цвет зарубежной и отечественной юмористической прозы 19–21 века.Тут есть замечательные произведения, созданные такими «королями смеха» как Аркадий Аверченко, Саша Черный, Влас Дорошевич, Антон Чехов, Илья Ильф, Джером Клапка Джером, О. Генри и др.◦Не менее веселыми и задорными, нежели у классиков, являются включенные в книгу рассказы современных авторов — Михаила Блехмана и Семена Каминского. Также в сборник вошли смешные истории от «серьезных» писателей, к примеру Федора Достоевского и Леонида Андреева, чьи юмористические произведения остались практически неизвестны современному читателю.Тематика книги очень разнообразна: она включает массу комических случаев, приключившихся с деятелями культуры и журналистами, детишками и барышнями, бандитами, военными и бизнесменами, а также с простыми скромными обывателями. Читатель вволю посмеется над потешными инструкциями и советами, обучающими его искусству рекламы, пения и воспитанию подрастающего поколения.

Вацлав Вацлавович Воровский , Всеволод Михайлович Гаршин , Ефим Давидович Зозуля , Михаил Блехман , Михаил Евграфович Салтыков-Щедрин

Проза / Классическая проза / Юмор / Юмористическая проза / Прочий юмор