Де Местр считал, что поле сражения – прекрасная иллюстрация жизни во всех ее аспектах, и иронизировал над генералами, которым кажется, что они реально контролируют передвижения собственных войск и направляют ход битвы. На его взгляд, ни один человек, действительно оказавшийся в пылу сражения, не сможет связно объяснить, что вокруг него происходит:
«On parle beacoup de batailles dans le monde sans savoir ce que c’est; on est surtout assez sujet `a les consid'erer comme des points, tandis qu’elles couvrent deux ou trois lieus de pays: on vous dit gravement: Comment ne savez-vous pas ce qui s’est pass'e dans ce combat puisque vous y 'etiez?
tandis que c’est pr'ecis'ement le contraire qu’on pourrait dire assez souvent. Celui qui est `a la droit sait-il ce qui se passe `a la gauche? sait-il seulement ce qui se passe `a deux pas de lui?…repr'esente ais'ement une de ces sc`enes 'epouvantables sur un vaste terrain couvert de tous les appr^ets du carnage, et qui semble s’'ebranler sous les pas des hommes et des chevaux; au milieu du feu et des armes? feu et des instruments militaires, par des voix qui commandent, qui hurlent ou qui s’'eteignent; environn'e de morts, de mourants, de cadavres mutil'es; poss'ed'e tour `a tour par la crainte, par l’esp'erance, par le rage, par cinq ou six ivresses differ'entesque devient l’homme? que voit-il? que sait-il au bout de quelques heures? que peut-il sur lui et sur les autres? Parmi cette foule de guerriers qui ont combattu tout le jour, il n’y en a souvent pas un seul, et pas m^eme le g'en'eral, qui sache o^u est le vainqueur. Il ne tiendrait qu’а moi de vous citer des batailles modernes, des batailles fameuses dont la m'emoire ne p'erira jamais, des batailles qui ont chang'e la face des affaires en Europe, et qui n’ont 'et'e perdues que parce que tel ou tel homme a cru qu’elles l’'etaient; de mani`ere qu’en supposant toutes les circonstances 'egales, et pas une goutte de sang de plus verse'e de part et d’autre, un autre g'en'eral aurait fait chanter le Te Deum chez lui, et forc'e l’histoire de dire tout le contraire de ce qu’elle dira»[317].И ниже:
«N’avons-nous pas fini m^eme par voir perdre des batailles gagn'ees? <…> Je crois en g'en'eral que les batailles ne se gagnent ni ne se perdent point physiquement»[318]
.И снова, в том же духе:
«De m^eme une arm'ee de 40 000 hommes est inf'erieure physiquement а une arm'ee de 60 000: mais si la premi`ere a plus de courage, d’exp'erience et de discipline, elle pourra battre la seconde; car ella a plus d’action avec moins de masse, et c’est que nous voyons `a chaque page de l’histoire»[319]
.И, наконец:
«C’est l’opinion qui perd les batailles, est c’est l’opinion qui les gagne»[320]
.Победа есть факт моральный или психологический, но никак не физический:
«…qu’est ce qu’une bataille perdue?… C’est une bataille qu’on croit avoir perdue.
Rien n’est plus vrai. Un homme qui se bat avec un autre est vaincu lorsqu’il est tu'e ou terrass'e, et que l’autre est debout; il n’en est pas ainsi de deux arm'ees: l’une ne peut ^etre tu'ee, tandis que l’autre reste en pied. Les forces se balancent ainsi que les morts, et depuis surtout que l’invention de la poudre a mis plus d’'egalit'e dans les moyens de destruction, une bataille ne se perd plus mat'eriellement: c’est-а-dire parce qu’il y a plus de morts d’un c^ot'e que l’autre: aussi Fr'ed'eric II, qui s’y entendait un peu, disait: Vaincre, c’est avancer. Mais quel est celui qui avance? c’est celui dont la conscience et la contenance font reculer l’autre»[321].Такого предмета как военная наука нет и быть не может, ибо «с’est l’imagination qui perd les batailles»[322]
и «peu de batailles sont perdues physiquement – vous tires, je tire… le v'eritable vainqueur, comme le v'eritable vaincu, c’est celui qui croit l’^etre»[323].Толстой уверяет, что этот урок он получил от Стендаля, однако слова князя Андрея об Аустерлице – «…мы сказали себе очень рано, что мы проиграли сражение – и проиграли»[324]
, – так же как и то обстоятельство, что победу русских над Наполеоном приписывают страстному желанию русских выжить, отсылают не к Стендалю, а к де Местру.