Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Ne vous attendrissez pas, sire. Ne laissons pas croire que cette séparation soit durable. Mes sœurs n’en savent rien encore, à ce que je crois, du moins; mes femmes seules sont dans la confidence. Depuis huit jours je fais tous mes apprêts, et je désire ardemment que le bruit de mon départ ne retentisse qu’après celui des lourdes portes de Saint-Denis. Ce dernier bruit m’empêchera d’entendre l’autre.

Le roi lut dans les yeux de sa fille que son dessein était irrévocable. Il aimait mieux d’ailleurs qu’elle partît sans bruit. Si Madame Louise craignait l’éclat des sanglots pour sa résolution, le roi le craignait bien plus encore pour ses nerfs.

Puis il voulait aller à Marly, et trop de douleur à Versailles eût nécessairement fait ajourner le voyage.

Enfin il songeait qu’il ne rencontrerait plus, au sortir de quelque orgie, indigne à la fois du roi et du père, cette figure grave et triste qui lui semblait un reproche de cette insouciante et paresseuse existence qu’il menait.

– Qu’il soit donc fait comme tu voudras, mon enfant, dit-il; seulement, reçois la bénédiction de ton père, que tu as toujours rendu parfaitement heureux.

– Votre main seulement, que je la baise, sire, et donnez-moi mentalement cette précieuse bénédiction.

C’était, pour ceux qui étaient instruits de sa résolution, un spectacle grand et solennel que celui de cette noble princesse, qui, à chaque pas qu’elle faisait, s’avançait vers ses aïeux, qui, du fond de leurs cadres d’or, semblaient la remercier de ce qu’elle venait, vivante, les retrouver dans leurs sépulcres.

À la porte, le roi salua sa fille, et revint sur ses pas sans dire un seul mot.

La cour le suivit, comme c’était l’étiquette.

<p id="_Toc103004311">Chapitre XXVIII Loque, Chiffe et Graille</p>

Le roi se dirigea vers le cabinet des équipages, où il avait l’habitude, avant la chasse ou la promenade, de passer quelques moments pour donner des ordres particuliers au genre de service dont il avait besoin pour le reste de la journée.

Au bout de la galerie, il salua les courtisans et leur fit un signe de la main indiquant qu’il voulait être seul.

Louis XV, demeuré seul, continua son chemin à travers un corridor sur lequel donnait l’appartement de Mesdames. Arrivé devant la porte, fermée par une tapisserie, il s’arrêta un instant et secoua la tête.

– Il n’y en avait qu’une bonne, grommela-t-il entre ses dents, et elle vient de partir!

Un éclat de voix répondit à cet axiome passablement désobligeant pour celles qui restaient. La tapisserie se releva, et Louis XV fut salué par ces paroles que lui adressa en chœur un trio furieux:

– Merci, mon père!

Le roi se trouvait au milieu de ses trois autres filles.

– Ah! c’est toi, Loque, dit-il s’adressant à l’aînée des trois, c’est-à-dire Madame Adélaïde. Ah! ma foi tant pis, fâche-toi ou ne te fâche pas, j’ai dit la vérité.

– Ah! dit Madame Victoire, vous ne nous avez rien appris de nouveau, sire, et nous savons que vous avez toujours préféré Louise.

– Ma foi! tu as dit là une grande vérité, Chiffe.

– Et pourquoi nous préférer Louise? demanda d’un ton aigre Madame Sophie.

– Parce que Louise ne me tourmente pas, répondit-il avec cette bonhomie dont, dans ses moments d’égoïsme, Louis XV offrait un type si parfait.

– Oh! elle vous tourmentera, soyez tranquille, mon père, dit Madame Sophie avec un ton d’aigreur qui attira particulièrement vers elle l’attention du roi.

– Qu’en sais-tu, Graille? dit-il. Est-ce que Louise, en partant, t’a fait ses confidences, à toi? Cela m’étonnerait, car elle ne t’aime guère.

– Ah! ma foi! en tout cas, je le lui rends bien, répondit Madame Sophie.

– Très bien! dit Louis XV, haïssez-vous, détestez-vous, déchirez-vous, c’est votre affaire; pourvu que vous ne me dérangiez pas pour rétablir l’ordre dans le royaume des amazones, cela m’est égal. Mais je désire savoir en quoi la pauvre Louise doit me tourmenter?

– La pauvre Louise! dirent ensemble Madame Victoire et Madame Adélaïde, en allongeant les lèvres de deux façons différentes.

– En quoi elle doit vous tourmenter? Eh bien! je vais vous le dire, mon père.

Louis s’étendit dans un grand fauteuil placé près de la porte, de sorte que la retraite lui restait toujours chose facile.

– Parce que Madame Louise, répondit Sophie, est un peu tourmentée du démon qui agitait l’abbesse de Chelles, et qu’elle se retire au couvent pour faire des expériences.

– Allons, allons, dit Louis XV, pas d’équivoques, je vous prie, sur la vertu de votre sœur; on n’a jamais rien dit au dehors, où cependant l’on dit tant de choses. Ne commencez pas, vous.

– Moi?

– Oui, vous.

– Oh! je ne parle pas de sa vertu, dit Madame Sophie, fort blessée de l’accentuation particulière donnée par son père au mot vous, et de sa répétition affectée; je dis qu’elle fera des expériences, et voilà tout.

– Eh! quand elle ferait de la chimie, des armes et des roulettes de fauteuil, quand elle flûterait, quand elle tambourinerait, quand elle écraserait des clavecins ou raclerait le boyau, quel mal voyez-vous à cela?

Перейти на страницу:

Похожие книги

Битва за Рим
Битва за Рим

«Битва за Рим» – второй из цикла романов Колин Маккалоу «Владыки Рима», впервые опубликованный в 1991 году (под названием «The Grass Crown»).Последние десятилетия существования Римской республики. Далеко за ее пределами чеканный шаг легионов Рима колеблет устои великих государств и повергает во прах их еще недавно могущественных правителей. Но и в границах самой Республики неспокойно: внутренние раздоры и восстания грозят подорвать политическую стабильность. Стареющий и больной Гай Марий, прославленный покоритель Германии и Нумидии, с нетерпением ожидает предсказанного многие годы назад беспримерного в истории Рима седьмого консульского срока. Марий готов ступать по головам, ведь заполучить вожделенный приз возможно, лишь обойдя беспринципных честолюбцев и интриганов новой формации. Но долгожданный триумф грозит конфронтацией с новым и едва ли не самым опасным соперником – пылающим жаждой власти Луцием Корнелием Суллой, некогда правой рукой Гая Мария.

Валерий Владимирович Атамашкин , Колин Маккалоу , Феликс Дан

Проза / Историческая проза / Проза о войне / Попаданцы
Чингисхан
Чингисхан

Роман В. Яна «Чингисхан» — это эпическое повествование о судьбе величайшего полководца в истории человечества, легендарного объединителя монголо-татарских племен и покорителя множества стран. Его называли повелителем страха… Не было силы, которая могла бы его остановить… Начался XIII век и кровавое солнце поднялось над землей. Орды монгольских племен двинулись на запад. Не было силы способной противостоять мощи этой армии во главе с Чингисханом. Он не щадил ни себя ни других. В письме, которое он послал в Самарканд, было всего шесть слов. Но ужас сковал защитников города, и они распахнули ворота перед завоевателем. Когда же пали могущественные государства Азии страшная угроза нависла над Русью...

Валентина Марковна Скляренко , Василий Григорьевич Ян , Василий Ян , Джон Мэн , Елена Семеновна Василевич , Роман Горбунов

Детская литература / История / Проза / Историческая проза / Советская классическая проза / Управление, подбор персонала / Финансы и бизнес