– Garde ta baguette à la main, dit-elle à Harry tandis qu’ils s’engageaient dans Wisteria Walk. Inutile de nous soucier du Code du secret à présent, de toute façon, tout cela nous coûtera très cher, alors autant aller jusqu’au bout. Comme dit le proverbe :
Il n’était pas facile de brandir une baguette magique d’une main ferme tout en soutenant Dudley. Exaspéré, Harry donna à son cousin un coup de coude dans les côtes mais il semblait avoir perdu toute faculté de mouvement et restait avachi sur l’épaule de Harry, ses grands pieds traînant par terre.
– Pourquoi ne m’avez-vous jamais dit que vous étiez une Cracmol, Mrs Figg ? demanda Harry, essoufflé par ses efforts. Toutes les fois où je suis venu chez vous, pourquoi ne pas m’en avoir parlé ?
– C’était par ordre de Dumbledore. Je devais garder un œil sur toi mais ne rien te révéler. Tu étais trop jeune. Je suis désolée d’avoir dû te faire passer des moments aussi pénibles, Harry, mais les Dursley ne t’auraient jamais laissé venir chez moi s’ils avaient pensé que tu t’y plaisais. Ce n’était pas facile, tu sais… mais, oh, ma parole, dit-elle d’un ton tragique en se tordant à nouveau les mains, quand Dumbledore saura ça… Comment Mondingus a-t-il pu partir alors qu’il était de garde jusqu’à minuit… ?
– J’ai une chouette, je peux vous la prêter, dit Harry d’une voix gémissante en se demandant si son épine dorsale n’allait pas se briser sous le poids de Dudley.
– Harry, tu ne comprends pas ! Dumbledore va devoir agir au plus vite, le ministère a ses propres moyens de détecter l’usage de la magie par un sorcier de premier cycle, ils sont déjà au courant, tu peux en être sûr.
– Mais comment pouvais-je me débarrasser des Détraqueurs sans magie ? Ils se demanderont plutôt ce que des Détraqueurs venaient faire du côté de Wisteria Walk, non ?
– Oh, mon cher Harry, comme je voudrais qu’il en soit ainsi mais j’ai bien peur que… MONDINGUS FLETCHER, JE VAIS TE TUER !
Il y eut un « crac ! » sonore et une forte odeur d’alcool mêlée de vieux tabac se répandit dans l’atmosphère tandis qu’un homme râblé, mal rasé et vêtu d’un pardessus en lambeaux, se matérialisait devant leur nez. Il avait des jambes courtes et arquées, une longue tignasse rousse et des yeux injectés de sang, soulignés de grands cernes qui lui donnaient le regard mélancolique d’un basset. Serrée dans sa main, il tenait une boule de tissu argenté que Harry reconnut aussitôt : c’était une cape d’invisibilité.
– C’qui s’passe, Figgy ? dit l’homme en regardant successivement Mrs Figg, Harry et Dudley. On peut savoir pourquoi tu sors de la clandestinité ?
– Je t’en ficherais, moi, de la
– Des Détraqueurs ? répéta Mondingus, effaré. Des Détraqueurs, ici ?
– Oui, espèce de gros tas de fientes de chauve-souris, ici ! hurla Mrs Figg d’une voix perçante. Des Détraqueurs qui ont attaqué ce pauvre garçon alors que tu étais de garde !
– Nom de nom ! Ça alors ! dit Mondingus d’une voix faible en regardant alternativement Harry et Mrs Figg. Nom de nom, je…
– Et toi, pendant ce temps-là, tu étais parti t’acheter des chaudrons volés ! Je t’avais bien dit de ne pas t’éloigner ! Je te l’ai dit, pas vrai ?
– Je… enfin… j’ai…
Mondingus paraissait très mal à l’aise.
– C’était une excellente affaire, tu comprends…
Mrs Figg leva son filet à provisions et en frappa Mondingus au visage et au cou. À en juger par le bruit métallique qu’il produisait, le filet devait être rempli de boîtes de nourriture pour chats.
– Aïe ! Arrête ! Houlà ! arrête ça espèce de vieille chouette ! Il faut que quelqu’un aille prévenir Dumbledore !
– Oui ! Il faut ! hurla Mrs Figg en donnant de grands coups de son sac plein de conserves sur toutes les parties du corps de Mondingus qu’elle pouvait atteindre. Et-tu-ferais-bien-d’y-aller-toi-même-comme-ça-tu-lui-diras-pourquoi-tu-n’étais-pas-là-pour-aider !
– Pas la peine de te mettre le chignon à l’envers ! dit Mondingus, le dos voûté, les bras en bouclier au-dessus de sa tête. J’y vais, j’y vais !
Et dans un nouveau craquement, il se volatilisa.
– J’espère que Dumbledore va