Читаем Sans famille полностью

L’esprit emporté par mon espérance, je n’avais pas pensé à Garofoli ; mais tout ce que Mattia venait de me dire était possible et je n’avais pas besoin d’explication pour comprendre à quel danger nous étions exposés.

— Que veux-tu ? lui demandai-je, veux-tu ne pas entrer dans Paris ?

— Je crois que si je n’allais pas dans la rue Mouffetard, ce serait assez pour échapper à la mauvaise chance de rencontrer Garofoli.

— Eh bien, ne viens pas rue Mouffetard, j’irai seul ; et nous nous retrouverons quelque part ce soir, à 7 heures.

L’endroit convenu entre Mattia et moi pour nous retrouver fut le bout du pont de l’Archevêché, du côté du chevet de Notre-Dame ; et les choses ainsi arrangées nous nous remîmes en route pour entrer dans Paris.

Arrivés à la place d’Italie nous nous séparâmes, émus tous deux comme si nous ne devions plus nous revoir, et tandis que Mattia et Capi descendaient vers le Jardin des Plantes, je me dirigeai vers la rue Mouffetard, qui n’était qu’à une courte distance.

C’était la première fois depuis six mois que je me trouvais seul sans Mattia, sans Capi près de moi, et, dans ce grand Paris, cela me produisait une pénible sensation.

Mais je ne devais pas me laisser abattre par ce sentiment : n’allais-je pas retrouver Barberin, et par lui ma famille ?

J’avais écrit sur un papier les noms et les adresses des logeurs chez lesquels je devais trouver Barberin ; mais cela avait été une précaution superflue, je n’avais oublié ni ces noms ni ces adresses, et je n’eus pas besoin de consulter mon papier : Pajot, Barrabaud et Chopinet.

Ce fut Pajot que je rencontrai le premier sur mon chemin en descendant la rue Mouffetard. J’entrai assez bravement dans une gargote qui occupait le rez-de-chaussée d’une maison meublée ; mais ce fut d’une voix tremblante que je demandai Barberin.

— Qu’est-ce que c’est que Barberin ?

— Barberin de Chavanon.

Et je fis le portrait de Barberin, ou tout au moins du Barberin que j’avais vu quand il était revenu de Paris : visage rude, air dur, la tête inclinée sur l’épaule droite.

— Nous n’avons pas ça ! connais pas !

Je remerciai et j’allai un peu plus loin chez Barrabaud ; celui-là, à la profession de logeur en garni, joignait celle de fruitier.

Je posai de nouveau ma question.

Tout d’abord j’eus du mal à me faire écouter ; le mari et la femme étaient occupés, l’un à servir une pâtée verte, qu’il coupait avec une sorte de truelle et qui, disait-il, était des épinards ; l’autre était en discussion avec une pratique pour un sou rendu en moins. Enfin ayant répété trois fois ma demande, j’obtins une réponse.

— Ah ! oui, Barberin… Nous avons eu ça dans les temps ; il y a au moins quatre ans.

— Cinq, dit la femme, même qu’il nous doit une semaine ; où est-il, ce coquin-là ?

C’était justement ce que je demandais.

Je sortis désappointé et jusqu’à un certain point inquiet : je n’avais plus que Chopinet, à qui m’adresser ; si celui-là ne savait rien ! où chercher Barberin ?

Comme Pajot, Chopinet était restaurateur, et lorsque j’entrai dans la salle où il faisait la cuisine et où il donnait à manger, plusieurs personnes étaient attablées.

J’adressai mes questions à Chopinet lui-même qui, une cuiller à la main, était en train de tremper des soupes à ses pratiques.

— Barberin, me répondit-il, il n’est plus ici.

— Et où est-il ? demandai-je en tremblant.

— Ah ! je ne sais pas.

J’eus un éblouissement ; il me sembla que les casseroles dansaient sur le fourneau.

— Où puis-je le chercher ? dis-je.

— Il n’a pas laissé son adresse.

Ma figure trahit sans doute ma déception d’une façon éloquente et touchante, car l’un des hommes qui mangeaient à une table placée près du fourneau, m’interpella.

— Qu’est-ce que tu lui veux, à Barberin ? me demanda-t-il.

Il m’était impossible de répondre franchement et de raconter mon histoire.

— Je viens du pays, son pays, Chavanon, et je viens lui donner des nouvelles de sa femme ; elle m’avait dit que je le trouverais ici.

— Si vous savez où est Barberin, dit le maître d’hôtel en s’adressant à celui qui m’avait interrogé, vous pouvez le dire à ce garçon qui ne lui veut pas de mal, bien sûr, n’est-ce pas, garçon ?

— Oh ! non, monsieur !

L’espoir me revint.

— Barberin doit loger maintenant à l’hôtel du Cantal, passage d’Austerlitz : il y était il y a trois semaines.

Je remerciai et sortis, mais avant d’aller au passage d’Austerlitz qui, je le pensais, était au bout du pont d’Austerlitz, je voulus savoir des nouvelles de Garofoli pour les porter à Mattia.

J’étais précisément tout près de la rue de Lourcine ; je n’eus que quelques pas à faire pour trouver la maison où j’étais venu avec Vitalis : comme le jour où nous nous y étions présentés pour la première fois, un vieux bonhomme, le même vieux bonhomme, accrochait des chiffons contre la muraille verdâtre de la cour ; c’était à croire qu’il n’avait fait que cela depuis que je l’avais vu.

— Est-ce que M. Garofoli est revenu ? demandai-je.

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