On nous a parl'e des mesures de l’H^otel-de-Ville. Eh, Messieurs! qu’en pouvons nous attendre en faveur des pauvres, `a pr'esent qu’il a 'epuis'e tous ses fonds, puisque pour aides les boulangers d’un simple pr^et de 300 mille livres, il est oblig'e d’avoir recours `a la triste ressource d’une souscription? Croyez-moi, mes chers concitoyens, ceux qui ne peuvent pas nous donner du pain pour de l’argent, ne seront jamais en 'etat d’en donner pour rien `a tous les pauvres de la capitale. On nous a dit aussi qu’en adoptant les Bureaux de charit'e, il falloit rejetter de notre sein tous les pauvres des provinces. Si cela pouvoit s’executer, il ne nous resteroit pas beaucoup d’indigens car chacun sait que le plus grand nombre des habitants de Paris n’y ont pas pris naissance, — mais, Messieurs, je crois qu’un semblable triage auquel j’avois d’abord pens'e seroit impraticable et dangereux dans la fermentation actuelle — il seroit m^eme inhumain `a l’entr'ee de l’hiver. Je me flatte de connoitre aussi bien qu’un autre, les ressources que les campagnes peuvent offrir aux indigents, mais le moment de les y repousser n’est pas encore arriv'e, ainsi que vous pourrez vous en convaincre par la lecture de m'emoire ci-joint sur les dessechements et les d'efrichements.
Un honorable membre a voulu nous faire entendre aussi que les pauvres du Berry se nourrissoient et s’entretenoient avec presque rien. Il m’a paru que l’assembl'ee me dispensoit de r'epondre a cette objections. Mais quand elle seroit fond'ee, il n’en seroit pas moins vrai que nous sommes toujours dans l’indispensable n'ecessit'e de nourrir et d’entretenir les n^otres de mani`ere `a les preserver de l’horrible extremit'e [1]
de nous arracher de force ce qu’ils n’auroient pu obtenir de notre humanit'e, de notre premier int'er^et m^emeEnfin j’ai aussi entendu un honorable membre proposer qu’en admettant les Bureaux de charit'e, on supprim^at la qu^ete des commissaires des pauvres et autres 'etablissements de ce genre, afin de tout r'eunir dans la caisse du District — je suis bien du m^eme avis; et j’ai cru que la chose arriveroit ainsi, parcequ’il est convenable d’appeller les cur'es aux Bureaux et aux atteliers que je propose d’'etablir.
J’oubliois encore une objection — c’est celle qu’on a tir'ee des risques que nous avons couru par les atteliers de charit'e de l’ancienne administration. Oh, rien de plus vrai, ces atteliers 'etoient tr`es inutiles, tr`es dangereux. Mais les bureaux et les atteliers
A l’'egard des semestriers qui vont traverser la capitale et qui pourroient ^etre tent'es de s’y arr^eter, je ne crois pas que leur surveillance doive entrer dans la composition des Bureaux et des atteliers de charit'e. C’est la un des objets qu’on doit abandonner au comit'e de Police de l’H^otel-de-Ville, ou plut^ot au comit'e militaire.
Telles sont, Messieurs, les r'eflexions que je vous supplie d’opposer aux objections qui m’ont 'et'e faites. Je ne vous dissimulerai pas que j’ai la pr'esomption de croire que mes deux projets sont tr`es salutaires et seuls capables de pr'evenir les malheurs, dont nous sommes menac'es. Mais si l’assembl'ee en juge autrement, elle n’a pas un moment `a perdre pour ex'ecuter le projet qu’elle adoptera, j’y souscris d’avance. Car si je tiens `a mes id'ees, je tiens encore davantage `a mon existence et `a celle de ma femme, de mes enfans et de mes concitoyens.
Je suis avec respect, Messsieurs,
Votre tr`es humble et tr`es eb'eissant serviteur
Rue Basse du Rempart.
IX
Нац. библ., отдел рукописей f. fr. nouv. acq. 3241 (f. 164).
Adresse au commandant g'en'eral par les ouvriers de la Bastille, du 21 Oct. 1789.
Mon g'en'eral,
Les ouvriers de la Bastille, toujours empress'es `a ramener le calme dans les momens de trouble, tranquils dans leurs travaux `a la destruction du Colosse formidable de cette forteresse, s’appercurent que des gens mal intentionn'es pour susciter une insurrection, arr^et`erent une voiture charg'ee de piques, y mirent le feu et se pr'epar`erent `a de plus grand d'eg^at, lorsque nous accourumes et remedi^ames autant qu’il fut en notre pouvoir `a appaiser les furieux. Et l’effervescence qui s’'etoit manifest'e devint calme, nous nous retir^ames chacun, et nous continu^ames nos travaux.
Tel est l’expos'e sinc`ere et fid`ele de notre conduite et celle dont nous sommes jaloux de conserver, sur ce nous vous prions de nous croire. Avec le plus profond respect Mon g'en'eral
Vos tr`es humbles et tr`es ob'eissants serviteurs Noms des ouvriers d'eput'es pour se pr'esenter chez M. Lafayette.