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J'ai vu les hommes heureux et malheureux, non à cause du simple malheur d'un deuil ou du simple bonheur des fiançailles (par exemple), non pas à cause de la maladie ou de la santé, car celui-là qui est malade, je puis le faire se dominer par une nouvelle retentissante et le pousser debout à travers la ville rien qu'en agissant sur son esprit par un certain sens des choses que je nommerai victoire par exemple (le plus simple). Car je guéris la ville entière par l'éclat à l'aube de mes armes victorieuses, et tu les vois qui se poussent et s'embrassent. Et tu te diras: «Pourquoi ne serait-il pas possible de les maintenir dans un tel climat, comme est le climat d'une grande musique?» Et je te réponds: Parce que la victoire n'est point paysage possédé du haut des montagnes mais entrevu du haut des montagnes quand tes muscles te l'ont bâti, mais passage d'un état à un autre. Et n'est rien une victoire qui dure. Non plus vivifiante, mais amollissante et ennuyeuse, car il n'est point alors de victoire, mais simple paysage accompli. Alors dois-je vivre dans le perpétuel balancement de la misère et de la richesse? Et tu découvres bien que cela aussi est faux car tu peux vivre toute ta vie dans le dénuement et la misère et la lassitude, comme celui qui est poursuivi par les créanciers et enfin se pend sans que les petites joies ou les rémissions passagères l'aient payé de l'usure des nuits blanches. Ainsi il n'est point d'état durable comme la fortune et la victoire, attribué à l'homme comme du fourrage à un bétail.

Je veux des garçons chauds et généreux et des femmes dont les yeux brillent, et d'où cela vient-il? Puisque ni de l'intérieur ni de l'extérieur. Et moi je te réponds: Cela vient du goût du retentissement des choses les unes sur les autres, qu'il s'agisse de ta caravane de guerre ou de ta cathédrale ou de ta victoire d'un matin. Mais la victoire n'est déjeuner que d'un matin. Car ta victoire faite il n'est plus rien à faire qu'à user de ces provisions qui te tuent, et si ta joie a été vive c'est que ta communauté tu l'as sentie avec violence, car dans la tristesse de la veille tu t'étais retiré chez toi ou chez tes amis dans ton deuil et le deuil de tes fils, mais voici que tu la connais, cette victoire, alors même qu'elle se dénoue! Mais qui bâtit sa cathédrale qu'il faudra cent années pour bâtir, alors cent années il peut vivre dans la richesse du cœur. Car tu t'augmentes de ce que tu donnes et augmentes ton pouvoir même de donner. Et si tu marches le long de mon année où tu bâtis ta vie, te voilà heureux de déjà préparer la fête sans jamais te constituer des provisions. Car ce que tu donnes avant la fête pour la fête t'augmente plus que ce que la fête une seule fois te rendra. Et ainsi de tes fils qui grandissent. Et de tes navires qui prennent la mer, se trouvent menacés puis triomphent et abordent le jour naissant avec leurs équipages. Moi j'augmente la ferveur qui se nourrit de ses réussites, comme celle de celui-là qui n'est point un pillard et qui, plus il écrit, plus il forge son style. Mais je répudierai celle qui, bien que vive, se ruine dans ses réussites. Car plus je connais, plus je veux connaître, plus je suis disposé pour connaître, plus je convoite le bien d'autrui et plus je le pille et plus je m'engraisse à le dévorer. Plus je me ruine dans mon cœur.


Car de chaque conquête l'homme découvre qu'elle l'a trompé quand il use de l'objet conquis, ayant confondu la chaleur de la création avec le goût de l'usage de l'objet qui ne lui apporte plus rien. Et pourtant il est nécessaire de se soumettre un jour à cet usage, mais alors m'intéresse seul l'usage qui sert à la conquête si la conquête sert à l'usage. Chacun renforçant l'autre. Ainsi de la danse même ou du chant ou de l'exercice de la prière qui crée la ferveur, laquelle alimente ensuite la prière, ou de l'amour. Car si je change d'état, si je ne suis plus mouvement et action vers, alors me voilà comme mort. Et du sommet de ta montagne tu ne jouiras plus du paysage quand il ne sera plus victoire de tes muscles et satisfaction de ta chair.


XLII


Je leur ai dit: «N'ayez point honte de vos haines.» Car ils en avaient condamné cent mille à mort. Et ceux-là erraient dans les prisons avec leur plaque sur la poitrine qui les distinguait d'avec les autres comme un bétail. Je suis venu, me suis emparé des prisons, et cette foule je l'ai fait comparaître. Et elle ne m'a point paru différente des autres. J'ai écouté, j'ai entendu et j'ai regardé. Je les ai vus se partager leur pain comme les autres, et se presser, comme les autres, autour des enfants malades. Et les bercer et les veiller. Et je les ai vus, comme les autres, souffrir de la misère d'être seuls quand ils étaient seuls. Et, comme les autres, pleurer quand celle-là entre les murs épais commençait d'éprouver envers un autre prisonnier cette pente du cœur.

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