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Car il s'agit de dire: «Est fertile la liberté qui permet la naissance de l'homme et les contradictions nourrissantes.» Ou: «Pourrissante est la liberté mais fertile la contrainte qui est nécessité intérieure et principe du cèdre.» Et les voilà qui versent leur sang l'un contre l'autre. Ne le regrette point car voici douleur de l'accouchement et torsion contre soi-même et appel à Dieu. Dis-leur donc à chacun: «Tu as raison.» Car ils ont raison. Mais mène-les plus haut sur leur montagne, car l'effort de gravir, qu'ils refuseraient par eux-mêmes tant il exige de la part des muscles et du cœur, voilà que leur souffrance les y oblige et leur en donne le courage. Car tu fuis en hauteur si les éperviers te menacent. Car tu cherches en hauteur le soleil si tu es arbre. Et tes ennemis collaborent avec toi car il n'est point d'ennemi dans le monde. L'ennemi te limite donc, te donne ta forme et te fonde. Et tu leur dis: «Liberté et contrainte sont deux aspects de la même nécessité qui est d'être celui-là et non un autre.» Libre d'être celui-là, non libre d'être un autre. Libre dans un langage. Mais non libre d'y mélanger un autre. Libre dans les règles de tel jeu de dés. Mais non libre de les pourrir en en rompant les règles par celles d'un autre jeu. Libre de bâtir mais non de piller et de détruire par leur usage mal dirigé la réserve même de tes biens, comme celui-là qui écrit mal et tire ses effets de ses licences, détruisant ainsi son propre pouvoir d'expression, car nul ne ressentira plus rien à le lire quand il aura détruit le sens du style chez les hommes. Ainsi de l'âne que je compare au roi et qui fait rire tant que le roi est respectable et respecté. Puis vient le jour où il s'identifie à l'âne. Et je ne prononce plus qu'une évidence.

Et tous le savent, car ceux qui réclament la liberté réclament la morale intérieure afin que l'homme soit quand même gouverné. Et le gendarme, se disent-ils, est au-dedans. Et ceux qui réclament la contrainte t'affirment qu'elle est liberté de l'esprit, car tu es libre dans ta maison de traverser les antichambres, d'arpenter les salles, de l'une à l'autre, de pousser les portes, de monter ou de descendre les escaliers. Et ta liberté croît du nombre des murs et des entraves et des verrous. Et tu as d'autant plus d'actes possibles, qui se proposent à toi et entre lesquels tu peux choisir, que la dureté de tes pierres t'a imposé d'obligations. Et dans la salle commune où tu campes dans le désordre, il n'est plus pour toi liberté mais dissolution.

Et en fin de compte, tous rêvent d'une ville qui est la même. Mais l'un réclame pour l'homme, tel qu'il est, le droit d'agir. L'autre le droit de pétrir l'homme afin qu'il soit et puisse agir. Et tous célèbrent le même homme.

Mais tous deux se trompent aussi. Le premier le croit éternel et existant en soi. Sans connaître que vingt années d'enseignement, de contraintes et d'exercices ont fondé celui-ci en lui et non un autre. Et que tes facultés d'amour te viennent d'abord de l'exercice de la prière et non de ta liberté intérieure. Ainsi de l'instrument de musique si tu n'as point appris à en jouer, ou du poème si tu ne connais aucun langage. Et le second se trompe aussi, car il croit aux murs et non à l'homme. Ainsi au temple mais non à la prière. Car, des pierres du temple, c'est le silence qui les domine qui compte seul. Et ce silence dans l'âme des hommes. Et l'âme des hommes où tient ce silence. Voici le temple devant lequel je me prosterne. Mais l'autre fait son idole de la pierre et se prosterne devant la pierre en tant que pierre…

Il en est de même de l'empire. Et je n'ai point fait un dieu de l'empire afin qu'il asservît les hommes. Je ne sacrifie point les hommes à l'empire. Mais je fonde l'empire pour en remplir les hommes et les en animer, et l'homme compte plus pour moi que l'empire. C'est pour fonder les hommes que je les ai soumis à l'empire. Ce n'est point pour fonder l'empire que j'ai asservi les hommes. Mais abandonne donc ce langage qui ne mène à rien et distingue la cause de l'effet et le maître du serviteur. Car il n'est que relation et structure et dépendance interne. Moi qui règne, je suis plus soumis à mon peuple qu'aucun de mes sujets ne l'est à moi. Moi qui monte sur ma terrasse et reçois leurs plaintes nocturnes et leurs balbutiements et leurs cris de souffrance et le tumulte de leurs joies pour en faire un cantique à Dieu, je me conduis donc comme leur serviteur. C'est moi le messager qui les rassemble et les emporte. C'est moi l'esclave chargé de leur litière. C'est moi leur traducteur.


Ainsi, moi leur clef de voûte, je suis le nœud qui les rassemble et les noue en forme de temple. Et comment m'en voudraient-ils? Des pierres s'estimeraient-elles lésées d'avoir à soutenir leur clef de voûte?…

N'accepte point de discussions sur de tels objets car elles sont vaines.


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