Читаем Sans famille полностью

– Qui me cherche ? Oh ! mère Barberin, parle, parle vite, je t’en prie.

Puis tout à coup, il me sembla que j’étais fou, et je m’écriai :

– Mais non, c’est impossible, c’est Barberin qui me cherche.

– Oui, sûrement, mais pour ta famille.

– Non, pour lui, pour me reprendre, pour me revendre, mais il ne me reprendra pas.

– Oh ! mon Rémi, comment peux-tu penser que je me prêterais à cela ?

– Il veut te tromper, mère Barberin.

– Voyons, mon enfant, sois raisonnable, écoute ce que j’ai à te dire et ne te fais point ainsi des frayeurs.

– Je me souviens.

– Écoute ce que j’ai entendu moi-même : cela tu le croiras, n’est-ce pas ? Il y aura lundi prochain un mois, j’étais à travailler dans le fournil quand un homme ou pour mieux dire un monsieur entra dans la maison, où se trouvait Barberin à ce moment. – C’est vous qui vous nommez Barberin ? dit le monsieur qui parlait avec l’accent de quelqu’un qui ne serait pas de notre pays. – Oui, répondit Jérôme, c’est moi. – C’est vous qui avez trouvé un enfant à Paris, avenue de Breteuil, et qui vous êtes chargé de l’élever ? – Oui. – Où est cet enfant présentement, je vous prie ? – Qu’est-ce que ça vous fait, je vous prie, répondit Jérôme.

Si j’avais douté de la sincérité de mère Barberin, j’aurais reconnu à l’amabilité de cette réponse de Barberin, qu’elle me rapportait bien ce qu’elle avait entendu.

– Tu sais, continua-t-elle, que de dedans le fournil on entend ce qui se dit ici, et puis il était question de toi, ça me donnait envie d’écouter. Alors comme pour mieux entendre je m’approchais, je marchai sur une branche qui se cassa. – Nous ne sommes donc pas seuls ? dit le monsieur. – C’est ma femme, répondit Jérôme. – Il fait bien chaud ici, dit le monsieur, si vous vouliez nous sortirions pour causer. Ils s’en allèrent tous deux, et ce fut seulement trois ou quatre heures après que Jérôme revint tout seul. Tu t’imagines combien j’étais curieuse de savoir ce qui s’était dit entre Jérôme et ce monsieur qui était peut-être ton père, mais Jérôme ne répondit pas à tout ce que je lui demandai. Il me dit seulement que ce monsieur n’était pas ton père, mais qu’il faisait des recherches pour te retrouver de la part de ta famille.

– Et où est ma famille ! Quelle est-elle ? Ai-je un père ? une mère ?

– Ce fut ce que je demandai comme toi, à Jérôme. Il me dit qu’il n’en savait rien. Puis il ajouta qu’il allait partir pour Paris afin de retrouver le musicien auquel il t’avait loué, et qui lui avait donné son adresse à Paris rue de Lourcine chez un autre musicien appelé Garofoli. J’ai bien retenu tous les noms, retiens-les toi-même.

– Je les connais, sois tranquille : et depuis son départ, Barberin ne t’a rien fait savoir ?

– Non, sans doute il cherche toujours : le monsieur lui avait donné cent francs en cinq louis d’or et depuis il lui aura donné sans doute d’autre argent. Tout cela et aussi les beaux langes dans lesquels tu étais enveloppé lorsqu’on t’a trouvé, est la preuve que tes parents sont riches ; quand je t’ai vu là au coin de la cheminée j’ai cru que tu les avais retrouvés, et c’est pour cela que j’ai cru que ton camarade était ton vrai frère.

À ce moment, Mattia passa devant la porte, je l’appelai :

– Mattia ; mes parents me cherchent, j’ai une famille, une vraie famille.

Mais, chose étrange, Mattia ne parut pas partager ma joie et mon enthousiasme.

Alors je lui fis le récit de ce que mère Barberin venait de me rapporter.

X

L’ancienne et la nouvelle famille.

Je dormis peu cette nuit-là ; et cependant combien de fois, en ces derniers temps, m’étais-je fait fête de coucher dans mon lit d’enfant où j’avais passé tant de bonnes nuits, autrefois, sans m’éveiller, blotti dans mon coin, les couvertures tirées jusqu’au menton ; combien de fois aussi lorsque j’avais été obligé de coucher à la belle étoile (qui n’avait pas toujours été belle, hélas !), avais-je regretté cette bonne couverture, glacé par le froid de la nuit, ou transpercé jusqu’aux os par la rosée du matin.

Aussitôt que je fus couché, je m’endormis, car j’étais fatigué de ma journée et aussi de la nuit passée dans la prison, mais je ne tardai pas à me réveiller en sursaut, et alors il me fut impossible de retrouver le sommeil : j’étais trop agité, trop enfiévré.

Ma famille !

Quand le sommeil m’avait gagné, c’était à cette famille que j’avais pensé, et pendant le court espace de temps que j’avais dormi, j’avais rêvé famille, père, mère, frères, sœurs ; en quelques minutes, j’avais vécu avec ceux que je ne connaissais pas encore et que j’avais vus en ce moment pour la première fois ; chose curieuse, Mattia, Lise, mère Barberin, madame Milligan, Arthur, étaient de ma famille, et mon père était Vitalis, il était ressuscité, et il était très-riche ; pendant que nous avions été séparés, il avait eu le temps de retrouver Zerbino et Dolce, qui n’avaient pas été mangés par les loups, comme nous l’avions cru.

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