Читаем Ensemble, c’est tout полностью

— Disons que ce n'est pas exactement le château d'Anet, quoi !

Elle riait.

— Il travaille ?

— Il ne fait que ça. Il travaille, il dort, il travaille, il dort. Et quand il ne dort pas, il ramène des filles... C'est un curieux personnage qui ne sait pas s'exprimer autrement qu'en aboyant. J'ai du mal à comprendre ce qu'elles lui trouvent. Enfin, j'ai bien mon idée sur la question, mais bon...

— Qu'est-ce qu'il fait ?

— Il est cuisinier.

— Ah ? Et il vous prépare de bons petits plats au moins ?

— Jamais. Je ne l'ai jamais vu dans la cuisine. Sauf le matin pour fustiger ma pauvre cafetière...

— C'est un de vos amis ?

— Fichtre non ! Je l'ai découvert par une annonce, un petit mot sur le comptoir de la boulangerie d'en face : Jeune cuisinier au Vert Galant cherche chambre pour faire la sieste l'après-midi pendant sa coupure. Au début, il ne venait que quelques heures par jour et puis voilà, il est là maintenant...

— Ça vous contrarie ?

— Pas du tout ! C'est même moi qui lui ai proposé... Parce que, vous verrez, pour le coup, c'est un peu trop grand chez moi... Et puis il sait tout faire. Moi qui ne suis pas fichu de changer une ampoule, ça m'arrange bien... Il sait tout faire et c'est un fieffé gredin ma foi... Depuis qu'il est là, ma note d'électricité a fondu comme neige au soleil...

— Il a bidouillé le compteur ?

— Il bidouille tout ce qu'il touche, j'ai l'impression... Je ne sais pas ce qu'il vaut comme cuisinier, mais comme bricoleur, il se pose là. Et comme tout tombe en ruine chez moi... Non... et puis je l'aime bien quand même... Je n'ai jamais eu l'occasion de parler avec lui, mais j'ai l'impression qu'il... Enfin, je n'en sais rien... Quelquefois, j'ai la sensation de vivre sous le même toit qu'un mutant...

— Comme dans Alien ?

— Pardon ?

— Non. Rien.

Sigourney Weaver n'ayant jamais fricoté avec un roi, elle préféra laisser tomber l'affaire...

Ils rangèrent ensemble. Avisant son minuscule lavabo, Philibert la supplia de lui laisser nettoyer la vaisselle. Son musée étant fermé le lundi, il n'aurait que ça à faire le lendemain... Ils se quittèrent cérémonieusement.

— La prochaine fois, c'est vous qui viendrez...

— Avec plaisir.

— Mais je n'ai pas de cheminée, hélas...

— Hé ! Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un

cottage à Paris...

— Camille ?

— Oui.

— Vous faites attention à vous, n'est-ce pas ?

— J'essaye. Mais vous aussi, Philibert...

— Je... J...

— Quoi ?

— Il faut que je vous dise... La vérité, c'est que je ne travaille pas vraiment dans un musée, vous savez... Plutôt à l'extérieur... Enfin dans des boutiques, quoi... Je... Je vends des cartes postales...

— Et moi, je ne travaille pas vraiment dans un bureau, vous savez... Plutôt à l'extérieur aussi... Je fais des ménages...

Ils échangèrent un sourire fataliste et se quittèrent tout penauds.

Tout penauds et soulagés.

Ce fut un dîner russe très réussi.

<p>12</p>

— Qu'est-ce qu'on entend ?

— T'inquiète, c'est le grand Duduche...

— Mais qu'est-ce qu'il fout ? On dirait qu'il inonde la cuisine...

— Laisse tomber, on s'en tape... Viens plutôt par là toi...

— Non, laisse-moi.

— Allez, viens quoi... Viens... Pourquoi t'enlèves pas ton tee-shirt ?

— J'ai froid.

— Viens je te dis.

— Il est bizarre, non ?

— Complètement givré... Tu l'aurais vu partir tout à l'heure, avec sa canne et son chapeau de clown... J'ai cru qu'il allait à un bal costumé...

— Il allait où ?

— Voir une fille, je crois...

— Une fille !

— Ouais, je crois, j'en sais rien... On s'en fout... Allez, retourne-toi, merde...

— Laisse-moi.

— Hé, Aurélie, tu fais chier à la fin...

— Aurélia, pas Aurélie.

— Aurélia, Aurélie, c'est pareil. Bon... Et tes chaussettes, tu vas les garder toute la nuit aussi ?

<p>13</p>

Alors que c'était formellement interdit, strictly forbidden, Camille posait ses vêtements sur le linteau de sa cheminée, restait au lit le plus longtemps possible, s'habillait sous sa couette et réchauffait les boutons de son jean entre ses mains avant de l'enfiler.

Le bourrelet en PVC n'avait pas l'air très efficace et elle avait dû changer son matelas de place pour ne plus sentir l'affreux courant d'air qui lui vrillait le front. Maintenant son lit était contre la porte et c'était tout un binz pour entrer et sortir. Elle était sans cesse en train de le tirer ici ou là pour faire trois pas. Quelle misère, songeait-elle, quelle misère... Et puis, ça y est, elle avait craqué, elle faisait pipi dans son lavabo en se tenant au mur pour ne pas risquer de le desceller. Quant à ses bains turcs, n'en parlons pas...

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