Читаем Du brut pour les brutes полностью

Il est maigre au point que, lorsqu’il marche, on dirait qu’il joue aux osselets. Il a les cheveux taillés en brosse (pour un domestique c’est idéal), le nez busqué, les yeux embusqués, les oreilles débusquées et une quarantaine d’années parfaitement homologuées.

— Monsieur ? qu’il demande avec onction.

— Je viens voir Mme Godemiche.

— De la part de… ?

— De la part de moi-même. Je suis le commissaire San-Antonio.

Il sourcille.

— Oh ! parfaitement, monsieur. Si monsieur veut bien me suivre.

Monsieur ne demande que ça et monsieur le suit.

Comme nous escaladons le perron, la gente dame Godemiche franchit le seuil de sa maison. Elle porte un tailleur qui ne sort pas de la morgue et une rivière de perlouzes nettement en crue.

— Tiens, monsieur le commissaire, gazouille la veuve. Du nouveau ?

— Vous sortiez ? m’effaré-je.

— J’allais à Paris, oui. Mais rien ne presse…

Elle s’efface pour me laisser entrer. Je pénètre dans la mystérieuse crèche. J’aime assez ce nid pour femmes fatales.

— Votre bonne est sortie ? dis-je nonchalamment.

— Elle est partie pour Marseille, fait mon interlocutrice en ôtant posément ses gants, on lui a téléphoné à midi que sa mère avait eu un accident…

— Elle va vous manquer…

— Il me reste Ferdinand…

— C’est le mari de votre bonne ?

— Non.

Elle sourit.

— Mais quelque chose me dit qu’il le deviendra.

Dans ma Ford intérieure, je pense que la gosse Annette n’a pas beaucoup de goût pour marida un échalas comme le Ferdinand. Lui, ça ne sera jamais Ferdinand le taureau, je vous le promets ou faudra qu’il force sur la cantharide ! Il a autant de sex-appeal qu’un écheveau de fil de fer barbelé.

Mais qu’importe des goûts et des couleurs, comme dit Félicie, ma brave femme de mère.

Visiblement, la ravissante veuve attend mes explications. En voilà une qui n’aura pas de mal à se refaire un blaze ! Avec des formes pareilles, un sourire aussi aguichant et des yeux aussi ardents, n’importe quel bonhomme normalement constitué se porterait acquéreur, quand bien même il aurait déjà douze femmes et une pleine école maternelle de lardons.

— Madame Godemiche, je suis venu vous poser différentes questions… Votre intérêt est d’y répondre, sinon il pourrait vous arriver des choses fort désagréables…

Son regard enjôleur s’emplit de nuées funestes. Elle me jette des éclairs que j’attrape les uns après les autres à la volée, car j’ai fait un numéro de jongleur, naguère, au gala de l’Urbaine.

— Monsieur, renaude la beauté, je n’apprécie guère ce langage…

— Il faudra pourtant bien vous y faire, ma petite dame !

J’ai tort de m’emporter. La voilà en plein suif ! Ça complique la situation. Ou alors ça va peut-être l’éclaircir…

Au lieu de faire machine en arrière et de lui débiter des excuses à charnières montées sur subjonctif, je fonce in the brouillard. Gare aux taches ! Quand le San-Antonio des familles bouscule les convenances, on peut s’attendre à tout.

— Je n’ai plus le temps de m’exprimer en alexandrins, madame Godemiche. Je tiens à vous dire que je suis au courant de tout et que cette visite pourrait bien se terminer par une arrestation.

— Vous prétendez m’arrêter, moi !

— Vous, oui, chère madame.

Elle manque d’air, la souris. Elle fait des bulles en parlant, on dirait un moteur Johnson.

— Sortez, monsieur !

— Pas sans vous !

— Partez immédiatement, sinon je vous fais jeter dehors.

— Par qui ? rigolé-je. Par votre virtuose du plumeau ? Ma pauvre chérie, vous pouvez m’en envoyer une douzaine à la fois des comme lui. Je m’amuserais à en faire des fagots…

Elle reste silencieuse un instant, étourdie par la colère et la stupeur.

— Puis-je connaître les raisons de votre attitude ?

— Je préfère vous les donner à mon bureau…

— Vous avez un mandat d’amener ?

Je me mords moralement la langue.

— Madame Godemiche, je n’ai qu’un coup de téléphone à passer et dans l’heure qui suit, on m’en amène un, en bonne et due forme. Seulement ce serait pour vous le scandale immédiat, alors qu’il y a peut-être moyen de l’éviter…

— Très bien, fait-elle d’une voix tellement glacée que je regrette de ne pas avoir mis un pull à col roulé. Très bien, je vous suis… Mais je vous préviens, commissaire, que j’ai les bras longs et qu’il vous en cuira…

— Merci, chère madame, un homme averti en vaut deux.

A cet instant on frappe à la porte du salon. Sans attendre, le larbin paraît.

— Madame, fait-il, Monsieur votre père vous appelle au téléphone…

La veuve me considère avec mépris.

— Je suppose que je n’ai plus le droit de parler à mon père ?

— Mais si, voyons, me poiré-je, à condition toutefois que ce soit en ma présence…

Nous sortons à la file indienne. Une fois dans le hall, la veuve se dirige vers le bigophone décroché et s’empare du combiné.

— Allô ! fait-elle, j’écoute…

Elle répète plusieurs fois allô ! Secoue la fourche de l’appareil et, se tournant dans ma direction, dit à Ferdinand, lequel se tient derrière moi :

— On a coupé la communication ?

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