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Et si tu me demandes: «Dois-je réveiller celui-là ou le laisser dormir afin qu'il soit heureux?» je te répondrai que je ne connais rien du bonheur. Mais s'il est une aurore boréale, laisseras-tu dormir ton ami? Nul ne doit dormir s'il peut la connaître. Et certes celui-là aime son sommeil et s'y roule: et cependant arrache-le à son bonheur et jette-le dehors afin qu'il devienne.


L


La femme te pille pour sa maison. Et certes souhaitable est l'amour qui fait l'arôme de la maison et chant du jet d'eau et musique des aiguières silencieuses et bénédiction des enfants quand ils viennent l'un après l'autre, les yeux pleins du silence du soir.

Mais ne cherche pas à départager et à préférer selon des formules, ni le rayonnement du guerrier dans le sable ni les bienfaits de son amour. Car le langage seul ici divise. N'est amour que celui du guerrier plein des étendues de son désert, et n'est offrande de la vie, dans l'embuscade autour des puits, que celle de l'amant qui sut aimer, car autrement la chair offerte n'est point sacrifice ni don de l'amour. Car si celui-là qui combat n'est point homme mais automate et machine à cogner, où est donc la grandeur du guerrier: je n'y vois plus qu'œuvre monstrueuse d'insecte. Et si celui-là qui caresse la femme n'est qu'humble bétail sur sa litière, où est donc la grandeur de l'amour?

Moi je ne connais rien de grand que dans le guerrier qui dépose les armes et berce l'enfant, ou dans l'époux qui fait la guerre.

Il ne s'agit point d'un balancement de l'une à l'autre vérité, d'une chose valable un temps puis d'une autre. Mais de deux vérités qui n'ont de sens que jointes. C'est en tant que guerrier que tu fais l'amour et en tant qu'amant que tu fais la guerre.


Mais celle-là qui t'a gagné pour ses nuits, ayant connu la douceur de ta couche, elle s'adresse à toi, sa merveille, et te dit: «Mes baisers ne sont-ils pas doux? Notre maison n'est-elle point fraîche? Nos soirées ne sont-elles point heureuses?» Et tu le lui accordes par ton sourire. «Alors, dit-elle, demeure auprès de moi pour m'épauler. Lorsque viendra le désir tu n'auras qu'à tendre les bras et je plierai vers toi sous ta simple pesée comme le jeune oranger lourd d'oranges. Car tu mènes au loin une vie avare et qui n'enseigne point de caresses. Et les mouvements de ton cœur, comme l'eau d'un puits ensablé, ne disposent point de prairie où devenir.»

Et en effet, tu as connu autour de tes nuits solitaires ces élans désespérés vers telle ou telle dont te remontait l'image, car toutes embellissent dans le silence.

Et tu crois que la solitude de la guerre t'a fait perdre l'occasion merveilleuse. Et cependant l'apprentissage de l'amour tu ne le fais que dans les vacances de l'amour. Et l'apprentissage du paysage bleu de tes montagnes tu ne le fais que parmi les rocs qui mènent à la crête, et l'apprentissage de Dieu, tu ne le fais que dans l'exercice de prières auxquelles il n'est point répondu. Car cela seul te comblera sans crainte d'usure, qui te sera accordé hors de l'écoulement des jours quand les temps pour toi seront révolus et quand il te sera permis d'être, ayant achevé de devenir.


Et, certes, tu peux t'y méprendre et plaindre celui-là qui jette son appel dans la nuit vaine, et croit que le temps coule inutile en lui dérobant ses trésors. Tu peux t'inquiéter de cette soif d'amour sans amour, ayant oublié que l'amour n'est par essence que soif d'amour, comme le savent les danseurs et les danseuses, qui font leur poème de l'approche alors qu'ils pourraient d'abord se joindre.

Et moi je te le dis, l'occasion manquée est celle-là qui compte. La tendresse à travers les murs de la prison voilà peut-être la grande tendresse. La prière est fertile autant que Dieu ne répond pas. Et ce sont les silex et les ronces qui nourrissent l'amour.


Ne confonds donc point la ferveur avec l'usage de provisions. La ferveur qui exige pour soi n'est point ferveur. La ferveur de l'arbre va dans les fruits qui ne lui rapportent rien en échange. Ainsi de moi, vis-à-vis de mon peuple. Car ma ferveur coule vers des vergers dont je n'ai n'en à attendre.

Ainsi ne t'enferme point non plus dans la femme. Pour y chercher ce que tu y as déjà trouvé. Tu ne peux que la regagner de temps à autre, comme celui-là qui habite la montagne descend parfois jusqu'à la mer.


LI


Injuste celui-là qui disait de sa minuscule maison:

«Je la construis pour qu'elle contienne tous mes vrais amis…»

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