Pour changer en amour notre amouretteIl s'en serait pas fallu de beaucoupMais, ce jour-là, Vénus était distraiteIl est des jours où Cupidon s'en foutDes jours où il joue les mouches du cocheOù elles sont émoussées dans le boutLes flèches courtoises qu'il nous décocheIl est des jours où Cupidon s'en foutSe consacrant à d'autres imbécilesIl n'eu pas l'heur de s'occuper de nousAvec son arc et tous ses ustensilesIl est des jours où Cupidon s'en foutOn a tenté sans lui d'ouvrir la fêteSur l'herbe tendre, on s'est roulés, mais vousAvez perdu la vertu, pas la têteIl est des jours où Cupidon s'en foutSi vous m'avez donné toute licenceLe cœur, hélas, n'était pas dans le coupLe feu sacré brillait par son absenceIl est des jours où Cupidon s'en foutOn effeuilla vingt fois la margueriteElle tomba vingt fois sur "pas du tout"Et notre pauvre idylle a fait failliteIl est des jours où Cupidon s'en foutQuand vous irez au bois conter fleuretteJeunes galants, le ciel soit avec vousJe n'eus pas cette chance et le regretteIl est des jours où Cupidon s'en fout
Dans l'eau de la claire fontaine
Dans l'eau de la claire fontaineElle se baignait toute nueUne saute de vent soudaineJeta ses habits dans les nuesEn détresse, elle me fit signePour la vêtir, d'aller chercherDes monceaux de feuilles de vigneFleurs de lis ou fleurs d'orangerAvec des pétales de rosesUn bout de corsage lui fisLa belle n'était pas bien grosseUne seule rose a suffiAvec le pampre de la vigneUn bout de cotillon lui fisMais la belle était si petiteQu'une seule feuille a suffiElle me tendit ses bras, ses lèvresComme pour me remercierJe les pris avec tant de fièvreQu'ell' fut toute déshabilléeLe jeu dut plaire à l'ingénueCar, à la fontaine souventEll' s'alla baigner toute nueEn priant Dieu qu'il fit du ventQu'il fit du vent…
Discours des fleurs
Paroles: Georges Brassens. Musique: Eric Zimmermann 1957