Читаем Cinquante ans plus tard полностью

-Alors que tu me disais tes souffrances personnelles. Je me demandais quelle serait la meilleure manière de t'aider au crépuscule de ma vie ! Je comprends ta situation de jeune fille abandonnée et seule au monde avec le lourd poids de devoir t'occuper d'un enfant accueilli dans de si étranges circonstances. Te conseiller de retourner à ton foyer, je ne peux le faire, connaissant la rigidité des coutumes dans certaines familles de la noblesse. En outre, chez toi, on te considère morte pour toujours, et les paroles aimantes de Cneius Lucius ne peuvent avoir de valeur inestimable que pour nous qui en comprenons la portée et la sublime révélation. Selon lui, nous devons admettre la complète innocence de ta mère, mais si tu retournes à Rome, l'apparition de cette nuit ne suffirait pas à élucider tous les problèmes de la situation te laissant dans les mêmes circonstances de suspicion. Et tu sais qu'entre le doute et la vérité, il vaut mieux choisir le sacrifice, car la vérité est de Jésus et elle vaincra dès que sa miséricorde jugera sa victoire opportune.

Mon expérience acquise en ces temps de décadence morale me laisse penser que presque tous les jeunes gens pleins de sentiments douteux se plieront devant ta fraîcheur, pris d'intentions ignominieuses. La destruction de mon foyer sera toujours une preuve vivante des misères morales de notre temps.

Réfléchissant à tes difficultés, je désir sauver ton cœur de tous les dangers en t'évitant les embuscades des chemins insidieux, cependant, la maladie et la décrépitude ne me permettront pas d'assurer ta défense... Dans Minturnes, presque tout le monde me hait gratuitement en vertu des idées que je professe. Pendant longtemps encore, un chrétien sincère devra souffrir de l'incompréhension et de la torture des bourreaux du monde, et s'ils ne me mènent pas au sacrifice lors des fêtes régionales qui sont organisées ici, c'est en raison de ma vieillesse avancée et pénible, de mes rides et de mes cicatrices... Présenter un vieux misérable aux puissants fauves ou à l'exercice des athlètes de la débauche et de l'impiété, pourrait sembler relever de la pure lâcheté, raison pour laquelle je me juge épargné.

Je n'ai donc plus aucune relation d'amitié qui pourrait t'être utile dans ta situation.

Souviens-toi qu'il y a peu, je t'ai parlé de mon ancien projet de ramener ma fille en Egypte dans des habits masculins afin de la ravir à cet antre de corruption et de crimes. Ce geste d'un père est bien celui d'un cœur aimant pris de désespoir quant à l'avenir spirituel de cette région d'iniquité.

Contemplant ta jeunesse sans défense chargée de si nobles sacrifices, je crains pour tes jours futurs mais je prie Jésus d'éclairer nos pensées.

Après quelques minutes de recueillement, la jeune fille lui dit :

Mais, mon cher ami, ne me considérez-vous pas comme votre propre fille ?...

L'ancien de Minturnes, dans la sereine clarté de ses grands yeux, a laissé transparaître qu'il avait compris l'allusion faite et lui répondit gentiment :

Je comprends, ma fille, la portée de tes propos, mais serais-tu de surcroit sincèrement déterminée à ce noble sacrifice ?

Comment ne pas l'être si autour de moi apparaissent les plus terribles persécutions?

Oui, tes nobles actes me poussent à comprendre que je peux me fier à tes résolutions. Et puisque tu te sens prête à lutter pour l'Évangile, nous n'hésiterons pas à préparer ton avenir ! Tu resteras dans cette maison le temps que tu voudras, même si je suis convaincu que je ne tarderai pas à faire mon voyage dans l'au-delà. Demain même tu porteras tes nouveaux habits afin de faciliter ton départ pour l'Afrique, le moment opportun venu. Tu seras « mon fils » aux yeux du monde, à toutes fins utiles. J'appellerai demain le préteur de Minturnes pour qu'il vienne ici afin de s'occuper de ta situation légale, au cas où je viendrais à décéder. J'ai l'argent nécessaire pour que tu ailles jusqu'à Alexandrie et, avant de mourir, je te laisserai une lettre de présentation à Épiphane stipulant que je te considère comme mon successeur légitime au siège de notre communauté. Une fois là-bas, quand tu auras utilisé mes dernières économies que j'ai réussi à accumuler à Rome dans le passé, il est possible qu'ils ne te créent pas d'embarras pour que tu te livres à une vie de repos spirituel dans la prière et dans la méditation pendant le temps que tu voudras.

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