Seule ta bontй est infinie ! Seule ta misйricorde peut embrasser tous les siиcles et tous les кtres, parce qu'en Toi vit la glorieuse synthиse de toute l'йvolution terrestre, ferment divin de toutes les cultures, вme sublime de toutes les pensйes.
Devant mes pauvres yeux, la vieille Rome de mes remords et de mes chutes douloureuses se dessine... Je me sens encore plein de la misиre de mes faiblesses et je contemple les monuments des vanitйs humaines...
Expressions politiques qui varient par leurs caractйristiques de libertй et de force, dйtenteurs d'autoritй et de pouvoir, maоtres de fortune et d'intelligence, grandeurs йphйmиres d'un jour fugace !... Trфnes et pourpres, mantes prйcieuses des honneurs terrestres, toges d'une justice humaine imparfaite, parlements et dйcrets prйsumйs irrйvocables !... En silence, Seigneur, tuas vu la confusion s'installer parmi les hommes inquiets et avec le mкme amour vigilant, tu as toujours sauvй les crйatures а l'instant douloureux des ruines suprкmes... Tu as donnй ta main misйricordieuse et immaculйe aux peuples les plus humbles et les plus fragiles, tu as confondu la science mensongиre de tous les temps, tu as humiliй ceux qui se considйraient grands et puissants !...
Sous ton regard compatissant, la mort a ouvert ses portes de tйnиbres et les fausses gloires du monde furent dйtruites dans le tourbillon des ambitions, rйduisant toutes les vanitйs а un tas de cendres !...
Les souvenirs des йlйgantes constructions des cйlиbres collines me surgissent а l'esprit; j e vois le Tibre qui passe, charriant les dйtritus de la grande Babylone impйriale, les aqueducs, les marbres prйcieux, les thermes qui semblaient indestructibles... Je vois encore les rues agitйes oщ une plиbe misйrable attendre les grвces des grands seigneurs, les aumфnes de blй, les bouts de chiffon pour protйger du froid la nuditй de leur chair.
Les cirques regorgent de monde... L'aristocratie du patriciat observe les jeux йlйgants du Champ de Mars ; et des passages les plus humbles aux palais les plus somptueux, on parle de Cйsar, l'Auguste !...
A travers ces souvenirs, Seigneur, je flвne entre les haillons et les splendeurs, ivre de mon misйrable orgueil ! Des voiles йpais de mes tйnиbres, comment aurais-je pu te voir lа haut, oщ tu gardes ton royaume de grвces inйpuisables.
Alors que le grand Empire se livrait а ses luttes inquiйtantes, ton cњur battait en silence et, comme les autres, je ne percevais pas que tu veillais !