Читаем Ensemble, c’est tout полностью

— Parce que je ne veux pas que tu partes. C'est moi qui vais me tirer... Si t'es plus là, Philibert va me faire la gueule jusqu'à sa mort... Aujourd'hui déjà, quand il a vu ton carton, il m'a pris la tête et depuis, il est pas sorti de sa chambre... Alors je vais m'en aller. Pas pour toi, pour lui. Je peux pas lui faire ça. Il va redevenir comme il était avant et je veux pas. Il mérite pas ça. Moi, il m'a aidé quand j'étais dans la merde et je veux pas lui faire de mal. Je veux plus le voir souffrir et se tortiller comme un ver à chaque fois que quelqu'un lui pose une question, c'est plus possible, ça... Il allait déjà meux avant que t'arrives mais depuis que t'es là, il est presque normal et je sais qu'il prend moins de médocs alors... T'as pas besoin de partir... Moi, j'ai un pote qui pourra m'héberger après les fêtes...

Silence.

— Je peux te prendre une bière ?

— Vas-y.

Camille se servit un verre et s'assit en face de lui.

— Je peux m'allumer une clope ?

— Vas-y, je te'dis. Fais comme si je n'étais plus là...

— Non, ça je ne peux pas. C'est impossible... Quand tu es dans une pièce, il y a tellement d'électricité dans l'air, tellement d'agressivité que je ne peux pas être naturelle, et...

— Et quoi ?

— Et je suis comme toi, figure-toi, je suis fatiguée. Pas pour les mêmes raisons, j'imagine... Je travaille moins, mais c'est pareil. C'est autre chose, mais c'est pareil. C'est ma tête qui est fatiguée, tu comprends ? En plus, je veux partir. Je me rends bien compte que je ne suis plus capable de vivre en communauté et je...

— Tu?

— Non rien. Je suis fatiguée, je te dis. Et toi, tu n'es pas capable de t'adresser aux autres normalement. Il faut toujours que tu gueules, que tu les agresses... J'imagine que c'est à cause de ton boulot, que c'est l'ambiance des cuisines qui a déteint... ï'en sais rien... Et puis je m'en fous à vrai dire... Mais une chose est sûre : je vais vous rendre votre intimité.

— Non, c'est moi qui vous abandonne, je n'ai pas le choix, je te dis... Pour Philou, tu comptes plus, tu es devenue plus importante que moi...

— C'est la vie, ajouta-t-il en riant.

Et, pour la première fois, ils se regardèrent dans les yeux.

— Je le nourrissais mieux que toi, c'est sûr ! mais moi, j'en avais vraiment rien à foutre des cheveux blancs de Marie-Antoinette... Mais alors... rien à taper et c'est ça qui m'a perdu... Ah, au fait ! merci pour la chaîne...

Camille s'était relevée :

— C'est à peu près la même, non ?

— Sûrement...

— Formidable, conclut-elle d'une voix morne. Bon, et les clefs ?

— Quelles clefs ?

— Allez...

— Tes affaires sont de nouveau dans ta chambre et je t'ai refait ton lit.

— En portefeuille ?

— Putain, mais t'es vraiment chiante, toi, hein ?

Elle allait quitter la pièce quand il lui indiqua son carnet du menton :

— C'est toi qui fais ça ?

— Où tu l'as trouvé ?

— Hé... Du calme... Il était là, sur la table... Je l'ai juste regardé en t'attendant...

Elle allait le reprendre quand il ajouta :

— Si je te dis un truc de gentil, tu vas pas me mordre ?

— Essaye toujours...

Il le prit, tourna quelques pages, le reposa et attendit encore un moment, le temps qu'elle se retourne enfin :

— C'est super, tu sais... Super beau... Super bien dessiné... C'est... Enfin, je te dis ça... Je m'y connais pas trop, hein ? Pas du tout même. Mais ça fait presque deux heures que je t'attends là, dans cette cuisine où on se les gèle et j'ai pas vu le temps passer. Je me suis pas ennuyé une minute. Je... j'ai regardé tous ces visages là... Mon Philou et tous ces gens... Comment tu les as bien attrapés, comment tu les rends beaux... Et l'appart... Moi ça fait plus d'un an que je vis ici et je croyais qu'il était vide, enfin je voyais rien... Et toi, tu... Enfin, c'est super quoi...

— ...

— Ben pourquoi tu pleures maintenant ?

— Les nerfs, je crois...

— V'là autre chose... Tu veux encore une bière ?

— Non. Merci. Je vais aller me coucher...

Alors qu'elle était dans la salle de bains, elle l'entendit qui donnait des grands coups sur la porte de la chambre de Philibert et qui gueulait :

— « Allez, mon gars ! C'est bon. Elle s'est pas envolée ! Tu peux aller pisser maintenant ! »

Elle crut apercevoir le marquis lui sourire entre ses favoris en éteignant sa lampe et s'endormit aussitôt.

<p>10</p></span><span>

Le temps s'était radouci. Il y avait de la gaieté, de la légèreté, something in di air. Les gens couraient partout pour trouver des cadeaux et Josy B. avait refait sa teinture. Un reflet acajou de toute beauté qui mettait en valeur les montures de ses lunettes. Mamadou aussi s'était acheté un magnifique postiche. Elle leur avait fait une leçon de coiffure un soir, entre deux étages, alors qu'elles trinquaient toutes les quatre en sifflant la bouteille de mousseux payée par le pari.

— Mais combien de temps tu restes chez le coiffeur pour te faire épiler tout le front comme ça ?

— Oh... Pas très longtemps... Deux ou trois heures peut-être... Il y a des coiffures qui sont beaucoup plus longues, tu sais... Pour ma Sissi, ça a pris plus deu quatre heures...

Перейти на страницу:

Похожие книги