Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Madame, dit Gilbert, je crois que la meilleure des sciences est celle qui permet à l’homme d’être le plus utile à ses semblables. Puis, d’un autre côté, l’homme est si peu de chose, qu’il doit étudier le secret de sa faiblesse pour connaître celui de sa force. Je veux savoir un jour pourquoi mon estomac a empêché mes jambes de me porter ce matin; enfin, je veux savoir encore si ce n’est point cette même faiblesse d’estomac qui a amené en mon cerveau cette colère, cette fièvre, cette vapeur noire, qui m’ont terrassé.

– Ah! mais vous ferez un excellent médecin, et il me semble que vous parlez déjà admirablement médecine. Dans dix ans, je vous promets ma pratique.

– Je tâcherai de mériter cet honneur, madame, dit Gilbert.

Le postillon s’arrêta. On était arrivé au relais sans avoir vu aucune voiture.

La jeune dame s’informa. La dauphine venait de passer il y avait un quart d’heure; elle devait s’arrêter à Vitry pour relayer et déjeuner.

Un nouveau postillon se mit en selle.

La jeune dame le laissa sortir du village au pas ordinaire; puis, arrivé à quelque distance au delà de la dernière maison:

– Postillon, dit-elle, vous engagez-vous à rattraper les voitures de madame la dauphine?

– Sans doute.

– Avant qu’elles soient à Vitry?

– Diable! elles allaient au grand trot.

– Mais il me semble qu’en allant au galop…

Le postillon la regarda.

– Triples guides! dit-elle.

– Il fallait donc nous conter cela tout de suite, répondit le postillon, nous serions déjà à un quart de lieue d’ici.

– Voilà un écu de six livres à compte; réparons le temps perdu.

Le postillon se pencha en arrière, la jeune dame en avant, leurs mains finirent par se joindre, et l’écu passa de celle de la voyageuse dans celle du postillon.

Les chevaux reçurent le contrecoup. La chaise partit, rapide comme le vent.

Pendant le relais, Gilbert était descendu, il avait lavé son visage et ses mains à une fontaine. Son visage et ses mains y avaient fort gagné, puis il avait lissé ses cheveux, qui étaient magnifiques.

– En vérité, avait dit en elle-même la jeune femme, il n’est pas trop laid pour un futur médecin.

Et elle avait souri en regardant Gilbert.

Gilbert alors avait rougi comme s’il eut su ce qui faisait sourire sa compagne de route.

Le dialogue terminé avec le postillon, la voyageuse revint à Gilbert, dont les paradoxes, les brusqueries et les sentences l’amusaient fort.

De temps en temps seulement, elle s’interrompait au milieu d’un éclat de rire provoqué par quelque réponse sentant le philosophisme à une lieue à la ronde, pour regarder au fond de la route. Alors si son bras avait effleuré le front de Gilbert, si son genou arrondi avait serré le flanc de son compagnon, la belle voyageuse s’amusait à voir la rougeur des joues du futur médecin contraster avec ses yeux baissés.

On fit ainsi une lieue, à peu près. Tout à coup la jeune femme poussa un cri de joie, se jetant sur la banquette de devant avec si peu de ménagement, que cette fois elle couvrit Gilbert tout entier de son corps.

Elle venait d’apercevoir les derniers fourgons de l’escorte gravissant péniblement une longue côte sur laquelle s’étageaient vingt carrosses dont presque tous les voyageurs étaient descendus.

Gilbert se dégagea des plis de la robe à grandes fleurs, glissa sa tête sous une épaule et s’agenouilla à son tour sur la banquette de devant, cherchant avec des yeux ardents mademoiselle de Taverney au milieu de tous ces pygmées ascendants.

Il crut reconnaître Nicole à son bonnet.

– Voilà, madame, dit le postillon; que faut-il faire maintenant?

– Il faut dépasser tout cela.

– Dépasser tout cela! impossible, madame. On ne dépasse pas la dauphine.

– Pourquoi?

– Parce que c’est défendu. Peste! dépasser les chevaux du roi! j’irais aux galères.

– Écoute, mon ami, arrange-toi comme tu pourras, mais il faut que je les dépasse.

– Mais vous n’êtes donc pas de l’escorte? demanda Gilbert, qui avait pris jusque-là le carrosse de la jeune dame pour une voiture en retard, et qui n’avait vu dans toute cette diligence qu’un désir de reprendre la file.

– Désir de s’instruire est bon, répondit la jeune dame, indiscrétion ne vaut rien.

– Excusez-moi, madame, répondit Gilbert en rougissant.

– Eh bien! que faisons-nous? demanda la voyageuse au postillon.

– Dame! nous marcherons derrière jusqu’à Vitry. Là, si Son Altesse s’arrête, nous demanderons la permission de passer.

– Oui, mais on s’informera qui je suis, et l’on saura… Non, non, cela ne vaut rien; cherchons autre chose.

– Madame, dit Gilbert, si j’osais vous donner un avis…

– Donnez, mon ami, donnez, et, s’il est bon, on le suivra.

– Ce serait de prendre quelque chemin de traverse tournant autour de Vitry, et ainsi l’on se trouverait en avant de madame la dauphine sans lui avoir manqué de respect.

– L’enfant dit vrai, s’écria la jeune femme. Postillon, n’y a-t-il pas un chemin de traverse?

– Pour aller où?

– Pour aller où vous voudrez, pourvu que nous laissions madame la dauphine en arrière.

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