Читаем Dragons d'un crépuscule d'automne полностью

— Toutes ces marches ? dit le vieillard en se grattant la tête. (Il regarda en contrebas.) Ah oui, l’escalier ! (Il pénétra dans la salle en pointant par jeu son bâton sur Tika.) Retourne à ton ouvrage, ma fille. Je suis capable de me trouver un siège.

Campé au milieu de la pièce, il inspecta les lieux comme s’il les reconnaissait. La cheminée, qui se trouvait au fond de la salle, attira son attention. C’était le seul élément de pierre de la maison, harmonieusement incorporée aux branches qui la soutenaient. Des bûches et du petit bois venus de la montagne, car personne ici n’aurait brûlé le bois de Solace, étaient entassés sur chaque flanc de l’âtre. Il y avait une entrée du côté de la cuisine, à cinquante pieds de haut, mais les clients ne l’empruntaient pas souvent. C’est par là que le vieil homme était apparu.

Il marmonna des commentaires de satisfaction en regardant autour de lui. Puis, au grand étonnement de Tika, il laissa tomber son manteau, releva ses manches et commença à pousser les meubles.

Tika arrêta de balayer.

— Que fais-tu donc ? La place de cette table a toujours été ici !

Le vieil homme avait tiré la longue table centrale et l’avait poussée contre la cloison de bois, en travers de la cheminée. Il recula d’un pas pour admirer son œuvre.

— Voilà, marmonna-t-il. Maintenant, elle est près du feu. Apporte encore deux sièges, il en faudra six autour de la table.

Tika se tourna vers Otik. Celui-ci allait protester, quand une vive lumière sortit de la cuisine. À en juger par les cris du cuisinier, l’huile s’était enflammée. Otik se précipita, franchissant les portes battantes.

— Il ne fait rien de mal, souffla-t-il à Tika. Laisse-le s’amuser comme il veut. Il a peut-être lancé une invitation.

Soupirant, Tika plaça les deux chaises où le vieillard les voulait.

— Maintenant, apporte-moi encore deux sièges, mais plus confortables. Tu les mettras près de l’âtre, dans ce coin sombre.

— Le coin n’est pas sombre, protesta Tika. Il est en plein soleil !

— Ah ! dit le vieillard, surpris, mais cette nuit, il sera sombre, non ? Si le feu est allumé…

— Je pense que oui…, dit Tika.

— Apporte les sièges, tu seras une bonne fille. Et j’en veux un là, dit-il en pointant un doigt devant la cheminée. Il sera pour moi.

— Donnes-tu une fête ? demanda Tika en soulevant le fauteuil le plus confortable de la maison.

— Une fête ? (Le vieillard semblait trouver la question saugrenue ; il rit.) Oui, ma fille. Une fête comme le monde de Krynn n’en a plus vu depuis le Cataclysme. Prépare-toi, Tika Waylan !

Après lui avoir gentiment tapoté l’épaule, il se laissa tomber sur son siège.

— Une chope de bière, ordonna-t-il.

Tika s’en alla tirer la boisson. Quand elle eut servi le vieil homme, elle retourna à son balai. Une pensée lui traversa l’esprit : comment connaissait-il son nom ?

<p>1</p><p>Rencontre de vieux amis brusquement interrompue.</p>

Flint Forgefeu s’assit sur une pierre moussue. Sa vieille carcasse de nain l’avait porté trop longtemps. Elle n’en pouvait plus.

— Je n’aurais jamais dû en partir, grommela-t-il tout haut en regardant la vallée. (De longues années solitaires l’avaient habitué à parler tout seul.) Que je sois damné si j’en pars une fois encore !

La chaleur de la pierre, exposée à une journée de soleil, réchauffa ses vieux os transis par l’air automnal. Une pensée lui réchauffait également le cœur : il était chez lui.

D’un œil attendri, il contempla le paysage qui lui était si familier. Sur le fond des montagnes tapissées aux couleurs de l’automne se détachaient le pourpre et l’or des grands arbres dressés devant les sommets des Kharolis. Le ciel bleu se reflétait dans l’eau calme du lac Crystalmir. De fines colonnes de fumée s’élevaient au-dessus de la cime des arbres, signalant Solace. Une brume légère enveloppait la vallée, emprisonnant les senteurs délicieuses des feux de cheminées.

Flint sortit de son bagage un morceau de bois et un poignard. Depuis toujours, ses compatriotes éprouvaient le besoin de donner une forme de leur choix aux choses qui n’en avaient pas. Lui-même avait été un forgeron de renom avant de se retirer, quelques années plus tôt. Il planta la lame dans le bois et se mit à rêver.

— Mon âtre est éteint depuis longtemps, dit-il doucement. Ma maison est vide. Le toit laisse probablement passer la pluie et le mobilier doit être ruiné. Comme c’est bête d’être revenu. C’est la chose la plus stupide que j’aie jamais faite. À cent quarante-huit ans, j’aurais dû m’en douter !

— Tu n’apprendras jamais rien, nain, répondit une voix lointaine, dusses-tu vivre deux cent quarante-huit ans !

Avec une tranquille assurance, la main du nain passa du poignard au manche de sa hache. Pour la première fois depuis longtemps, il entendait une voix qui lui était familière. Mais il n’arrivait pas à lui donner un visage.

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Андрей Боярский

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