De toutes les villes de Hollande, Leide a peut-être souffert le plus depuis quelques temps; plusieurs causes semblent concourir à ruiner ses fabriques. La guerre ayant suspendu la navigation, toute exportation aux grandes et petites Indes, au Levant et en général toute exportation par mer a cessée. La difficulté de se procurer les matières premières, les entraves de la Douane, enfin l’importation des manufactures allemandes, toutes ces causes sont très nuisibles aux fabriques leur ruine entraîne aussi avec elle nécessairement la décadence de la ville; non seulement ses richesses sont perdues, mais sa population est extrément diminuée, un grand nombre d’ouvriers qui pourvoyaient autrefois honnêtement à leur subsistance ne peuvent plus trouver de l’ouvrage; de là un grand nombre a quitté la ville, les autres sont restés à la charge des hospices de charité et des bureaux de bienfaisance. On pourra juger combien les fabriques sont déchues en confrontant le nombre des fabriques avant la guerre actuelle, avec les fabriques qui se trouvent présentement ici… Les fabriques de draps sont réduites à cinq, les teintureries à quatre, celles de tissus de coton et de laine, ou de lin et de laine à huit.
Les fabriquants de ces étoffes en ont encore pour plus de 600.000 francs dans leurs magasins; on attribue la stagnation de ces fabriques aux entraves des droits, des passeports, certificats, etc… Les métiers de simple soie qui se trouvaient ici ont cessé entièrement. — On compte encore ici 9 tanneries, 3 corroyeries, 2 chapeleries, cependant elles sont peu florissantes vu la difficulté de se procurer les matières premières, qui viennent de l’étranger et les entraves qu’on met à l’exportation, mais rien n’a subi une plus grande diminution que les brasseries et les brûleries; les brasseries sont réduites de 23 à 2; les brûleries de 6 à deux. On attribue princte paiement la décadence des brasseries aux importations des bières étrangères, à la difficulté d’en envoyer ailleurs et au décroissement de la population.
Quelque funeste qu’ait été la guerre dans ses suites pour Leide, on doit cependant convenir qu’elle a servi à réveiller l’industrie, la prohibition de manufactures anglaises a engagé plusieurs fabriquants à faire différents essais, on a réussi à faire des étoffes connues sous le nom de cal-mucs, de camelots, de flanelle, etc. qui rivalisent avec les étoffes anglaises. Il serait à souhaiter qu’on put rendre plus difficile l’importation de ce genre d’étoffes, qui nous viennent aussi d’Allemagne.
D’après les considérations énoncées ci-dessus, il est clair que les vœux sont, qu’une paix générale procure une navigation et un commerce libre dans toutes les parties du monde. Cependant jusqu’à l’heureuse époque où Sa Majesté daignera l’accorder aux ennemis, il y aurait encore plusieurs moyens d’encourager l’industrie et de rendre à cette ville une partie de son ancien éclat; ce qu’on désire surtout, c’est d’être réuni totalement à la France, d’avoir les mêmes avantages que les autres sujets de Sa Majesté; qu’on puisse jouir d’une circulation libre de toutes entraves, dans tontes l’étendue de l’Empire, afin qu’on puisse se procurer plus aisément les matières premières indigènes et répandre et transporter nos manufactures dans l’Empire. Il y aurait aussi un grand avantage pour cette ville en facilitant les exportations chez l’étranger, sur le continent, et en empêchant sévèrement qu’on importât des manufactures, fabriquées chez l’étranger.
XX
Нац. арх.
F12 1621a
14 февраля 1812 г..
Rapport à l’Empereur (министра внутренних дел).
Situation des principales Manufactures de l’Empire
Le 14 février 1812.
Sire,
Au mois de novembre dernier, le Ministre de l’Intérieur eut l’honneur d’entretenir Votre Majesté de la situation des principales manufactures de l’Empire. Si cette situation comparée à ce qu’elle étoit trois mois auparavant présentoit des résultats d’un certain intérêt, elle s’est depuis améliorée d’une manière assez remarquable. La presque généralité des manufactures ont repris une activité qu’on a espoir de voir augmenter encore. Celles de soye marchent, notamment à grands pas, vers leur ancienne prospérité. Comme elles inspirent un grand intérêt, puisque la totalité de la matière première qu’elles employent se récolte dans les Etats de Votre Majesté, j’ai pensé qu’elle entendroit avec plaisir des détails particuliers à leur sujet.