Читаем Русская идея. Миросозерцание Достоевского (сборник) полностью

Исключительный интерес представляет письмо Фр. Баадера к министру народного просвещения гр. Уварову. Письмо называется «Mission de l’Eglise Russe dans la decadent du christianisme de l’occident». Оно впервые опубликовано в книге Е. Susini «Lettres inedites de Franz von Baader»[22]. Фр. Баадер очень замечательный и в свое время недостаточно оцененный мыслитель, наиболее близкий русской мысли. Он свободный католик и вместе с тем христианский теософ, возродивший интерес к Я. Беме, влиявший на Шеллинга последнего периода. Он имел большую симпатию к православной церкви и хотел сближения с ней. Он видел в России посредницу между Востоком и Западом. Баадер говорит многое близкое славянофилам и Вл. Соловьеву. Он решил ехать в Россию, куда его приглашал кн. Голицын. Но с ним случился русский анекдот. Его на границе арестовали и выслали из России. Баадер очень обиделся, писал об этом Александру I и кн. Голицыну. Но в Россию он так и не проник. В письме к Уварову он излагает свои замечательные мысли о миссии православной церкви в России. Письмо очень интересно нам тем, что обнаруживает на Западе мысли, близкие русской мысли. Под многим мог бы подписаться Хомяков. Русские много и часто несправедливо писали о разложении Запада, имея в виду, главным образом, антихристианский Запад. Но Баадер говорит о разложении и христианского Запада и ищет спасения Запада в России и православной церкви. Письмо, написанное по-французски, настолько интересно, что я приведу значительную часть его:

«S’il est un fait qui caracterise l’epoque actuelle, c’est assurement ce mouvement irresistible de l’Occident vers l’Orient. La Russie qui possede en elle l’element europeen occidental aussi bien que l’'el'ement oriental, doit, dans ce grand rapprochement, n'ecessairement jouer le r^ole de l’interm'ediaire qui arr^etera les funestes cons'equences du choc. L’Eglise Russe de son c^ote a maintenant, si je ne me trompe, une t^ache semblable `a remplir `a l’occasion de la d'ecadence alarmante et scandaleuse du christianisme dans l’Occident; plac'ee en face de la stagnation du christianisme dans l’Eglise Romaine et de sa dissolution dans l’Eglise protestante, elle recoit, `a mon avis, une mission interm'ediaire qui est plus li'eе qu’on ne le pense de l’ordinaire avec celle du pays auquel elle appartient. Qu’il me soit permis d’indiquer en peu de mots cette d'ecadence du christianisme dans l’Occident et les causes pour lesquelles l’Eglise Russe s’'etant maintenue `a l’abri de cette d'ecadence, est en ^etat, par ci-m^eme, d’exercer une influence lib'eratrice sur l’Occident. Cette influence ne sera point pol'emique, elle r'esultera de son exemple et de sa doctrine solidement fond'ee sur la science religieuse dont le catholicisme romain est aussi loin par son principe destructif (par sa science hostile `a la foi)… Les Francais ont choisi et inocul'e en eux comme principe constitutif le principe destructif de la r'evolution, de m^eme que les philosophes ont adopt'e pour principe constituant le principe destructeur du doute cart'esien, lequel dans le fond ne vaut pas mieux que le scepticisme… J’ai ^et^e le premier et je suis encore presque le seul, qui ait d'ecouvert cette erreur fondamentale de la philosophic moderne; j’ai d'emontr'e que tous les philosophes (sans en excepter Leibnitz) depuis Descartes et son successeur Spinoza, sont partis de ce principe destructeur et r'evolutionnaire en ce qui tient а la vie religieuse, qui dans le sph'ere de la politique `a donn'e naissance au principe constitutionnel; j’ai d'emontr'e qu’une r'eforme fondamentale n’est possible qu’en tant qu’elle s’exercera simultan'ement dans les deux sph`eres de la philosophie et de la politique. Il se trompent а mon avis d’une mani`ere dangereuse ces hommes d’Etat et ces meneurs qui presum'ent que le mode de pens'ee des peuples (c’est-а-dire leur philosophie) est une chose indiff'erente, et qu’une science sans pri`ere n’entraоne pas aprus elle un qouvernement sans pri`ere – cette ruine pour gouverneur et gouvern'es… La Providence a tenu jusqu’а ce jour l’Eglise Russe en dehors de ce mouvement europ'een, dont l’effet `a ^et^e de d'echristianiser aussi bien la science que la soci'et'e civile; et pr'ecis'ement parce qu’elle a d'efendu l’ancien catholicisme contre cex deux ennemis, le papisme et le protestantisme, parce qu’elle ne proscrit pas l’usage de la raison comme l’Eglise Romaine, sans laisser passage comme le protestantisme, aux abus qui en peuvent r'esulter, – elle seule est capable de se pr'esenter comme m'ediatrice, ce qui du reste devra se faire par le seul secours de la science en Russie «par les Russes».[23]

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