Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Tandis, continua Jean, tandis que madame, qu’on n’a pas sollicitée, que nous connaissons à peine, et qui s’offre de bonne grâce enfin, me paraît digne en tout point de profiter des avantages de la position.

La plaideuse allait peut-être réclamer contre cette bonne volonté dont lui faisait honneur le vicomte; mais madame du Barry ne lui en donna pas le temps.

– Le fait est, dit-elle, qu’un pareil procédé enchanterait le roi, et que le roi n’aurait rien à refuser à la personne qui l’aurait eu.

– Comment! le roi n’aurait rien à refuser, dites-vous?

– C’est-à-dire qu’il irait au-devant des désirs de cette personne; c’est-à-dire que, de vos propres oreilles, vous l’entendriez dire au vice-chancelier: «Je veux que l’on soit agréable à madame de Béarn, entendez-vous, monsieur de Maupeou?» Mais il paraît que madame la comtesse voit des difficultés à ce que cela soit ainsi. C’est bien. Seulement, ajouta le vicomte en s’inclinant, j’espère que madame me saura gré de mon bon vouloir.

– J’en suis pénétrée de reconnaissance, monsieur! s’écria la vieille.

– Oh! bien gratuitement, dit le galant vicomte.

– Mais…, reprit la comtesse.

– Madame?

– Mais madame d’Aloigny ne cédera point son droit, dit la plaideuse.

– Alors nous revenons à ce que nous avons dit d’abord: madame ne s’en sera pas moins offerte, et Sa Majesté n’en sera pas moins reconnaissante.

– Mais en supposant que madame d’Aloigny acceptât, dit la comtesse, qui cavait au pis pour voir clairement au fond des choses, on ne peut faire perdre à cette dame les avantages…

– La bonté du roi pour moi est inépuisable, madame, dit la favorite.

– Oh! s’écria du Barry, quelle tuile sur la tête de ces Saluces, que je ne puis pas souffrir!

– Si j’offrais mes services à madame, reprit la vieille plaideuse se décidant de plus en plus, entraînée qu’elle était à la fois par son intérêt et par la comédie que l’on jouait avec elle, je ne considérerais pas le gain de mon procès; car enfin ce procès, que tout le monde regarde comme perdu aujourd’hui, sera difficilement gagné demain.

– Ah! si le roi le voulait pourtant! répondit le vicomte se hâtant de combattre cette hésitation nouvelle.

– Eh bien! madame a raison, vicomte, dit la favorite, et je suis de son avis, moi.

– Vous dites? fit le vicomte ouvrant des yeux énormes.

– Je dis qu’il serait honorable pour une femme du nom de madame que le procès marchât comme il doit marcher. Seulement, nul ne peut entraver la volonté du roi, ni l’arrêter dans sa munificence. Et si le roi, ne voulant pas, surtout dans la situation où il est avec ses parlements, si le roi, ne voulant pas changer le cours de la justice, offrait à madame un dédommagement?

– Honorable, se hâta de dire le vicomte. Oh! oui, petite sœur, je suis de votre avis.

– Hélas! fit péniblement la plaideuse, comment dédommager de la perte d’un procès qui enlève deux cent mille livres?

– Mais d’abord, dit madame du Barry, par un don royal de cent mille livres, par exemple?

Les deux associés regardèrent avidement leur victime.

– J’ai un fils, dit-elle.

– Tant mieux! c’est un serviteur de plus pour l’État, un nouveau dévouement acquis au roi.

– On ferait donc quelque chose pour mon fils, madame, vous le croyez?

– J’en réponds, moi, dit Jean; et le moins qu’il puisse espérer, c’est une lieutenance dans les gendarmes.

– Avez-vous encore d’autres parents? demanda la favorite.

– Un neveu.

– Eh bien! on inventerait quelque chose pour le neveu.

– Et nous vous chargerions de cela, vicomte, vous qui venez de nous prouver que vous étiez plein d’invention, dit en riant la favorite.

– Voyons, si Sa Majesté faisait pour vous toutes ces choses, madame, dit le vicomte, qui, suivant le précepte d’Horace, poussait au dénouement, trouveriez-vous le roi raisonnable?

– Je le trouverais généreux au delà de toute expression, et j’offrirais toutes mes actions de grâces à madame, convaincue que c’est à elle que je dois tant de générosité.

– Ainsi donc, madame, demanda la favorite, vous voulez bien prendre au sérieux notre conversation?

– Oui, madame, au plus grand sérieux, dit la vieille comtesse, toute pâle de l’engagement qu’elle prenait.

– Et vous permettez que je parle de vous à Sa Majesté?

– Faites-moi cet honneur, répondit la plaideuse avec un soupir.

– Madame, la chose aura lieu, et pas plus tard que ce soir même, dit la favorite en levant le siège. Et maintenant, madame, j’ai conquis, je l’espère, votre amitié.

– La vôtre m’est si précieuse, répondit la vieille dame en commençant ses révérences, qu’en vérité je crois être sous l’empire d’un songe.

– Voyons, récapitulons, dit Jean, qui voulait donner à l’esprit de la comtesse toute la fixité dont l’esprit a besoin pour mener à fin les choses matérielles. Voyons, cent mille livres d’abord comme dédommagement des frais de procès, de voyages, d’honoraires d’avocat, etc., etc., etc.

– Oui, monsieur.

– Une lieutenance pour le jeune comte.

– Oh! ce lui serait une ouverture de carrière magnifique.

– Et quelque chose pour un neveu, n’est-ce pas?

– Quelque chose.

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