Исключительный интерес представляет письмо Фр. Баадера к министру народного просвещения гр. Уварову. Письмо называется "Mission de 1'Eglise Russe dans la decadence du christianisme de 1'occident"[10]. Оно впервые опубликовано в книге Е. Susini "Lettres inedites de Franz von Baader"[11]. Ф. Баадер очень замечательный и в свое время недостаточно оцененный мыслитель, наиболее близкий русской мысли. Он свободный католик и вместе с тем христианский теософ,
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возродивший интерес к Я. Беме, влиявший на Шеллинга последнего периода. Он имел большую симпатию к православной церкви и хотел сближения с ней. Он видел в России посредницу между Востоком и Западом. Баадер говорит многое близкое славянофилам и Вл. Соловьеву. Он решил ехать в Россию, куда его приглашал кн. Голицын. Но с ним случился русский анекдот. Его на границе арестовали и выслали из России. Баадер очень обиделся, писал об этом Александру I и кн. Голицыну. Но в Россию он так и не проник. В письме к Уварову он излагает свои замечательные мысли о миссии православной церкви в России. Письмо очень интересно нам тем, что обнаруживает на Западе мысли, близкие русской мысли. Под многим мог бы подписаться Хомяков. Русские много и часто несправедливо писали о разложении Запада, имея в виду, главным образом, антихристианский Запад. Но Баадер говорит о разложении и христианского Запада и ищет спасения Запада в России и православной церкви. Письмо, написанное по-французски, настолько интересно, что я приведу значительную часть его:
"S'il est un fait qui caracterise 1'epoque actuelle, c'est assurement ce mouvement irresistible de 1'Occident vers 1'Orient. La Russie qui possede en elle 1'element europeen occidental, aussi bien que 1'element oriental, doit, dans ce grand rapprochement, necessairement jouer Ie role de 1'intermediaire qui arretera les funestes consequences du choc. L'Eglise Russe de son cote a maintenant, si je ne me trompe, une tache semblable a remplir a 1'occasion de la decadence alarmante et scandaleuse du christianisme dans 1'Occident; placee en face de la stagnation du christianisme dans 1'Eglise Romaine et de sa dissolution dans 1'Eglise protestante, elle recoit, a mon avis, une mission intermediaire qui est plus liee qu'on ne Ie pense de 1'ordinaire avec celle du pays auquel elle appartient. Qu'il me soit permis d'indiquer en peu de mots cette decadence du christianisme dans 1'Occident
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et les causes pour lesquelles 1'Eglise Russe s'etant maintenue a 1'abri de cette decadence, est en etat, par ci-meme, d'exercer une influence liberatrice sur 1'Occident. Cette influence ne sera point polemique, elle resultera de son exemple et de sa doctrine solidement fondee sur la science religieuse dont Ie catholicisme romain est aussi loin par son principe destructif (par sa science hostile a la foi)... Les Francais ont choisi et inocule en eux comme principe constitutif Ie principe destructif de la revolution, de meme que les philosophes ont adopte pour principe constituant Ie principe destructeur du doute cartesien, lequel dans Ie fond ne vaut pas mieux que le scepticisme... J'ai ete le premier et je suis encore presque le seui, qui ait decouvert cette erreur fondamentale de la philosophic moderne; j'ai demontre que tous les philosophes (sans en excepter Leibnitz) depuis 'Descartes et son successeur Spinoza, sont partis de ce principe destructeur et revolutionnaire en ce qui tient a la vie religieuse, qui dans Ie sphere de la politique a donne naissance au principe constitutionnel; j'ai demontre qu'une reforme fondamentale n'est possible qu'en tant qu'elle s'exercera simultanement dans les deux spheres de la philosophic et de la politique. II se trompent a mon avis d'une maniere dangereuse ces homines d'Etat et ces meneurs qui presument que le mode de pensee des peuples (c'est-a-dire leur philosophic) est une chose indifferente, et qu'une science sans priere n'entraine pas apres elle un qouvernement sans priere — cette ruine pour gouverneur et gouvernes... La Providence a tenu jusqu'a ce jour 1'Eglise Russe en dehors de ce mouvement europeen, dont l'effet a ete de dechristianiser aussi bien la science que la societe civile; et precisement parce qu'elle a defendu l'ancien catholicisme contre cex deux ennemis, le papisme et le protestantisme, parce qu'elle ne proscrit pas l'usage de la raison comme 1'Eglise Romaine, sans laisser passage comme le protestantisme, aux abus qui en peuvent resulter, — elle seule est capable de se presenter comme mediatrice, ce qui du reste devra se
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faire par Ie seui secours de la science en Russie "par les Russes"»[12].
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