Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Oui, sans doute. Trouvez une marraine.

– Parmi vos bégueules de la cour? Votre Majesté sait bien que c’est impossible; elles sont toutes vendues aux Choiseul, aux Praslin.

– Allons, je croyais qu’il était convenu que nous ne parlerions plus ni des uns ni des autres.

– Je n’ai pas promis cela, sire.

– Eh bien! je vous demande une chose.

– Laquelle?

– C’est de les laisser où ils sont, et de rester où vous êtes. Croyez-moi, la meilleure place est à vous.

– Pauvres affaires étrangères! pauvre marine!

– Comtesse, au nom du ciel, ne faisons pas de politique ensemble.

– Soit; mais vous ne pourrez pas m’empêcher d’en faire toute seule.

– Oh! toute seule, tant que vous voudrez.

La comtesse étendit la main vers une corbeille pleine de fruits, y prit deux oranges, et les fit sauter alternativement dans sa main.

– Saute, Praslin! saute, Choiseul! dit-elle; saute, Praslin! saute, Choiseul!

– Eh bien! dit le roi, que faites-vous?

– J’use de la permission que m’a donnée Votre Majesté, sire, je fais sauter le ministère.

En ce moment, Dorée entra, et dit un mot à l’oreille de sa maîtresse.

– Oh! certainement! s’écria celle-ci.

– Qu’y a-t-il? demanda le roi.

– Chon, qui arrive de voyage, sire, et qui demande à présenter ses hommages à Votre Majesté.

– Qu’elle vienne, qu’elle vienne! En effet, depuis quatre ou cinq jours, je sentais qu’il me manquait quelque chose, sans savoir quoi.

– Merci, sire, dit Chon en entrant.

Puis, s’approchant de l’oreille de la comtesse.

– C’est fait, dit-elle.

La comtesse ne put retenir un petit cri de joie.

– Eh bien! qu’y a-t-il? demanda Louis XV.

– Rien, sire; je suis heureuse de la revoir, voilà tout.

– Et moi aussi. Bonjour, petite Chon, bonjour.

– Votre Majesté permet que je dise quelques mots à ma sœur? demanda Chon.

– Dis, dis, mon enfant. Pendant ce temps-là, je vais demander à Sartine d’où tu viens.

– Sire, dit M. de Sartine, qui voulait esquiver la demande, Votre Majesté voudra-t-elle m’accorder un instant?

– Pourquoi faire?

– Pour parler de choses de la dernière importance, sire.

– Oh! j’ai bien peu de temps, monsieur de Sartine, dit Louis XV en bâillant d’avance.

– Sire, deux mots seulement.

– Sur quoi?…

– Sur ces voyants, ces illuminés, ces déterreurs de miracles.

– Ah! des charlatans. Donnez-leur des patentes de jongleurs, et ils ne seront plus à craindre.

– Sire, j’oserai insister pour dire à Votre Majesté que la situation est plus grave qu’elle ne le croit. À chaque instant, il s’ouvre de nouvelles loges maçonniques. Eh bien! sire, ce n’est déjà plus une société, c’est une secte, une secte à laquelle s’affilient tous les ennemis de la monarchie: les idéologues, les encyclopédistes, les philosophes. On va recevoir en grande cérémonie M. de Voltaire.

– Il se meurt.

– Lui? Oh! que non, sire – pas si niais.

– Il s’est confessé.

– C’est une ruse.

– En habit de capucin.

– C’est une impiété, sire! tout cela s’agite, écrit, parle, se cotise, correspond, intrigue, menace. Quelques mots même, échappés à des frères indiscrets, indiquent qu’ils attendent un chef.

– Eh bien! Sartine, quand ce chef sera venu vous le prendrez, vous le mettrez à la Bastille, et tout sera dit.

– Sire, ces gens-là ont bien des ressources.

– En aurez-vous moins qu’eux, monsieur, vous, lieutenant de police d’un royaume?

– Sire, on a obtenu de Votre Majesté l’expulsion des jésuites; c’est celle des philosophes qu’on aurait du demander.

– Allons, vous voilà encore avec vos tailleurs de plumes.

– Sire, ce sont de dangereuses plumes que celles qu’on taille avec le canif de Damiens.

Louis XV pâlit.

– Ces philosophes que vous méprisez, sire… continua M. de Sartine.

– Eh bien?

– Eh bien! je vous le dis, ils perdront la monarchie.

– Combien leur faut-il de temps pour cela, monsieur?

Le lieutenant de police regarda Louis XV avec des yeux étonnés.

– Mais, sire, puis-je savoir cela? Quinze ans, vingt ans, trente ans peut-être.

– Eh bien! mon cher ami, dit Louis XV, dans quinze ans je n’y serai plus; allez parler de cela à mon successeur.

Et le roi se retourna vers madame du Barry.

Celle-ci semblait attendre ce moment.

– Oh! mon Dieu! s’écria-t-elle avec un grand soupir, que me dis-tu là, Chon?

– Oui, que dit-elle? demanda le roi; vous avez toutes deux des airs funèbres.

– Ah! sire, dit la comtesse, il y a bien de quoi.

– Voyons, parlez, qu’est-il arrivé?

– Pauvre frère!

– Pauvre Jean!

– Crois-tu qu’il faudra le lui couper?

– On espère que non.

– Lui couper quoi? demanda Louis XV.

– Le bras, sire.

– Couper le bras du vicomte! et pourquoi faire?

– Parce qu’il est blessé grièvement.

– Grièvement blessé au bras?

– Oh! mon Dieu, oui, sire.

– Au milieu de quelque bagarre, chez quelque baigneur, dans quelque tripot!…

– Non, sire, c’est sur la grand-route.

– Mais comment cela est-il venu?

– Cela est venu qu’on a voulu l’assassiner, voilà tout.

– Ah! pauvre vicomte! s’écria Louis XV, qui plaignait fort peu les gens, mais qui savait merveilleusement avoir l’air de les plaindre. Assassiné! ah! mais voilà qui est sérieux, dites donc, Sartine.

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