Читаем Sans famille полностью

— Et Barberin, que vous a-t-il dit de ma famille ? demandai-je.

— Rien, ou tout au moins peu de chose : tes parents avaient découvert chez le commissaire de police du quartier des Invalides que l’enfant abandonné avenue de Breteuil avait été recueilli par un maçon de Chavanon, nommé Barberin, et ils étaient venus te chercher chez lui ; ne te trouvant pas, ils lui avaient demandé de les aider dans leurs recherches.

— Il ne vous a pas dit leur nom, il ne vous a pas parlé de leur pays ?

— Quand je lui ai posé ces questions, il m’a dit qu’il m’expliquerait cela plus tard ; alors je n’ai pas insisté, comprenant bien qu’il faisait mystère du nom de tes parents de peur qu’on diminuât le gain qu’il espérait tirer d’eux ; comme j’ai été un peu ton père, il s’imaginait, ton Barberin, que je voulais me faire payer ; aussi je l’ai envoyé promener, et depuis je ne l’ai pas revu ; je ne me doutais guère qu’il était mort. De sorte que tu sais que tu as des parents, mais par suite des calculs de ce vieux grigou, tu ne sais ni qui ils sont, ni où ils sont.

Je lui expliquai quelle était notre espérance, et il la confirma par toutes sortes de bonnes raisons :

— Puisque tes parents ont bien su découvrir Barberin à Chavanon, puisque Barberin a bien su découvrir Garofoli et me découvrir moi-même ici, on te trouvera bien à l’hôtel du Cantal ; restes-y donc.

Ces paroles me furent douces, et elles me rendirent toute ma gaieté : le reste de notre temps se passa à parler de Lise, d’Alexis et de mon ensevelissement dans la mine.

— Quel terrible métier ! dit-il, quand je fus arrivé au bout de mon récit, et c’est celui de mon pauvre Alexis ; ah ! comme il était plus heureux à cultiver les giroflées.

— Cela reviendra, dis-je.

— Dieu t’entende, mon petit Rémi !

La langue me démangea pour lui dire que mes parents le feraient bientôt sortir de prison, mais je pensai à temps qu’il ne convenait point de se vanter à l’avance des joies que l’on se proposait de faire, et je me contentai de l’assurer que bientôt il serait en liberté avec tous ses enfants autour de lui.

— En attendant ce beau moment, me dit Mattia lorsque nous fûmes dans la rue, mon avis est que nous ne perdions pas notre temps et que nous gagnions de l’argent.

— Si nous avions employé moins de temps à gagner de l’argent en venant de Chavanon à Dreuzy et de Dreuzy à Paris, nous serions arrivés assez tôt à Paris pour voir Barberin.

— Cela c’est vrai, et je me reproche assez moi-même de t’avoir retardé, pour que tu ne me le reproches pas, toi.

— Ce n’est pas un reproche, mon petit Mattia, je t’assure ; sans toi je n’aurais pas pu donner à Lise sa poupée, et sans toi nous serions en ce moment sur le pavé de Paris, sans un sou pour manger.

— Eh bien alors, puisque j’ai eu raison de vouloir gagner de l’argent, faisons comme si j’avais encore raison dans ce moment : d’ailleurs nous n’avons rien de mieux à faire qu’à chanter et à jouer notre répertoire ; attendons pour nous promener que nous ayons ta voiture, cela sera moins fatigant ; à Paris je suis chez moi et je connais les bons endroits.

Il les connaissait si bien, les bons endroits, places publiques, cours particulières, cafés, que le soir nous comptâmes avant de nous coucher une recette de quatorze francs.

Alors, en m’endormant, je me répétai un mot que j’avais entendu dire souvent à Vitalis, que la fortune n’arrive qu’à ceux qui n’en ont pas besoin. Assurément une si belle recette était un signe certain que d’un instant à l’autre, mes parents allaient arriver.

J’étais si bien convaincu de la sûreté de mes pressentiments, que le lendemain je serais volontiers resté toute la journée à l’hôtel ; mais Mattia me força à sortir ; il me força aussi à jouer, à chanter, et ce jour-là nous fîmes encore une recette de onze francs.

— Si nous ne devions pas devenir riches bientôt par tes parents, disait Mattia, en riant, nous nous enrichirions nous-mêmes et seuls, ce qui serait joliment beau.

Trois jours se passèrent ainsi sans que rien de nouveau se produisît et sans que la femme de l’hôtel répondît autre chose à mes questions toujours les mêmes que son éternel refrain : « Personne n’est venu demander Barberin et je n’ai pas reçu de lettre pour vous ou pour Barberin » ; mais le quatrième jour enfin elle me tendit une lettre.

C’était la réponse de mère Barberin, ou plus justement la réponse que mère Barberin m’avait fait écrire, puisqu’elle ne savait elle-même ni lire ni écrire.

Elle me disait qu’elle avait été prévenue de la mort de son homme, et que peu de temps auparavant elle avait reçu de celui-ci une lettre qu’elle m’envoyait, pensant qu’elle pouvait m’être utile, puisqu’elle contenait des renseignements sur ma famille.

— Vite, vite, s’écria Mattia, lisons la lettre de Barberin.

Ce fut la main tremblante et leur cœur serré que j’ouvris cette lettre :

« Ma chère femme,

Перейти на страницу:

Похожие книги

Тайна горы Муг
Тайна горы Муг

Историческая повесть «Тайна горы Муг» рассказывает о далеком прошлом таджикского народа, о людях Согдианы — одного из древнейших государств Средней Азии. Столицей Согдийского царства был город Самарканд.Герои повести жили в начале VIII века нашей эры, в тяжелое время первых десятилетий иноземного нашествия, когда мирные города согдийцев подверглись нападению воинов арабского халифатаСогдийцы не хотели подчиниться завоевателям, они поднимали восстания, уходили в горы, где свято хранили свои обычаи и верования.Прошли столетия; из памяти человечества стерлись имена согдийских царей, забыты язык и религия согдийцев, но жива память о людях, которые создали города, построили дворцы и храмы. Памятники древней культуры, найденные археологами, помогли нам воскресить забытые страницы истории.

Клара Моисеевна Моисеева , Олег Константинович Зотов

Проза для детей / Проза / Историческая проза / Детская проза / Книги Для Детей