Je voulais t'écrire sans te parler d'elle, mais je t'avoue franchement que ma lettre n'avance pas sans cela, et puis je suis cependant obligé de te rendre compte de ma conduite depuis ma dernière lettre; comme je t'ai promis, j'ai tenu, je me suis abstenu de la voir et de la rencontrer; depuis plus de 3 semaines, je lui ai parlé 4 fois et de choses tout à fait indifférentes et Dieu m'est témoin que je pourrais parler 10 heures de suite si je voulais seulement lui dire la moitié de ce que j'éprouve à sa vue; je t'avoue franchement que le sacrifice que je te fais est immense. Il faut que je t'aime comme je t'aime pour tenir ainsi ma parole; et je ne me serais jamais cru le courage d'habiter les mêmes lieux qu'un être aimé comme j'aime celle-là sans aller chez elle quand j'en ai tous les moyens. Car mon très cher ami, je ne puis te cacher que j'en suis toujours fou; mais Dieu lui-même est venu à mon secours: elle a perdu sa belle-mère hier de sorte qu'elle sera obligée de garder sa chambre au moins pendant un mois de temps et l'impossibilité de la voir fera probablement que je n'aurais plus ce terrible combat à me livrer: faut-il aller ou ne pas aller, qui recommençait toutes les heures quand j'étais seul. Aussi je t'avoue que dans tous ces derniers temps, j'ai crainte de rester seul à la maison et que j'ai été continuellement en l'air pour me distraire; aussi si tu pouvais t'imaginer comment et avec quelle impatience j'attends ton retour, et loin de le craindre, je compte les jours où j'aurai quelqu'un près de moi que je pourrai aimer; car j'ai le cœur tellement gros et si besoin d'aimer et de ne pas être seul au milieu du monde comme dans ce moment que 6 semaines d'attente me compteront des années.
Je crois, mais je ne suis pas bien sûr, que je t'ai mandé dans ma dernière lettre qu'il fallait s'adresser à la légation Russe à Dresde, que c'est là que Creptovitch m'a dit que l'on trouverait le paquet. Je te prierais encore si cela n'est pas trop tard de m'apporter aussi des mouchoirs, j'en ai un besoin urgent et ici je les paye très cher et les ai très mauvais.
Je ne t'écrirai pas plus long aujourd'hui car je vais au Palais. Nous sommes aux fêtes de Pâques et je ne crois pas que les fêtes me fourniront des épisodes qui valent la peine de retarder l'envoi de celle-ci, d'autant plus que je te prierais de m'écrire le plus tôt possible pour me faire savoir où il faudra adresser une lettre, car à La Haye c'est impossible, d'après mes calculs tu partiras à peu près quelques jours apres avoir reçu celle-ci.
Adieu mon bien cher, je t'embrasse de cœur en attendant que je te puisse presser sur le cœur à te faire crier.
Петербург, суббота 28 марта 1836
Дорогой друг, начинаю письмо с сообщения, что оно будет замечательно пустым: ни единой новости; в Петербурге ничего нового нет, разве только ледоход на Неве[154]
да ещё солнце, которого мы не видели ровно 3 месяца; это вызывает невероятное оживление, об этом взволнованно сообщают друг другу, а выйдя из дому, всякий бежит на набережную или на Перспективу, спеша хоть немножко им насладиться.Сколько же у тебя забот из-за меня, как ты, должно быть, портишь себе кровь. Заранее прошу за это прощения и благодарю тебя от всей души за всё сделанное для меня; должно быть, ты устал от этого, ведь гоняться за удовольствиями это одно и совсем другое бегать по делам. Я весьма опасаюсь, несмотря на прекрасные заверения со всех сторон, что, когда потребуется действовать, спешащих оказать тебе услугу найдётся гораздо меньше; ведь вполне может оказаться, что твои родственники со своей стороны пытаются расстроить твой план, тем более что он задевает самые главные их интересы — денежные.