La penseeNous faudra t’il toujours enchaTner la peusee?Et la soumettre au joug pour la voir abaissee?N’est-elle point semblable a l’aigle dans les airs,Qui plane sur l’abyme et traverse les mers?Qui plus prompt que le trait, parcourant les deserts,S’arrete sur les monts aux dessus des nuages?..Ah! laissons lui son vol et reservons les cagesA ces gentils oiseaux, pares de leur plumage,Qui chantent dans les bois, pour qu’il soient entendus,Et s’abattent joyeux sur les flets tendus!Quand la pensee est grande, elle doit etre libre:Il faut briser ses fers, il faut qu’on la delivre;Alors son vol sera rapide, audacieux!Il lui decouvrira les arcanes des cieux,Ces mondes si brillants, mais caches a nos yeux,Qui, l’attirant toujours, la repoussent encore;Leur source etanchera la soif qui la devore!..Plus belle, rajeunie, et pleine de vigueur,Allumant ses fambeaux pour dissiper l’erreur —Ou pourraient la plonger les merveilleux mirages,Elle atteindra le but de ses lointains voyages…Et je revais pour elle ainsi la liberte;Mais revenue bientot a la realite,Par une voix secrete et cependant sonore,Qu’on craint presque toujours, que la passion abhorre,Cette voix me disait: «Homme stupide et vain!Toi meme dans les fers, esclave du destin,Creation imparfaite, et du ciel repoussee!..Est-ce atoid’elever jusqu’a lui la pensee?!!Si l’aigle sans frayeur traverse les deserts,C’est qu’il peut de son oeil en mesurer l’espace,Appercevoir son but, les monts couverts de glace;Mais ta pensee a toi, volant dans l’univers —Cet espace sans fn, – egaree, epuisee,Ou peut elle ployer son oeil fatigue?Ces mondes si brillants, qu’elle interrogerait,Seront muets pour elle, et partout le silence;Ne voyant que la mort aupres de l’existence,Sans espoir vers la terre elle rotoumerait»…1 Juillet