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C'est pourquoi sacrifices et fêtes se confondent. Car tu montres par là le sens de ton acte. Mais comment prétendrais-tu que la fête est autre chose qu'une fois ramassé le bois, le feu de joie quand tu le brûles, une fois gravie la montagne, tes muscles heureux dans l'étendue, une fois extrait le diamant, son apparition à la lumière, une fois mûres les vignes, la vendange? Où vois-tu qu'il serait possible d'user d'une fête comme d'une provision? Une fête c'est après la marche ton arrivée et couronnement ainsi de ta marche, mais tu n'as rien à espérer de ton changement en sédentaire. Et c'est pourquoi tu ne t'installes ni dans la musique, ni dans le poème, ni dans la femme conquise, ni dans le paysage entrevu du haut des montagnes. Et je te perds si je te distribue dans l'égalité de mes jours. Si je ne les ordonne selon un navire qui va quelque part. Car le poème lui-même est une fête à condition de le gravir. Car le temple est une fête de t'y délivrer des soucis médiocres. Tu as tous les jours souffert de la ville qui t'a brisé de son charroi. Tu as tous les jours subi cette fièvre née de l'urgence et du pain à gagner et des-maladies à guérir et des problèmes à dénouer, te rendant ici, te rendant là, riant ici et pleurant là. Puis vient l'heure accordée au silence et à la béatitude. Et tu montes les marches et pousses la porte et il n'est plus rien pour toi que pleine mer et contemplation de la Voie Lactée et provision de silence et victoire contre l'usuel, et tu en avais besoin comme de nourriture car tu avais souffert des objets et des choses lesquels ne sont point pour toi. Et il te fallait ici devenir pour qu'un visage te naisse des choses et qu'une structure s'établisse qui leur donnât un sens à travers les spectacles disparates du jour. Mais que viendras-tu faire dans mon temple si tu n'as point vécu dans la ville, et lutté et gravi et souffert, si tu n'apportes point la provision de pierres qu'il s'agit en toi de bâtir. Je te l'a dit de mes guerriers et de l'amour. Si tu n'es qu'amant il n'est personne qui aime et la femme bâille auprès de toi. Le guerrier seul peut faire l'amour. Si tu n'es que guerrier il n'est personne qui meure sinon insecte vêtu d'écaillés de métal. L'homme seul et qui a aimé peut mourir en homme. Et il n'est point ici contradiction sinon dans le langage. Ainsi fruits et racines ont même commune mesure qui est l'arbre.


CXIII


Car nous ne nous entendons pas sur la réalité. Et moi je dénomme réalité non ce qui est mesurable dans une balance (de laquelle je me moque car je ne suis point une balance et peu m'importent les réalités pour balance), mais ce qui pèse sur moi. Et pèse sur moi ce visage triste ou cette cantate ou cette ferveur dans l'empire ou cette pitié pour les hommes ou cette qualité de la démarche ou ce goût de vivre ou cette injure ou ce regret ou cette séparation ou cette communion dans la vendange (bien plus que les grappes vendangées, car si même on les porte ailleurs pour les vendre, j'en ai déjà reçu l'essentiel. Ainsi de celui-là qui devait être, décoré par le roi et qui participa à la fête, jouit de son rayonnement, reçut les félicitations de ses amis, et connut ainsi l'orgueil du triomphe — mais le roi mourut d'une chute de cheval avant d'avoir accroché contre sa poitrine l'objet de métal. Me diras-tu que l'homme n'a rien reçu?).

La réalité pour ton chien c'est un os. La réalité pour ta balance c'est un poids de fonte. Mais la réalité pour toi est d'une autre nature.

Et c'est pourquoi je dis futiles les financiers et raisonnables les danseuses. Non que je méprise l'œuvre des premiers mais parce que je méprise leur morgue, leur assurance et leur satisfaction de soi car ils se croient le but et la fin et l'essence quand ils ne sont que des valets, et qu'ils servent d'abord les danseuses.

Car ne te trompe point sur le sens du travail. Il est des travaux qui sont urgents. Comme des cuisines de mon palais. Car s'il n'est point de nourriture il n'est point d'hommes. Et il convient que les hommes d'abord soient nourris, vêtus et abrités. Il convient qu'ils soient, tout simplement. Et de tels services sont d'abord urgents. Mais l'important ne se loge point ici: il se loge dans leur seule qualité. Et les danses et les poèmes et les ciseleurs des étages d'en haut, et le géomètre et l'observateur des étoiles, que permet d'abord le travail des cuisines, sont seuls qui honorent l'homme et qui lui donnent un sens.

Donc quand vient celui-là qui ne connaît que les cuisines, desquelles en effet sont charriés des réalités pour balances et des os pour chiens, je lui interdis de parler de l'homme car il négligera l'essentiel, à la façon de l'adjudant qui ne considère rien de l'homme que son aptitude au maniement d'armes.

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