Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Madame de Béarn gémissait, mais ne s’opposait à rien.

La compresse fut détachée, et une véritable plaie s’offrit aux yeux de madame du Barry. Ce n’était pas de l’imitation, et là s’arrêtait la diplomatie de madame de Béarn. Livide et sanguinolente, la brûlure parlait éloquemment. Madame de Béarn pouvait avoir vu et reconnu Chon; mais alors elle s’élevait à la hauteur de Porcie et de Mucius Scévola.

Madame du Barry se tut et admira.

La vieille, revenue à elle, jouissait pleinement de sa victoire; son œil fauve couvait la comtesse agenouillée à ses pieds.

Madame du Barry replaça la compresse avec cette délicate sollicitude des femmes, dont la main est si légère aux blessés, rétablit sur le coussin la jambe de la malade, et s’asseyant auprès d’elle:

– Allons, madame, lui dit-elle, vous êtes encore plus forte que je ne le croyais, et je vous demande pardon de ne pas avoir, du premier coup, attaqué la question comme il convenait à une femme de votre valeur. Faites vos conditions.

Les yeux de la vieille étincelaient, mais ce ne fut qu’un éclair qui s’éteignit aussitôt.

– Formulez nettement votre désir, madame, dit-elle, et je verrai en quoi je puis vous être agréable.

– Je veux, dit la comtesse, être présentée à Versailles par vous, madame, dût-il m’en coûter une heure des horribles souffrances que vous avez subies ce matin.

Madame de Béarn écouta sans sourciller.

– Et puis? dit-elle.

– C’est tout, madame; maintenant, à votre tour.

– Je voudrais, dit madame de Béarn, avec une fermeté qui prouva nettement à la comtesse qu’on traitait avec elle de puissance à puissance, je voudrais les deux cent mille livres de mon procès garanties.

– Mais, si vous gagnez votre procès, cela fera quatre cent mille livres, ce me semble.

– Non, car je regarde comme à moi les deux cent mille livres que me disputent les Saluces. Les deux cent mille autres seront une bonne fortune à ajouter à l’honneur que j’ai eu de faire votre connaissance.

– Vous aurez ces deux cent mille livres, madame. Après?

– J’ai un fils que j’aime tendrement, madame. L’épée a toujours été bien portée dans notre maison; mais, nés pour commander, vous devez comprendre que nous faisons de médiocres soldats. Il me faut une compagnie sur-le-champ pour mon fils, avec un brevet de colonel pour l’année prochaine.

– Qui fera les frais du régiment, madame?

– Le roi. Vous comprenez que si je dépense à ce régiment les deux cent mille livres de mon bénéfice, je serai aussi pauvre demain que je le suis aujourd’hui.

– De bon compte, cela fait six cent mille livres.

– Quatre cent mille, en supposant que le régiment en vaille deux cents, ce qui est l’estimer bien haut.

– Soit; vous serez satisfaite en ceci.

– J’ai encore à demander au roi la restitution de ma vigne de Touraine; ce sont quatre bons arpents que les ingénieurs du roi m’ont pris, il y a onze ans, pour le canal.

– On vous l’a payée.

– Oui, mais à dire d’expert; et je l’estimerai, moi, juste le double du prix qu’ils l’ont estimée.

– Bien! on vous la payera une seconde fois. Est-ce tout?

– Pardon. Je ne suis pas en argent, comme vous devez le penser. Je dois à maître Flageot quelque chose comme neuf mille livres.

– Neuf mille livres.

– Oh! ceci est l’indispensable. Maître Flageot est d’excellent conseil.

– Oui, je le crois, dit la comtesse. Je payerai ces neuf mille livres sur mes propres deniers. J’espère que vous m’avez trouvée accommodante?

– Oh! vous êtes parfaite, madame; mais je crois, de mon côté, vous avoir prouvé toute ma bonne volonté.

– Si vous saviez combien je regrette que vous vous soyez brûlée, dit madame du Barry en souriant.

– Je ne le regrette pas, madame, répondit la plaideuse, puisque, malgré cet accident, mon dévouement, je l’espère, me donnera la force de vous être utile, comme s’il n’était pas arrivé.

– Résumons, dit madame du Barry.

– Attendez.

– Vous avez oublié quelque chose?

– Un détail.

– Dites.

– Je ne pouvais m’attendre à paraître devant notre grand roi. Hélas! Versailles et ses splendeurs ont cessé depuis longtemps de m’être familières, de sorte que je n’ai pas de robe.

– J’avais prévu le cas, madame; hier, après votre départ, votre habit de présentation a été commencé, et j’ai eu le soin de le commander chez une autre tailleuse que la mienne pour ne pas l’encombrer. Demain, à midi, il sera achevé.

– Je n’ai pas de diamants.

– MM. Boëhmer et Bassange vous donneront demain, sur un mot de moi, une parure de deux cent dix mille livres, qu’ils vous reprendront après demain pour deux cent mille livres. Ainsi votre indemnité se trouvera payée.

– Très bien, madame: je n’ai plus rien à désirer.

– Vous m’en voyez ravie.

– Mais le brevet de mon fils?

– Sa Majesté vous le remettra elle-même.

– Mais la promesse des frais de levée du régiment?

– Le brevet l’impliquera.

– Parfait. Il ne reste plus que la question des vignes.

– Vous estimiez ces quatre arpents, madame?…

– Six mille livres l’arpent. C’étaient d’excellentes terres.

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