L’enterrement se déroula sans surprise. Fanny en revint complètement déprimée et alla directement se coucher. Le lendemain matin, elle reçut un appel de Catherine. Sa cheffe voulait savoir si son dossier sur Sarah Leroy avançait et réitéra sa proposition de lui envoyer un photographe ou un vidéaste pour illustrer ses interviews. Fanny refusa et promit de lui envoyer très vite de premiers éléments. Quand Lilou apparut pour le petit déjeuner, elle faillit tomber de sa chaise. L’adolescente avait troqué son survêtement informe contre une jupe plissée bleu marine et un chemisier blanc par-dessus lequel elle avait enfilé sa veste en jean. Elle s’était démaquillée. Elle qui se coiffait habituellement comme si elle venait de sortir la tête d’un réacteur d’avion, avait rassemblé sa folle tignasse dans une impeccable queue-de-cheval où même ses mèches roses paraissaient sages.
— Qu’est-ce que tu penses de mon uniforme de travail ?
— J’ai failli ne pas te reconnaître… D’où sors-tu ces vêtements ?
— Maman m’a appris qu’on doit toujours emporter une tenue habillée dans sa valise au cas où. Ça doit te plaire, ce style première de la classe bien coincée.
Fanny haussa les épaules et examina sa belle-fille les sourcils froncés.
— C’est bizarre de te voir comme ça.
— OK, la gérante de l’hôtel me prête un vélo, je vais me balader !
— Où ça ?
— Pas loin, t’inquiète !
— Tu ne peux pas partir sans petit-déjeuner, c’est le repas le plus important de la journée.
— J’ai pas faim !
Sans laisser à sa belle-mère le temps de protester, l’adolescente quitta les lieux. Fanny s’approcha de la fenêtre et observa Lilou alors qu’elle enfourchait son vélo d’emprunt. L’image de la jeune fille, alors qu’elle rapetissait sur la piste cyclable avec son sac à dos agrémenté de porte-clés bizarres et sa queue-de-cheval dansante, ramena brusquement à la mémoire de Fanny l’image d’Angélique et Sarah pédalant ensemble, hiver comme été, leurs éclats de rire dispersés aux quatre vents se mêlant aux cris des mouettes. Fanny admirait l’amitié que partageaient sa petite sœur et Sarah Leroy. Leur mère n’avait jamais su leur prodiguer la tendresse et l’attention dont elles avaient besoin, mais à l’inverse de leur père, il fallait lui reconnaître qu’elle ne les avait pas abandonnées. Quand Fanny était partie pour ses études, elle l’avait pourtant fait sans culpabilité, convaincue qu’Angélique, parce qu’elle avait Sarah, ne souffrirait pas de son départ. Elles semblaient tellement indissociables, tellement joyeuses ensemble. Elles riaient tout le temps, pour rien, à des plaisanteries incompréhensibles, à des références qui n’appartenaient qu’à elles et que personne d’autre ne comprenait. Elles imaginaient des projets compliqués, dont la raison d’être échappait totalement à Fanny : aller à la piscine habillées à l’identique, aller voir six fois
Document de travail
Affaire Sarah Leroy – année 1999
Au cours d’une cérémonie que Morgane a qualifiée de druidique et au son de la chanson de Mylène Farmer qu’elles ont hurlée en chœur un jour de pluie du haut des falaises de Bouville-sur-Mer, Jasmine a intégré les « Désenchantées » et promis à ses nouvelles amies une sororité sans faille. Pour l’occasion, Angélique a inscrit au Bic le mot « désenchantée » sur trois rubans roses que les jeunes filles ont noué à leur poignet en gage de solidarité. La solidarité en question consistait principalement à s’aider pour les devoirs, à confirmer un mensonge occasionnel à un parent inquiet qui appelait pour savoir où était passée sa fille et à partager secrets, bonbons, argent de poche, CD deux titres, fringues et maquillage.
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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